« Reprise en main » : Comment Gilles Perret redonne du baume au cœur aux travailleurs
lutte DES CLASSES Faire du cinéma social et joyeux, c’est possible comme le prouve « Reprise en main » de Gilles Perret en salle ce mercredi
- Des employées d’une usine de Haute-Savoie se font passer pour des financiers afin de racheter leur entreprise.
- « Reprise en main » confronte le monde du travail à celui de la finance avec une bonne humeur communicative.
- Ce film galvanisant tend à prouver que l’union peut effectivement faire la force.
Un film social capable de redonner le moral ? C’est le défi relevé gaillardement par Reprise en main. Gilles Perret a réuni Lætitia Dosch, Pierre Deladonchamps, Grégory Montel et Vincent Deniard pour un grand pied de nez à la morosité avec cette histoire d’ouvriers d’une usine de Haute-Savoie qui se font passer pour des financiers afin de racheter leur entreprise promise à un fonds d’investissement. Derrière ce pitch se cache un dénouement des plus réjouissant.
« On ne voit pas beaucoup le monde du travail au cinéma et les films qui en parlent se terminent souvent très mal, explique le réalisateur à 20 Minutes. Je n’avais pas envie de porter ce message pessimiste car il existe aussi des conflits sociaux qui finissent bien. » Connu pour des documentaires comme J’veux du soleil ou Debout les femmes ! (coréalisés avec François Ruffin), le cinéaste s’essaye pour la première fois à la fiction et c’est une réussite. « La fiction permet davantage de liberté, précise Gilles Perret. C’est volontairement que Marion Richoux et moi avons écrit une histoire en forme de conte. »
Un film résolument optimiste
Pour autant, cette confrontation du monde industriel et de la finance trouve ses bases dans la réalité. Les scénaristes ont consulté des conseillers techniques pour valider leurs péripéties et leurs dialogues. « La réalité est bien pire, soupire le cinéaste, mais nous n’avons pas voulu charger la mule pour ne pas tomber dans la caricature. » Un scénario malin fait passer le public du côté de travailleurs qui estiment « ne pas être plus cons que les financiers » et prouvent la justesse de cette assertion par leur finesse d’analyse alliée à une détermination en béton armé. Le récit clair et instructif, fait monter le suspense autour de personnages d’autant plus attachants qu’ils se battent pour sauver leur gagne-pain.
« A force de dire aux gens que tout est pourri dans le monde de l’entreprise et qu’il faut l’accepter parce qu’on ne peut rien y faire, ils sont désespérés. Je n’avais pas envie de faire passer ce message, martèle Gilles Perret. Je veux plutôt donner du baume au cœur aux gens qui ont envie de relever la tête. » Et de sortir de la salle avec le sourire aux lèvres et l’assurance que l’union peut effectivement faire la force.