« Dix ans sur YouTube, c’est trente ans dans la vie normale »… LeBouseuh, l’homme qui valait (presque) quatre millions

Pouce bleu Parti de rien, Romain Goisbeau alias LeBouseuh a ouvert un local à Rennes où il héberge une grosse partie des Youtubeurs de la « team Croûton »

Camille Allain
Romain Goisbeau, alias LeBouseuh, est un youtubeur très suivi pour ses vidéos de gaming. Originaire de Rennes, il y a établi un local où se croisent de nombreux youtubeurs.
Romain Goisbeau, alias LeBouseuh, est un youtubeur très suivi pour ses vidéos de gaming. Originaire de Rennes, il y a établi un local où se croisent de nombreux youtubeurs. — C. Allain/20 Minutes
  • Présent sur YouTube et sur Twitch depuis presque huit ans, LeBouseuh compte près de 4 millions d’abonnés à sa chaîne.
  • Membre de la « team Croûton », il a ouvert un local près de Rennes où se côtoient de nombreux youtubeurs.
  • Après une année 2022 de feu, LeBouseuh sera présent ce week-end sur le festival Geek Days de Rennes pour présenter sa marque de vêtements.

Il a connu une année 2022 sensationnelle, au cours de laquelle il a participé au GP Explorer organisé par Squeezie, avant d’être aligné dans les rangs de l’équipe de France pour le match de football Eleven All Stars. Il a ensuite déménagé toute son équipe dans un local deux fois plus grand, juste à côté de Rennes, où l’on peut croiser une bonne partie de sa « team Croûton ».

Du haut de ses 28 ans, le youtubeur LeBouseuh vit un rêve éveillé. D’abord connu pour ses vidéos de gaming, le natif de Rennes s’est depuis diversifié pour parler voiture, moto et même, coupe mulet. Des choix payants qui lui permettent aujourd’hui d’afficher presque quatre millions d’abonnés sur YouTube.

A l’affiche du festival Geek Days qui se tient à Rennes ce week-end, Romain Goisbeau a reçu 20 Minutes dans son colossal bureau du « local » pour un échange sans filtre. Ses débuts, sa notoriété, le Stade Rennais et son avenir sur YouTube, LeBouseuh a répondu à toutes nos questions en toute simplicité. Zé parti !

Vous venez d’investir votre nouveau local près de Rennes. C’est quoi ce repère de youtubeurs ?

J’adore cet endroit ! On avait un local depuis 2019, mais c’était devenu trop petit. Ici, on peut avoir chacun notre bureau. Avant, c’était un grand open space, on se voyait tout le temps. Là, on a un côté intime. Quand j’ai commencé à vivre de mes vidéos, je me trouvais trop limité en étant seul chez moi. Je voulais regrouper des youtubeurs, rennais ou d’ailleurs, pour se prendre un local et bosser ensemble. Quand on est seul chez soi tout le temps, au début, on est content, on n’a plus besoin de prendre la voiture pour aller au boulot. Mais au bout de deux ou trois ans, on a envie de retrouver cette dynamique d’aller au travail et voir des gens. Même pour la créativité, il faut avoir un lieu en commun où on va pouvoir créer du contenu, faire des vidéos.

Pourquoi avoir choisi de vous établir à Rennes ?

Parce que je suis né à Rennes ! J’ai toujours voulu mettre en avant cette ville, surtout maintenant que j’ai un peu de notoriété. J’aime bien dire que je suis Rennais dans les événements, surtout que je suis avec beaucoup de Parisiens. J’adore mettre en avant cette ville. Je mets souvent le maillot du Stade Rennais pour mes vidéos, car je suis fan du club depuis tout petit. A l’époque, j’allais avec mon papi, il était abonné, il m’emmenait de temps en temps au stade. J’y vais toujours régulièrement. Pas à tous les matchs, mais au moins une fois par mois.



Les débuts de LeBouseuh, c’était quoi ?

