La volcanique Angélique est une vraie «Party Girl»

CINEMA Angélique Litzenburger, l'héroïne de «Party Girl», incarne son propre rôle dans ce film coréalisé par son fils...

Caroline Vié
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Angélique Litzenburger, l'héroïne de Party Girl
Angélique Litzenburger, l'héroïne de Party Girl — Pyramide Films

Après avoir conquis la Croisette en faisant l’ouverture de la section Un Certain regard et avoir emporté la Caméra d’or dans son sac à main, Party Girl part à l’assaut des salles avec un atout majeur: Angélique Litzenburger. «Le personnage a beau porter mon prénom, ce n’est pas moi! Mais j’admets qu’elle me ressemble un peu», insiste Angélique qui fait ses débuts à l’écran dans ce beau film coréalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, son propre fils.

Entre réalité et fiction

La danseuse de cabaret du film, sexagénaire volcanique qui a résolu de se ranger en épousant un admirateur, a plus d’un point commun avec la véritable Angélique. «Nous avons puisé des éléments dans la vie de ma mère, mais nous nous sommes surtout inspirés de sa nature», explique Samuel Theis qui incarne le fiston de la dame dans le film. 

«Il est certain que la diriger n’était pas facile car elle a une forte personnalité. Il fallait la canaliser sans l’étouffer pour ne pas affadir sa personnalité».



Mère et fils

Entourée d’un bon nombre d’acteurs non-professionnels, Angélique croque l’écran. «Mon métier m’a habituée à jouer un personnage, dit-elle. Il est juste marrant de me dire que ce film va rester alors que mes performances de cabaret s’envolaient dans la nuit».

Theis et ses coréalisatrices n’ont pas cherché à angéliser Angélique. «Sur le plateau, on a vite oublié qu’elle était la mère de Samuel, dit Claire Burger. Sinon, certaines scènes un peu crues auraient été impossibles à tourner».

Angélique superstar

On imagine la gêne qu’ont pu ressentir les réalisateurs en filmant la dame au lit avec son fiancé ou en train de draguer un client. «Ce n’était pas évident de dire à sa mère des choses comme «Sois plus chaude ou touche ce garçon comme si tu voulais vraiment son corps», se souvient Samuel Theis.

Angélique garde pourtant un souvenir agréable du tournage. «Une fois que j’ai eu accepté le principe de tourner le film, j’étais à l’aise. Je ressentais l’impression, très agréable, d’être réellement mise en valeur».

Un goût de liberté

On aime Angélique pour son côté indomptable voire autodestructeur. «Elle fait des dégâts autour d’elle parce qu’elle refuse de se laisser enfermer, explique Marie Amachoukeli. On peut imaginer que son comportement n’a pas évolué avec la maturité: elle est une adolescente de soixante ans».

De ses jeunes années, la dame a gardé la franchise parfois brutale, la force vitale et un amour immodéré de la liberté. «Je suis encore une petite fille qui découvre le monde», avoue Angélique Lintzenburger.

Aimer Angélique

Cette fêtarde impénitente, à la fois féminine et enfantine, adorable et exaspérante, touche profondément par ce qu’elle révèle de blessures profondes et de goût pour la vie. La projection Party Girl est une expérience revigorante tant cette sexagénaire donne un vrai coup de jeune au spectateur.

«Il n’a pas toujours été facile d’être son fils, mais j’espère que nous sommes parvenus à faire partager les sentiments que je lui porte», dit Samuel Theis. Pari gagné: Party Girl est une merveille de déclaration d’amour…



En toute liberté et sous influence

Le trio de cinéastes avait certes écrit un scénario à six mains, mais il a tenu à laisser une grande latitude aux acteurs. «Nous leur donnions une trame puis nous les laissions imaginer leurs dialogues de façon à ce qu’ils restent naturels», dit Claire Burger.

On pense évidemment à John Cassavetes et aux magnifiques rôles féminins qu’il écrivit pour Gena Rowlands notamment dans Une femme sous influence (1974). «Nous adorons son cinéma mais des réalisateurs comme Maurice Pialat ou Pier Paolo Pasolini ont aussi compté pour nous», ajoute Marie Amachoukeli.