Gironde : Safran condamné à 225.000 euros d’amende pour un accident du travail mortel en 2013

INDUSTRIE Un ouvrier de 25 ans était décédé en décembre 2013 après un accident sur un site qui fabrique du propergol, à Saint-Médard-en-Jalles près de Bordeaux

20 Minutes avec AFP
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Le tribunal de Bordeaux
Le tribunal de Bordeaux — M. Bosredon

Le groupe aéronautique Safran a été reconnu coupable d’homicide et blessure involontaires et condamné à 225.000 euros d’amende, lundi à Bordeaux, après un accident qui a coûté la vie à un salarié en 2013 à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde).

Le 5 décembre 2013 au matin, trois ouvriers avaient été grièvement blessés dans un incendie sur un site classé Seveso II seuil haut de Herakles, devenu Safran Ceramics, qui fabrique du propergol, produit de propulsion pour missiles et fusées, à 15 km à l’ouest de Bordeaux. Ils avaient été transportés au CHU de Bordeaux où l’un d’entre eux, âgé de 25 ans, était décédé à la mi-journée.

« Satisfaction pour la famille »

L’accident s’est produit lors « d’une opération de démoulage des réserves de propergol qui avait été effectuée avec un ancien système, réintroduit après la casse d’une machine plus récente et plus sûre et sans que cela ait été porté à la connaissance de l’inspection du travail et du CHSCT », a indiqué Lucie Teynié, avocate de la famille du salarié décédé.

« On a fait valoir la violation d’un règlement spécifique au risque pyrotechnique et à l’obligation générale de sécurité. C’est sur cette base-là que Safran a été condamné », a expliqué Nadia Bouchama, avocate du syndicat Sud, partie civile. Pour Lucie Teynié, « c’est une satisfaction très importante pour la famille dans un dossier que le parquet n’a jamais soutenu. C’était un peu le pot de fer contre le pot de terre ».

Dossier relancé en 2019

A l’audience le 3 avril, le parquet avait en effet requis la relaxe de la société, en cohérence avec sa position depuis le début de l’affaire et celle du magistrat instructeur, qui avait prononcé un non-lieu. Le dossier avait été relancé par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux d’abord en 2019, avec la mise en examen de Safran, puis en 2022, avec le renvoi du groupe devant le tribunal.

Contacté par l’AFP, Safran n’a pas souhaité commenter cette décision. Le groupe « attend la communication du jugement pour étudier avec (ses) avocats la suite à donner », a fait savoir une porte-parole.