Crise énergétique : Le plan de Bordeaux face à un surcoût de 20 millions d’euros
politique Des actions vont être mises en place dès cet hiver et d’autres seront déployées progressivement d’ici 2026
- La ville de Bordeaux estime qu’elle pourrait faire face à un surcoût de 20 millions d’euros lié à la crise énergétique.
- Elle a présenté ce mercredi un plan d’économies à court terme concernant le chauffage et l’éclairage public.
- La collectivité vise aussi un bond notable (de 7 à 41 %) en matière d’autonomie énergétique de ses bâtiments municipaux, d’ici 2026.
La crise énergétique a occupé la majeure partie de la conférence de rentrée du maire de Bordeaux Pierre Hurmic (EELV), ce mercredi. Si lors de son arrivée au Palais Rohan à l’été 2020, l’équipe écologiste avait lancé un chantier de rénovation énergétique pour faire face à l’urgence climatique, elle l’accélère face à une envolée des prix du gaz et de l’électricité.
« Pour la première fois, une envolée prodigieuse des marchés de l’énergie questionne sur le principe même de la continuité de nos services aux habitants », a commenté gravement le maire de Bordeaux. La ville demande, comme d’autres collectivités, que l’Etat prenne des mesures pour que les usagers des services publics ne subissent pas les « fluctuations spéculatives du marché ». En attendant, elle a présenté un plan d’actions dès cet hiver et jusqu’à la fin du mandat, en 2026.
Chauffage, éclairage dès janvier
Selon les premières estimations, les frais liés à l’énergie pourraient être alourdis d’environ 20 millions d’euros pour la Ville. « On ne connaît pas encore notre facture énergétique 2023, car on contractualise actuellement les marchés et on a des fluctuations quotidiennes », précise la première adjointe Claudine Bichet. Un premier plan d’économies de court terme, mises en place dès cet hiver, doit permettre d’économiser trois millions d’euros.
Cet hiver, dans les bâtiments publics (écoles, bibliothèques, musées etc.) le chauffage sera par exemple baissé à 19 °C et dès janvier 2023, 55 % des points lumineux de la Ville seront éteints d’1 heure à 5 heures dans un premier temps. On ignore encore quel sera le périmètre exact concerné car une phase de concertation va avoir lieu avec les élus concernés et les services de secours. « Nous éteindrons l’illumination de 90 % des bâtiments publics », souligne Pierre Hurmic.
Sur l’extinction de l’éclairage public, il se fera de façon nuancée en fonction des secteurs (résidentiels, à forte activité nocturne etc.) « Dans les secteurs avec spécificités il faudra des concertations », précise le maire adjoint à la tranquillité publique Amine Smihi.
Si l’Etat demande aux collectivités de réduire leur consommation d’énergies de 10 %, la Ville a souligné qu’elle allait plus loin avec 12,5 % d’économies d’énergie ambitionnées.
De 7 à 41 % d’autonomie énergétique
La Ville entend bien ne pas rogner sur ses objectifs en matière d’urgence climatique. « Nous ne sacrifierons pas nos investissements en faveur de la transition énergétique et écologique car c’est la seule façon de nous préparer au futur », a insisté Claudine Bichet. La collectivité va continuer de se défaire de l’énergie gaz en développant l’autonomie énergétique sur les bâtiments de la ville au profit de la géothermie et du photovoltaïque. Les piscines, très énergivores, sont en haut de la liste. Celle du Grand Parc sera reliée au réseau de chaleur urbain dès 2024 et un parc solaire photovoltaïque de 500 m2 complétera le dispositif. Suivra ensuite la piscine Judaïque.
Les bâtiments anciens et gourmands en énergie, comme le Conservatoire et le musée d’Aquitaine ne sont pas oubliés. « La requalification de leurs installations de production et de distribution d’énergies permettra un gain énergétique attendu de 25 % » a ainsi annoncé le maire de Bordeaux. Ces efforts doivent permettre de passer de 7 % à 41 % d’autonomie énergétique sur les bâtiments publics d’ici 2026. « C’est un pas de géant », assure-t-il.
Il rappelle que tous les Bordelais peuvent désormais bénéficier d’une aide à la rénovation énergétique, votée en mars 2022 par la Métropole, qui va jusqu’à 13.300 euros par logement, sous condition de revenus. Jusqu’à 11.500 logements pourraient être concernés par cette aide, à l’année.
A ceux qui aimeraient que les choses avancent plus vite, Delphine Jamet, adjointe chargée de l’administration générale, répond qu’il y a « un temps administratif lié aux études et aux marchés publics ».