Schroeder rend justice à Vergès
Avec L'Avocat de la terreur, Barbet Schroeder signe un documentaire plus passionnant que bien des fictions. Ce film consacré à Jacques Vergès, défenseur controversé de nombreux terroristes, brasse près d'un demi-siècle d'histoire internationale et brosse le portrait d'un homme
complexe. Barbet Schroeder s'était déjà essayé à ce dernier exercice avec succès pour le Général Idi Amin Dada (1974). L'avocat, plus fin que le dictateur ougandais, donne davantage de fil à retordre au réalisateur tout en lui faisant un magnifique numéro de charme. « Est-ce que c'est un personnage historique ou un escroc ? Un grand coupable innocent ou un grand innocent absolument coupable ? », interroge Schroeder qui laisse le spectateur se faire son opinion au fil d'interviews de l'homme de loi et de témoignages de ses proches.
Terrifiant lorsqu'il évoque son amitié pour le leader des Khmers rouges Pol Pot, fascinant quand il refuse d'expliquer huit années de disparition, Jacques Vergès, le cigare à la main, prend plaisir à se laisser cuisiner par Barbet Schroeder. C'est de l'affrontement poli et ferme de ces deux fortes têtes que naissent les meilleurs moments d'une oeuvre singulière proche d'un excellent film d'espionnage. Le générique final, qui recense les clients de Vergès (notamment le terroriste Carlos et Klaus Barbie) donne à réfléchir sur les engagements d'un personnage aussi ambigu qu'envoûtant.