Roschdy Zem: «La vitalité de Cécile de France m'a conquis»

Recueilli par Caroline Vié
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La bonne copine pimpante de "LAuberge espagnole" sest métamorphosée en Parisienne du XIXe siècle de condition très modeste, pauvrement vêtue, aux traits creusés: Cécile de France incarne Mathilde Loisel, l'héroïne tragique d'une nouvelle de Maupassant.
La bonne copine pimpante de "LAuberge espagnole" sest métamorphosée en Parisienne du XIXe siècle de condition très modeste, pauvrement vêtue, aux traits creusés: Cécile de France incarne Mathilde Loisel, l'héroïne tragique d'une nouvelle de Maupassant. — Pascal Guyot AFP/Archives

Avec «Mauvaise foi», Roschdy Zem signe son premier long-métrage sur les problèmes d’une Juive et d’un Musulman qui ont un enfant ensemble. 


Comment cette idée vous est-elle venue? 


Ce sujet me tenait à cœur parce que je suis marié avec une femme juive. J’avais envie de montrer qu’un couple mixte est, avant toute chose, composé d’un homme et une femme et que, comme dans tous les couples, ils doivent faire des compromis pour pouvoir vivre ensemble. 


Pourquoi avoir co-écrit le film avec Pascal Elbé? 


Il me fallait un co-scénariste qui ait une culture juive et qui puisse me renseigner sur la façon dont fonctionne sa famille. Pascal m’a apporté sa vision et son sens de l’humour.


Et le choix de Cécile de France?


Sa vitalité m’a conquis. Je souhaitais une fille qui ne soit pas une victime de la situation, qui soit capable de me tenir tête. Cécile dégage une grande force. On sent qu’elle est de taille à me répondre ce qui rend le rapport de force entre les personnages nettement plus intéressant.


Comment expliquez-vous que le couple réagisse de façon si épidermique à l’arrivée d’un enfant? 


C’est humain. Un bébé renforce les différends qu’ils soient d’ordre religieux ou non. Dans notre film, la religion est le piment qu’on a rajouté pour semer la discorde au milieu de deux personnages laïcs. En fait, c’est la peur de l’autre qui les fait revenir en arrière. Chacun a peur de transmettre moins à l’enfant que son conjoint ce qui les pousse à une certaine surenchère.


Qu’est-ce qui a été le plus difficile sur ce film? 


Il nous a fallu déterminer jusqu’où l’on pouvait aller dans l’humour tout en restant dans le domaine du cinéma «grand public». On s’est donc inspiré de choses vraies, de situations vécues. Nos personnages sont des condensés de gens que nous avons réellement rencontrés.


Etes-vous inquiet pour l’avenir de la laïcité?


Je crois que les gens sont beaucoup moins énervés et extrémistes que les médias le montrent. Selon un sondage, 72% de la population serait pour la laïcité. Pour ma part, je ne souhaite pas que ma fille porte le voile. Je crois être représentatif d’une majorité de musulmans, mais la tolérance est moins médiatique que l’intégrisme.

Mauvaise foi de Roshdy Zem (1h28). Une jeune femme juive (Cécile de France) et un bel arabe (Roshdy Zem) s'aiment d'amour tendre jusqu'au jour où l'annonce d'un enfant les confronte aux préjugés de leurs familles respectives. Sur un scénario cosigné par l'acteur-réalisateur et Pascal Elbé, cette fable soulève les difficultés rencontrées par les couples mixtes avec un habile mélange de drôlerie et de sincérité.