Pierre Coré, réalisateur de «Sahara» : «Le défi était de rendre de sales bestioles sympathiques»

ANIMATION « Sahara » est une comédie d’aventures animées, où les héros sont des serpents et un scorpion…

Caroline Vié
Sahara de Pierre Coré
Sahara de Pierre Coré — Mandarin Cinéma - La Station Animation - Les films du grand désert - Studiocanal - M6 Films

La liste des animaux héros de dessins animés manquait singulièrement de reptiles, du moins jusqu’à présent. Omar Sy, Jean Dujardin, Louane Emera, Vincent Lacoste et Franck Gastambide prêtent leur voix aux serpents et autres scorpions de Sahara, que son réalisateur, Pierre Coré, décrit comme une « comédie d’aventures ».


Les tribulations de deux potes, un cobra et un scorpion, pour sauver une belle danseuse de leur espèce des mains d’un humain cupide, trouvent l’équilibre entre l’humour et le suspense. « Le défi était de rendre de sales bestioles sympathiques », précise Pierre Coré à 20 Minutes.

Des reptiles comme héros

Le réalisateur scénariste s’est passionné pour ce concept consistant à donner la vedette à des animaux victimes d’un délit de sale gueule. « Ce sont les adultes qui ont peur des serpents alors que les enfants les trouvent souvent magnifiques », insiste-t-il. Les dessinateurs ont donc atténué les aspects les moins engageants des reptiles.


« On a remplacé leurs crocs par d’adorables quenottes, on a supprimé leurs langues fourchues et on a changé leurs écailles en peau couverte de tatouages », explique Pierre Coré. Ainsi le héros et ses amis n’ont plus rien d’effrayant. Leur reptation a également été atténuée. « Ils se présentent comme des centaures : un torse avec une tête et une queue. »

Challenge et modèles

Le scorpion constituait aussi un challenge. « Il est drôle car complètement stressé avec son dard au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès », s’amuse le réalisateur. En fait, seuls les humains constituent des présences menaçantes pour les héros. « Ce sont de véritables méchants transformant les reptiles en animaux de foire ou en sacs à main. »

Les voix, choisies pendant l’écriture, renforcent l’empathie pour les héros. « J’ai travaillé en regardant une banque d’images des films OSS 117 pour étudier les attitudes de Jean Dujardin et beaucoup pensé au rire d’Omar », dit Pierre Coré. Cobra craquant et serpent séducteur doivent beaucoup à leurs modèles qui se sont visiblement amusés à les faire parler.

Un message de tolérance

Par-delà, le rire et les péripéties, Pierre Coré fait également passer un message de tolérance bienvenu. « Dans les protagonistes du film, on peut aussi reconnaître une jeunesse ghettoïsée, incomprise et mal aimée dont Sahara révèle les bons côtés. » Le spectateur qui a visité son désert bien habité regardera ensuite les reptiles avec une bienveillance certaine.