La puissance, la virilité et l'aura de Jean Dujardin et Gilles Lellouche au service de «La French»

CINEMA Les deux acteurs se partagent la vedette de cet excellent film noir inspirée de l'histoire du juge Michel...

Caroline Vié
Jean Dujardin dans La French
Jean Dujardin dans La French — Gaumont distribution

Pas besoin de se souvenir du combat acharné du juge Pierre Michel contre l'univers de la drogue pour apprécier La French. Cédric Jimenez, remarqué avec Aux yeux de tous (2012), renoue avec la tradition des films noirs à la façon de Jean-Pierre Melville ou d'Henri Verneuil en confrontant un magistrat incorruptible à un gangster charismatique.

Un héros incroyablement cinématographique

Le frère du juge Michel disait de lui qu'il voulait vider la mer avec une petite cuillère quand  le magistrat s'attaquait au monde sans pitié de la drogue. Jean Dujardin, impeccable, apporte une présence remarquable à cet authentique héros qu'on croirait créé pour le cinéma. «Ma coscénariste Audrey Diwan et moi-même avons écrit le film à Marseille et rencontré beaucoup de gens qui ont connu Pierre Michel, explique Cédric Jimenez. Nous n'avons cependant pas voulu faire un documentaire mais livrer une interprétation de la réalité». Le spectateur est vite embarqué dans les méandres d'une guerre brutale qui fit de nombreuses victimes.



Un duo d'acteurs époustouflant

Un héros au charisme extra-large a besoin d'un rival à sa hauteur. Celui du juge Michel fut le parrain marseillais Gaetan Zampa auquel Gilles Lellouche apporte une dimension  étonnante. «Nous avons choisi Jean et Gilles parce qu'ils ont une puissance, une virilité et une aura qu'on trouvait autrefois chez des acteurs comme Lino Ventura, Alain Delon, Jean Gabin ou Jean-Paul Belmondo», dit Cédric Jimenez. Une scène d'anthologie, totalement jouissive, permet la rencontre totalement fictive entre les deux rivaux et leurs interprètes qui dégustent leurs répliques en connaisseurs complices. «Ne pas les faire jouer ensemble aurait été une faute professionnelle», plaisante le réalisateur.

Du cinéma sous influence

s le titre du film évoque French Connection (1971), le réalisateur embrasse cette référence avec délices. «Je vénère William Friedkin et le cinéma français des années 1960-1970 dont je me sens proche», dit-il. Cette histoire de bonshommes offre aussi deux beaux personnages féminins auxquels Céline Sallette et Mélanie Doutey donnent une vraie substance. Cédric Jimenez a souhaité communiquer une dimension humaine à son polar riche en fusillades et en morts violentes. C'est une réussite.