Andrzej Zulawski, loin d'être un inconnu en France
DECES Mort dans la nuit de mardi à mercredi d'un cancer à l'âge de 75 ans, le cinéaste polonais Andrzej Zulawski, ex-mari de Sophie Marceau, était surtout connu en France...
Décédé cette nuit des suites d’un cancer à l’âge de 75 ans, le cinéaste polonais Andrzej Żuławski est surtout connu en France. Il y avait fait une partie de sa scolarité, étudié à l’école de cinéma Idhec (devenue la Fémis) et tourné quasiment tous ses films. Si son nom ne vous dit peut-être rien, vous seriez surpris de savoir à quel point il a marqué le cinéma et à quel point vous le connaissez mieux que vous ne le pensez. La preuve par trois.
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Une femme
En 1981, Andrzej Żuławski présente son film Possession au Festival de Cannes. Sur une invitation de Claude Pinoteau, le réalisateur de La Boum, il rencontre Sophie Marceau à l’Hôtel Majestic. Elle a 15 ans, lui 41. Trois ans plus tard, ils entament une relation qui durera 17 ans et donnera naissance à un fils, Vincent, et quatre films : L’amour braque, Mes nuits sont plus belles que vous jours, La Note bleue et La Fidélité. Ses meilleurs rôles ? Sans lui, Sophie Marceau serait peut-être resté Vic de La Boum et n’aurait pas eu une carrière aussi riche. Le réalisateur est revenu sur leur divorce de 2001 dans deux livres, O niej et L’infidélité.
Une scène
Dans L’important, c’est aimer, Romy Schneider interprète une actrice obligée de tourner des films érotiques pour vivre et qui est prise entre deux hommes, son mari clown triste (Jacques Dutronc) et un photographe charismatique (Fabio Testi). Le corps et le coeur. Lors d’une scène devenue culte, elle repète « Je t’aime » jusqu’à l’épuisement sous les injonctions d’une voix off et d’un réalisateur omniscient, avant de demander d’arrêter face caméra. A ce moment, on ne sait plus si c’est son personnage ou elle-même qui parle. En effet, Andrzej Żuławski a la réputation d’être intraitable sur ses tournages, de pousser ses acteurs, et surtout actrices, jusqu’au point de rupture pour obtenir la scène, le plan, le regard qu’il veut. Romy Schneider obtiendra le César de la meilleure actrice pour le film en 1976.
Un film
Considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre, Possession est une œuvre fantastique, hallucinée, inclassable, écrite en réaction à l’arrêt du tournage de son film Sur le globe d’argent. Isabelle Adjani y joue une femme possédée par une force invisible, sous le regard désemparé de son mari (Sam Neill). Aujourd’hui encore, la performance d’Adjani, physique, violente et récompensée à Cannes et aux César, divise, hante pour longtemps certains, fait sourire d’autres. L’actrice, elle, regrette, comme elle le confiait à Studio Magazine en 2012 : « Je dois à la mystique de Żuławski de m’avoir révélé des choses que je ne voudrais jamais avoir découvertes… Possession, c’était un film infaisable, et ce que j’ai fait dans ce film était tout aussi infaisable. Pourtant, je l’ai fait et ce qui s’est passé sur ce film m’a coûté tellement cher… Malgré tous les prix, tous les honneurs qui me sont revenus, jamais plus un traumatisme comme celui-là, même pas en cauchemar. »
Trois actrices
Isabelle Adjani, Romy Schneider, Sophie Marceau… Le talent d’Andrzej Żuławski était donc aussi, mais pas seulement, de révéler le talent des actrices, au grand public et parfois à elles-mêmes. Citons ainsi également Valérie Kaprisky dans La Femme publique, Marie-France Pisier dans La Note bleue ou encore Clémentine Pons et Victoria Guerra dans Cosmos, son dernier film sorti en décembre 2015.