Bordeaux : Des sarcophages du Moyen Âge mis au jour durant le chantier du bus express

ARCHéOLOGIE Le centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole a découvert une nécropole du haut Moyen Âge, dans le cadre du chantier du Bus à haut niveau de service (BHNS), ou bus express, Bordeaux-Saint-Aubin

Mickaël Bosredon
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Des sarcophages du haut Moyen Âge ont été mis au jour à proximité de la basilique Saint-Seurin.
Des sarcophages du haut Moyen Âge ont été mis au jour à proximité de la basilique Saint-Seurin. — CAP Bordeaux Métropole
  • Quelque 35 sarcophages datant des VIe-VIIIe siècles ont été mis au jour à Bordeaux, durant les travaux du Bus à haut niveau de service (BHNS) appelé aussi bus express.
  • Les fouilles devraient se poursuivre au moins jusqu’à la fin du mois de mai.
  • Elles ne devraient toutefois pas pénaliser le calendrier du chantier, l’ouverture de la ligne Bordeaux-Saint-Aubin étant toujours prévue pour le printemps 2024.

Ils en sont déjà à une quarantaine d’inhumations, dont 35 sarcophages en pierre. Les archéologues du centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole ont mis au jour, fin décembre, une nécropole du haut Moyen Âge, datant des VIe et VIIIe siècles, autour de la place des Martyrs-de-la-Résistance, à proximité de la basilique Saint-Seurin à Bordeaux, dans le cadre du chantier du BHNS (Bus à haut niveau de service), appelé aussi bus express.


Le chantier de fouilles devrait durer au moins jusqu'à la fin du mois de mai
Le chantier de fouilles devrait durer au moins jusqu'à la fin du mois de mai - CAP Bordeaux Métropole

« Il y a certainement plusieurs phases d’inhumation, celles sans sarcophage étant probablement plus récentes, précise Camille Vanhove, archéologue spécialiste en anthropologie et cheffe du service d’archéologie préventive. Tous les vestiges - ossements, céramiques, sarcophages… - seront collectés puis analysés en laboratoire, pour déterminer l’âge des ossements, le sexe, les éventuelles pathologies qui ont pu atteindre les os… Nous aurons ainsi également une idée de l’état sanitaire [des défunts], ce qui donnera des indications sur leur accès à la nourriture, donc sur leur rang social. Mais il faut savoir qu’à cette époque, ce mode d’inhumation en sarcophage est assez généralisé dans la région, où la pierre est facilement accessible. »

« On ne pouvait pas tout ouvrir d’un coup »

Les fouilles, qui n’ont réellement débuté qu’au mois de janvier, devraient se poursuivre en plusieurs phases, « au moins jusqu’à la fin du mois de mai », estime l’archéologue. Le but est en effet de travailler « en intelligence » avec le chantier du BHNS sans pénaliser son calendrier, tout en maintenant une voie de circulation. « On ne pouvait pas tout ouvrir d’un coup. »


Les ossements seront collectés puis analysés en laboratoire, pour en déterminer l’âge.
Les ossements seront collectés puis analysés en laboratoire, pour en déterminer l’âge. - CAP Bordeaux Métropole

Ce chantier de fouilles sera-t-il aussi prolifique que celui de Saint-Médard-en-Jalles, où 700 sarcophages de l’époque carolingienne ont été découverts en juillet dernier ? Le « bruit de fond », comme on dit dans le jargon, est plutôt positif, et on sait que le quartier abrite déjà une nécropole qui a servi dès l’Antiquité et jusqu’au XVIIIe siècle. « Beaucoup de sarcophages ont déjà été trouvés autour de la basilique » rappelle Camille Vanhove. Les fouilles sur ce nouveau périmètre devraient permettre de faire avancer les connaissances sur les limites de cette nécropole.

« On en laisse pour les archéologues du futur… »

Si les archéologues sont donc plutôt optimistes sur la suite des fouilles, ils ne cachent pas non plus une légère frustration. Ils travaillent effectivement dans le cadre de l’archéologie préventive, qui est strictement encadrée. « Il a d’abord fallu réaliser un diagnostic archéologique, et attendre une prescription de l’Etat pour démarrer les fouilles, qui ne pourront se faire que dans la limite des travaux d’aménagement de la station de BHNS sur laquelle nous nous trouvons, à savoir 1,10 mètre de profondeur. » 110 cm, c’est déjà bien, mais cela empêchera les archéologues d’explorer « l’ensemble des niveaux archéologiques, alors que l’on a des traces de vestiges antiques en dessous… » « Mais bon, positive Camille Vanhove, on en laisse pour les archéologues du futur… »




Pour cela, il faudra attendre un peu, car il ne devrait plus y avoir de nouvelle fouille dans le cadre du BHNS, ses travaux entrant dans leur phase finale. Le bus express entre Bordeaux et Saint-Aubin-de-Médoc, qui sera le premier de la métropole, doit en effet entrer en circulation d’ici au printemps 2024.