Marseille : L’école de cinéma Kourtrajmé prend son envol depuis la Belle de Mai

Diversité Après deux ans de rodage, l’école investit de nouveaux locaux et croule sous les offres de stages

Caroline Delabroy
L'école Kourtrajmé dans ses nouveaux locaux à Marseille
L'école Kourtrajmé dans ses nouveaux locaux à Marseille — C. Delabroy/20 Minutes
  • Fondée deux ans après celle de Montfermeil, l’école gratuite de cinéma Kourtrajmé Marseille forme aux métiers techniques du cinéma et propose un accompagnement sur tout un parcours.
  • Clés de voûte de la formation, les stages en milieu professionnel sont l’occasion de découvrir le milieu, se former mais aussi tisser un réseau, à l’image de Yacine, employée sur Emily in Paris après un stage.

Ils ont enfin posé leur décor. Après un lancement sans local fixe, puis un passage chez Buropolis, cité éphémère d’artistes, l’école de cinéma Kourtrajmé de Marseille vient de s’installer, définitivement cette fois, au pôle média de la Belle de Mai. « Etre ici, dans le lieu où a tourné durant des années Plus Belle la Vie, c’est une fierté », glisse Younes, 24 ans, qui a intégré la seconde promo de l’école via la mission locale. Car l’antenne marseillaise de Kourtrajmé, créée deux ans après celle de Montfermeil, n’est pas seulement une école gratuite qui œuvre à la diversité dans le cinéma. Elle est aussi une association d’insertion par l’économie, en l’occurrence par les métiers techniques de l’audiovisuel.

Parmi la trentaine d’étudiants, une dizaine sont ainsi salariés le temps de leur formation et bénéficient d’un accompagnement spécifique, avec, par exemple, une aide pour passer un permis de conduire. « Nous sommes partis d’un constat paradoxal, explique Marie-Antonelle Joubert, directrice de l’école Kourtrajmé Marseille. D’un côté beaucoup de jeunes non diplômés ou désorientés, qui pourtant auraient toute leur place sur les tournages, mais qui ne connaissent pas le chemin. Et de l’autre, un manque criant de mixité dans le cinéma et pourtant, là aussi, une très forte envie, comme en témoignent tous les intervenants bénévoles à l’école. »

« Le cinéma, c’était complètement inaccessible »

Kourtrajmé Marseille se veut ainsi le chaînon manquant qui débloque les rouages du système. La scolarité est courte (neuf mois à raison de douze heures par semaine) et se fait à mi-temps, pour permettre de travailler à côté. Elle est basée sur des échanges avec les professionnels (masterclass, ateliers), des stages et un accompagnement tout au long du parcours. « L’objectif est qu’ils trouvent un métier dans lequel ils veulent approfondir, détaille Justine Ochs, responsable pédagogique et formation. Nous essayons de dessiner avec eux un projet professionnel à court, moyen et long terme. »

Sur un mur de l’école, près du bar et de la petite bibliothèque de prêt, les portraits de chacun s’affichent en mode polaroïd. Dessous, sur un post-it jaune, les étudiants ont écrit leur ambition et leur rêve. Yacine, 28 ans, a écrit « Travailler dans le costume » et « faire des projets dans le monde entier ». « Pour moi, travailler dans le cinéma, c’était un monde complètement inaccessible, ce n’est même pas un monde dans lequel j’imaginais pouvoir rentrer », confie-t-elle. Kourtrajmé est passé par là, via, là aussi, un parcours d’insertion. L’école lui a décroché un stage d’un mois sur la série Emily in Paris, dans la création de costume. Elle y a fait plus que ses preuves puisque la production lui a demandé de rester, payée en cachets cette fois, avec, à la clé, le statut d’intermittent.

« Nous sommes débordés de propositions de stages », se réjouit la directrice de l’école, qui cite aussi, comme option pour les élèves pour se créer un réseau et engranger du savoir-faire, les films de commande réalisés par les étudiants de Kourtrajmé. Et même, bientôt, un court métrage signé du collectif.

Quand il ne fait pas l’acteur pour la web-série de Damien, un confrère de la première promo, Younes travaille sur son propre projet qu’il aimerait « partager sur YouTube ». « C’est bien qu’il y ait des contre-exemples vertueux comme le réalisateur Ladj Ly, mais ce n’est pas parce qu’il y a un Ladj Ly que c’est la norme, et on espère que cela leur prendra moins de 25 ans pour devenir cinéaste », lance Marie-Antonelle Joubert. Les bases sont en tout cas jetées avec ce nouveau QG marseillais.