« Pour la France » : Karim Leklou, alter égo du réalisateur dont le film rend hommage au frère mort à Saint-Cyr

FRATRIE L'acteur explique comment il s'est glissé dans la peau du réalisateur de « Pour la France », dont le film, en salle ce mercredi, retrace le drame qu'a connu son frère pendant un « bahutage » à l’école militaire Saint-Cyr

Caroline Vié
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« Pour la France » : Karim Leklou, alter égo du réalisateur dont le film rend hommage au frère mort à Saint-Cyr — 20 Minutes
  • En 2012, Jallal Hami s’est noyé pendant un « bahutage » à l’école militaire Saint-Cyr.
  • Rachid Hami évoque la vie trop brève de son frère cadet dans cette fiction gorgée d’amour fraternel.
  • Il offre de beaux rôles à Karim Leklou et Shaïn Boumedine, impeccables dans une œuvre qui ne tourne jamais au règlement de comptes.

Mais quel gâchis ! C’est le sentiment qui ressort de Pour la France de Rachid Hami. Dans cette fiction, le réalisateur revient sur la tragédie qui a coûté la vie à son frère Jallal (rebaptisé Aïssa dans le film), brillante recrue de l’Ecole spéciale miliaire de Saint-Cyr en 2012. C’est à l’occasion d’un « bahutage », bizutage imitant le débarquement de Provence, que le jeune homme de 23 ans est mort noyé. « C’est avant tout un film sur une fratrie, déclare Karim Leklou à 20 Minutes. Rachid a su mettre de côté sa colère pour rendre hommage aux siens. »

L’acteur vu récemment dans Un Monde incarne un grand frère inspiré du réalisateur de La Mélodie tandis que Shaïn Boumedine (Mektoub My Love) se glisse dans le rôle de son cadet. Leur relation avant le drame, notamment lors d’un séjour à Taïwan, fait ressortir le vide énorme que laisse le jeune homme dans la vie de son aîné mais aussi de sa mère jouée par Lubna Azabal.

Tristesse, indignation et amour fraternel

« Le scénario m’a surpris puis bouleversé par ses nuances, insiste Karim Leklou. Il n’avait rien de manichéen dans la façon dont l’Armée est décrite. Il ne s’agissait en aucun cas d’un règlement de compte. » C’est la même impression qu’éprouve le spectateur, pourtant choqué par ce drame stupide et par la perte irrémédiable pour les siens et « pour la France » d’un garçon qui ne demandait qu’à servir son pays. « Je trouve important de nos jours de montrer qu’il existe des jeunes qui, non contents de souhaiter s’intégrer, sont des atouts pour tous,  » souligne Karin Leklou.

Bien que des larmes de tristesse mais aussi d’indignation montent souvent aux yeux, ce n’est pas ce qui demeure de cette œuvre profondément généreuse. « Karim a transcendé sa douleur, insiste Karim Leklou. Il n’a pas cherché à livrer un documentaire militant mais un vrai film de cinéma qui parle d’une fratrie aimante dans une famille qui l’est tout autant. »

On s’étonne de trouver autant d’amour dans un film qui évoque une tragédie aussi terrible. Cela donne un rayonnement inattendu à Pour la France. Il est impossible d’imaginer ce que serait devenu le véritable Jallal Hami s’il n’était pas mort. Son frère en fait un héros discret et très aimé, prêt à occuper une place de choix dans les mémoires du public.