Maïwenn: «Il n'y a rien d'autobiographique dans "Mon roi", comme dans mes autres films»

FESTIVAL DE CANNES Maïwenn présentait ce dimanche son nouveau film, "Mon roi", qui relate une douloureuse -mais très crédible- histoire d'amour entre Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot...

Stéphane Leblanc
Maïwen à Cannes le 17 mai
Maïwen à Cannes le 17 mai — NIVIERE/VILLARD/SIPA

Mon Roi, en compétition à Cannes ce dimanche, traite d’un amour passionnel et destructeur qui s’étale sur dix ans. Une chronique distanciée sur le couple que l’actrice et réalisatrice Maïwenn a réécrit pendant dix ans avant de pouvoir en faire un film…

Ce qu’il faut savoir de « Mon roi »

Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de porter à l’écran ce projet qui vous tenait visiblement à cœur ?

Je réaliserai un film de guerre, un jour, quand j’aurais plus de maturité et d’expérience pour ça. De la même manière, j’avais envie d’écrire une histoire d’amour naissante. Mais je ne me sentais pas assez sûre de moi pour passer le pas. C’est plus facile de raconter des névroses de jeunesse (Pardonnez-moi), des histoires d’enfants (Polisse) ou de comédiens (Le Bal des actrices) que de parler d’amour tout simplement.

On se demande forcément quelle est la part de fiction et de réalité dans ces histoires…

On m’a donné cette étiquette de la réalisatrice qui tourne des films autobiographiques dès mon premier film et je ne m’en sors pas. C’est un malentendu qui vient sans doute que je jouais dans mes films et que j’ai mis une fois des images de moi enfant. Là au moins je ne joue pas... Mais je voudrais que ce soit bien clair : je ne suis pas une cinéaste qui mélange son travail et sa vie! C’est réducteur et vexant. J’ai l’impression qu’on nie mon travail et ma capacité à inventer des histoires.

Aviez-vous l’intuition dès le départ que ça fonctionnerait bien à l’écran entre Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot ?

Non, je n’en étais pas sûre du tout… Mais c’est ce que je dis : il y a beaucoup de travail pour réussir à canaliser les énergies et arriver à cette complicité-là. Cela se fabrique, l’alchimie…

Justement, votre travail consiste en quoi ?

Les situations de départ et les dialogues sont très écrits. Et je tourne constamment avec deux caméras très mobiles autour des comédiens. Je ne veux pas que le texte paraisse plaqué, autrement ça sonne faux. Je laisse donc beaucoup de liberté aux acteurs, quitte à ce qu'ils improvisent lorsque les scènes sont longues.



Prenons la scène de la pharmacie conçue comme une scène de shopping dans un magasin de luxe… Elle était prévue comme ça dès le départ ?

Tout était écrit, même le fait que Vincent Cassel veuille acheter du viagra. Il avait juste la possibilité de dire son texte comme il voulait, sans aucune marque. Le résultat final ne ressemble pas toujours à ce qu'on avait imaginé, parce qu'un comédien comme Vincent Cassel peut apporter beaucoup d'humour à une scène comme celle-là…

La première fois que vous étiez en compétition pour « Polisse », vous aviez reçu un prix. On y pense quand on revient à Cannes la deuxième fois ?

A Cannes, on pense surtout à l'instant présent: la projection du film, monter et descendre les marches… C'est chouette. J'ai de la chance. Je ne peuxc pas vous dire mieux.