Rocco Siffredi: «Mes films n’ont pas vocation à servir d’éducation sexuelle»
INTERVIEW Dans « Rocco », documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, la star du X se met à nu en paroles…
Rocco Siffredi se révèle dans Rocco, documentaire interdit aux moins de 16 ans de Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Confidences et scènes de tournage s’alternent pour révéler qui est la star du X.
Rocco, 52 ans, parle de sa vie, de son métier et de son enfance en toute liberté dans ce film pour lequel il a fait une confiance absolue aux réalisateurs. Il n’a pas tourné de film pornographique depuis un an, mais n’est pas certain de ne pas reprendre du service. Il a accepté de répondre aux questions de 20 Minutes.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres stars du X ?
J’ai à la fois une bite et un visage ! Il est certain que je ne serai pas Rocco si j’avais eu une bite de taille normale, mais je crois aussi que les gens m’apprécient parce qu’ils ont l’impression que je prends mon métier au sérieux et que j’aime ce que je fais…
Et vous aimez vraiment ça ?
Le porno, c’est ma vie. Il n’y a aucun autre endroit où je me sente aussi bien que sur un plateau avec des filles. Même quand je suis en famille, je n’éprouve pas cette impression de sérénité. Quand je tourne, j’oublie tout.
Les films pornos ont-ils évolué depuis vos débuts dans les années 1980 ?
Oui, j’ai eu la chance de débuter à une époque où il y avait encore une certaine forme de romantisme… Maintenant, tout le monde s’en fout. Le corps des femmes n’est plus considéré dans son intégralité mais en morceaux - sexe, seins, fesses - que le public recherche précisément. Les films en disent long sur la société, car nous répondons à une demande.
D’où vous vient cette passion pour le sexe ?
J’ai commencé à être obsédé par la sexualité dès l’âge de 12 ans. J’ai découvert que beaucoup d’actrices du X sont comme moi ! Elles ont découvert mon travail vers 14-15 ans et viennent tourner avec moi dès qu’elles en ont 18 ! Elles demandent des pratiques extrêmes, ce qui me surprend parfois.
C’est dur de vivre avec ce type de pulsion ?
Il faut apprendre à les gérer, ce qui n’a rien d’évident. Si vous ne contrôlez pas le sexe, il vous retourne. C’est ce que j’appelle « le diable » dans le film. Certaines actrices ont tenté de se suicider et j’ai moi-même été très dépressif, mais j’ai été beaucoup aidé par la psychanalyse.
Pourquoi avoir voulu jouer chez Catherine Breillat ?
Catherine est venue me chercher et elle m’a offert une expérience incroyable avec Romance (1999). Je me demandais ce qu’être acteur voulait dire et elle me l’a appris.
J’ai connu avec elle le tournage de scène de sexe le plus difficile de ma vie. Elle m’a mis à l’épreuve, car elle a une personnalité si forte qu’elle annihile la vôtre.
Comment vos fils prennent-ils votre carrière ?
Très bien, car ils ont toujours su ce que je faisais et que c’était le rêve de Papa de devenir une star du X. Mon aîné, qui a 20 ans, venait me voir sur le plateau et ne faisait pas attention aux gens qui baisent ni aux actrices qui lui faisaient des avances. Il est fidèle à sa copine.
Ils n’ont jamais eu envie de faire la même chose que vous ?
Cela ne poserait pas de problème s’ils le souhaitaient mais ils sont très différents de moi. Dans la vie, il faut être soi-même et ne pas imiter les autres. C’est ce que je dis à de nombreux jeunes mecs quand leurs copines me demandent de leur dire d’arrêter de prendre exemple sur moi. Beaucoup essaient de reproduire dans la vie ce que je fais à l’écran.
Beaucoup de jeunes voient vos films ?
Oui et c’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Bonne parce que cela veut dire que la sexualité est moins bridée que pendant ma propre jeunesse. Mauvaise parce que mes films n’ont pas vocation à servir d’éducation sexuelle. Ils sont des divertissements pour adultes.