Urbanisme à Bordeaux : Darwin et la ville ont trouvé un terrain d’entente (immobilière)

reconciliation Darwin et la ville de Bordeaux se sont associées pour la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIP)

Elsa Provenzano
Le site de Darwin s'étend sur cinq hectares de la rive droite bordelaise.
Le site de Darwin s'étend sur cinq hectares de la rive droite bordelaise. — Darwin écosystème
  • La ville et Darwin créent une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui va racheter les deux hangars associatifs occupés par Darwin et qui devaient être transformés en logements sociaux.
  • Après six ans de conflit avec l’aménageur métropolitain, cela permet de maintenir les activités associatives, tandis que les logements sociaux ont été répartis sur d’autres sites de la ZAC.
  • Darwin espère que cet accord va ouvrir la voie à d’autres régularisations sur les cinq hectares occupés actuellement.

« Cela fait deux ans qu’on travaille intensément pour régulariser l’occupation de Darwin sur le site de la zone d’aménagement concerté (ZAC) Bastide Niel, avec les services de la ville, la Métropole et Darwin, a expliqué avec fierté ce mardi Pierre Hurmic, le maire (EELV) de Bordeaux. La délibération va mettre un terme à un conflit qui existe depuis six ans ». Votée ce mardi, elle enterre la hache de guerre entre l’aménageur de la ZAC, Bordeaux Métropole Aménagement (BMA) et Darwin écosystème.

Depuis 2009, Darwin s’est installé sur l’ancienne Caserne Niel de la rive droite bordelaise et a peu à peu développé ce que ses créateurs appellent un « écosystème » : commerces alternatifs, fermes urbaines, hébergements solidaires, coworking, événements culturels et en faveur du climat. Philippe Barre, l’un des fondateurs, met en avant « 1.800 emplois directs à Darwin, plus de 200 entreprises, une cinquantaine d’assos qui en font le cœur battant de la ZAC ».

La ville et Darwin réunis dans une société coopérative

Le temps que les chantiers de la ZAC commencent, Darwin avait obtenu des autorisations d’occupation temporaires pour ces hangars, qui abritent aujourd’hui un skate park comptant environ 5.500 adhérents et le bric-à-brac d’Emmaüs Gironde. Darwin demande depuis six ans que ces activités soient intégrées à la ZAC et que l’aménageur renonce à la construction de logements sociaux, à cet endroit. La ville se félicite que ce soit plutôt un projet de réhabilitation que de démolition qui voit le jour à cet endroit stratégique des quais de Garonne.

Darwin et la ville ont créé ensemble une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), pour la gestion de deux hangars dans le but d’acquérir les fonciers auprès de BMA. La transaction d’un montant de 2, 1 million serait pour moitié assumée par la ville de Bordeaux, et pour l’autre par Darwin. Les logements sociaux initialement prévus ont été répartis sur d’autres sites de la ZAC.

« Me revient un jour de janvier 2017 où les associations ont commencé à se mobiliser et qui depuis ont fait corps ensemble, pour faire reconnaître la valeur d’intérêt collectif des activités associatives, a commenté Nathalie Bois, présidente de « La 58e », fédération d’associations darwiniennes. On a fait bouger des lignes qu’on nous disait impossibles à bouger. »

D’autres activités à pérenniser sur le site

Alors que l’écosystème est propriétaire d’environ trois hectares, ses activités s’étendent sur cinq. Convaincu d’avoir fait la démonstration par les faits de l’utilité sociale et écologique de ses activités et du rayonnement engendré pour la ville de Bordeaux, Darwin voudrait que ce soit un premier pas vers davantage de régularisations. Pour l’instant, sur les secteurs occupés mais n’appartenant pas à l’écosystème, il y a une régularisation temporaire le temps des discussions.

La suite pourrait être plus ardue car les collectivités n’y ont plus la main mais Darwin souhaiterait proposer un programme mixte aux promoteurs alors que la réalisation de la ZAC prend davantage de temps que prévu. La régularisation des deux premiers hangars associatifs est en tout cas un signal fort qui montre que Darwin et la ville s’accordent sur une même vision de l’urbanisme.