Les végétaux mettent la chimie au tapis

orianne dupont
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   Les pesticides ont fait leur temps. Et d'ici à 2018, leur consommation doit diminuer de 50% pour répondre aux exigences du Grenelle. C'est la mission du tout nouveau comité régional d'orientation et de suivi du plan Ecophyto. « Il s'agit de réorienter la recherche », explique Hervé Simon, de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt. En Aquitaine, il se traduira par la création de fermes de démonstration sans produits phytosanitaires, un diagnostic de la santé des végétaux et la formation des professionnels. En Gironde, la lutte raisonnée n'a pas attendu Ecophyto et des viticulteurs s'intéressent au sujet depuis plus de 15 ans. 

 30% de produits chimiques en moins
C'est le cas de plus d'un tiers des viticulteurs, dont Philippe Bardet propriétaire de 100 hectares de vignes dans les appellations Castillon Côtes de Bordeaux et Saint Emilion Grand Cru, qui ont opté pour l'enherbement. « Dans les années 70, c'était la toute puissance de la chimie, explique-t-il, mais on s'est vite aperçu que les désherbants rendaient les sols plus fragiles ». Et donc moins pérennes. Il s'agit de laisser pousser de l'herbe autour des vignes, une aberration, il y a quinze ans. « Avant, les meilleurs viticulteurs étaient ceux qui désherbaient le plus, aujourd'hui, c'est le contraire », commente-t-il. Et à voir sa vigne, on constate qu'il applique ses propos à la lettre : herbe, fleurs et mauvaises herbes poussent tranquillement au pied des ceps. « La fertilité du sol a augmenté, je n'utilise plus d'engrais depuis 15 ans ». Cette méthode agit également sur les insectes puisque le pollen attire les prédateurs qui s'attaquent aux parasites, néfastes pour la vigne. Une démarche qui fonctionne, car en peu de temps, la consommation de produits a baissé de 30%. Et en 2008, les producteurs de Saint-Emilion et Pomerol, réunis dans un groupement, l' ont réduit de 70% pour un certain type d'insecticide. Inconvénient de la lutte raisonnée, « cela demande une observation perpétuelle des vignes, alors que j'aurais besoin de développer le côté commercial », regrette le viticulteur. Et la nature a elle aussi ses limites car pour certaines maladies, la chimie reste nécessaire. C'est sur ce terrain que la recherche est attendue, boostée par Ecophyto.