J’étais un grand fan de jeux vidéo. J’y jouais beaucoup et j’en regarderai beaucoup comme spectateur. Et je me suis dit : « pourquoi pas moi ? ». Je me suis lancé quand j’étais en BTS à Mayenne, en pleine campagne. C’était l’été, j’étais caissier, je m’ennuyais. Pendant mon temps libre, j’ai commencé à faire des lives. Avec mon premier salaire, je me suis directement acheté un PC et un écran, un bureau, une chaise. Ça a commencé en 2015 dans mon appartement de Mayenne. Après, j’ai rencontré des gens, on a commencé à se parler. J’ai rencontré Valouzz et Doc sur Clash Royale. Mais le reste de la team Croûton, c’était surtout sur Fortnite. C’est le jeu qui m’a fait décoller de ouf.

Quand on a passé presque huit ans dans le gaming sur YouTube, on ne se lasse pas ?

Dix ans sur Youtube, j’ai l’impression que dans un métier plus lambda, c’est trente ans de vie normale. Il se passe tellement de choses. Avant, je suis passé par l’étape caissier, par la mise en rayon, la vente de fringues. Je me dis que c’est quand même incroyable de vivre de ce qu’on aime. La vie rêvée ? Oui, sur plein d’aspects. Mais c’est aussi une vie avec beaucoup de stress. Il y a beaucoup de paperasse, d’administratif, de pression. Il y a des hauts et des bas. On a des moments avec moins de vues, où on est plus hype que d’autres. On dépend des plateformes qui ne veulent pas toujours nous mettre en avant. Mais c’est un grand kiff. Je suis hyper épanoui, je n’ai pas du tout envie que ça s’arrête. C’est pour ça que je ne me pose pas trop de questions. Je n’anticipe pas l’avenir. Je continue tant que ça marche.

C’est quoi votre vidéo la plus vue ?

C’est un clip (Les Boss). Je suis trop fier de ça. On a fait ça en vingt-quatre heures avec Pidi, c’est ma meilleure pote. On a été dans un studio de son à Rennes, on a tout fait. C’était du plaisir, de la découverte. Je n’ai jamais chanté et je sais que je chante très mal. Il fallait un bon ingé son et un gars qui maîtrise l’autotune.



Quinze millions de vues pour quelqu’un qui ne sait pas chanter, c’est pas mal, non ?

C’est le syndrome de l’imposteur. Il y a des youtubeurs qui font des vidéos beaucoup plus qualitatives en termes d’images, de son et de contenu mais qui font moins de vues que moi. C’est ça ma part de chance, j’en suis conscient. J’ai joué au bon moment. J’ai été avec quelqu’un (le youtubeur TheKairi78) qui avait beaucoup d’abonnés, donc sa communauté est venue vers moi. Sans lui et sans certains jeux, je ne serais pas là.

2022, c’était une année dingue pour vous ?

Clairement, c’était fou. Quand je pense au match de foot France Espagne ou le GP Explorer. Ces deux événements, c’était plus qu’un rêve. On voit le pouvoir de YouTube, de Twitch, des réseaux… Ce qu’on peut faire, c’est monumental. Les gens commencent à nous prendre au sérieux. Ils se disent que c’est pas juste un mec qui fait des vidéos dans sa chambre.

Ce week-end, vous présentez votre dernier bébé : une marque de vêtements.

C’était une idée depuis longtemps. Quand j’étais en BTS, j’ai fait des stages comme vendeur de fringues. Je me disais qu’un jour j’aurais ma marque. Et là, je me suis dit que c’était le moment. Ça s’appelle Lockd. On l’a faite avec ma mère et un pote. On n’est pas comme Zara ou H & M, on fait des trucs quand on veut et quand on peut. C’est ma mère qui gère tous les envois, le SAV, les colis. C’est ma mère, je sais que je peux lui faire confiance.

C’est quand l’âge de départ à la retraite pour un youtubeur ?

J’ai pris un local pendant trois ans, donc je continue à fond ! Il faut que je gagne assez pour payer tout le monde. L’objectif, ce serait d’avoir un local à moi, d’être propriétaire. L’âge de la retraite ? Tant que ça me plaît et que ça marche, je reste. Le soir, je me couche, je suis fatigué et je dors bien. Et le matin quand je me lève, j’ai la banane. Là où c’est dur, c’est la différence entre privé et pro. Je n’ai pas assez de temps. J’aime ce que je fais et je consacre toute ma vie là-dedans. Peut-être qu’un jour ça me jouera des tours. J’ai 28 ans, il faudrait peut-être que je pense à créer une famille.