« Star Wars » : Comment Paul Hirsch s’est retrouvé à monter les premiers films de la saga

MONTEUR Honoré au Festival de Valenciennes, le monteur Paul Hirsch est revenu sur cinquante ans d’une carrière marquée par les premiers « Star Wars »

Caroline Vié
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Photo de famille prise à New York en 1977: Paul Hirsch est en haut à droite, à côté d'un Brian De Palma jovial et d'un George Lucas plus renfermé.
Photo de famille prise à New York en 1977: Paul Hirsch est en haut à droite, à côté d'un Brian De Palma jovial et d'un George Lucas plus renfermé. — Paul Hirsch/Carlotta
  • Paul Hirsch est un monteur légendaire qui travaille depuis cinquante ans à Hollywood.
  • Il a notamment monté les deux premiers « Star Wars ».
  • Il a publié en juin ses mémoires passionnants, « Il y a bien longtemps dans une salle de montage lointaine très lointaine », aux éditions Carlotta.

Comme monsieur Jourdain du Bourgeois Gentilhomme de Molière faisait de la prose sans le savoir, le grand public connaît Paul Hirsch sans que son nom lui soit familier. Ce monteur, dont les mémoires passionnants Il y a bien longtemps dans une salle de montage lointaine très lointaine ont été publiés en juin par les Editions Carlotta et Almano Films et traduits par Pierre Filmon, a reçu un Oscar en 1978 pour le premier Star Wars, un nouvel espoir de George Lucas. Honoré au Festival de Valenciennes, il est revenu sur ses souvenirs pour 20 Minutes.





« Le montage est l’art d’attirer l’attention du spectateur sur des points précis et de donner un rythme aux images », analyse celui qui a su aussi attirer l’attention des réalisateurs. Parce que Star Wars, Paul Hirsch s’est retrouvé à le monter un peu par hasard. « C’est Brian de Palma qui m’a recommandé à George Lucas, explique-t-il. Marcia Lucas, sa femme, avait commencé le montage de Star Wars mais avait dû l’abandonner pour New York New York parce que le monteur de Martin Scorsese était subitement décédé. » La chance ! Et Star Wars a achevé de lancer la carrière d’un monteur qui avait quand même une petite expérience, ayant fait ses premières armes sur le génial Phantom of the Paradise (également disponible chez Carlotta).

Les mains dans la pellicule

« Un nouvel espoir était une expérience particulière, explique Paul Hirsch, car le montage était déjà commencé. J’ai donc dû affiner ce qui avait été fait avant mon arrivée. L’Empire contre-attaque d’Irvin Kershner sur lequel j’ai travaillé dès le début a été très différent. Il faut se rappeler, qu’à l’époque, le numérique n’existait pas. On travaillait avec de la pellicule réelle et des effets spéciaux mécaniques. Le montage était alors un travail manuel. » Paul Hirsch n’a pas monté le dernier volet de la trilogie, Le Retour du Jedi, car le réalisateur Richard Marquand était arrivé avec sa propre équipe.

« Je continue à suivre la saga Star Wars de loin », précise le monteur qui ne revoit presque jamais les films sur lesquels il a travaillé. « Il faut comprendre que j’ai le nez dessus pendant des semaines et que je les connais de si près que je ne peux plus les regarder une fois qu’ils sont terminés », explique-t-il.

Les questions des fans

Après son expérience sur Star Wars, Paul Hirsch a notamment travaillé sur Footloose (1984) d’Herbert Ross, La Folle journée de Ferris Bueller (1986) et Un Ticket pour deux (1987) de John Hughes, ainsi que sur deux Mission : Impossible pour Brian De Palma et Brad Bird. Il a également été cité à l’oscar pour Ray (2004) de Taylor Hackford.

« Il était bien évidemment impossible d’imaginer le succès que connaîtrait Star Wars, précise-t-il. Aujourd’hui encore, les fans m’interrogent sur des points de détail dont je ne me souviens absolument plus après toutes ces années. Le film nous a tous dépassés. » L’accueil triomphal de Paul Hirsch à Valenciennes a confirmé que la Force est toujours avec ce grand monsieur aujourd’hui âgé de 74 printemps. Pour dédicacer ses livres, il écrit d’ailleurs « QLFSAT » (Que la Force soit avec toi). Un vrai Jedi, même après cinquante ans d’une brillante carrière.