Bordeaux : Comment le site Europazon veut devenir l’Amazon du made in Europe

POT DE TERRE Un groupe d’irréductibles médocains lance au mois de juin le site Europazon, une marketplace qui proposera pour démarrer un million de produits à la vente, et uniquement du fabriqué en France ou en Europe

Mickaël Bosredon
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L'équipe de la nouvelle marketplace Europazon
L'équipe de la nouvelle marketplace Europazon — Europazon
  • Le projet Europazon est né durant le confinement, lorsque des entrepreneurs locaux ont imaginé un site de commerce en ligne de produits français ou européens.
  • Le principal objectif est de vendre des produits qui n’ont pas été fabriqués à l’autre bout du monde pour limiter le transport.
  • L’entreprise lance parallèlement un appel « à tous les fabricants français ou européens qui veulent s’adresser directement aux consommateurs via cette plateforme commune ».

Imaginez une « place de marché » (marketplace) avec des milliers de stands de produits locaux, pour une consommation plus éthique. Une sorte d’Amazon du made in France, ou made in Europe. C’est le projet Europazon, que des entrepreneurs médocains, basés à Soulac-sur-Mer sur la côte girondine, s’apprêtent à lancer d’ici à la fin du mois de juin.

« Ce projet est né durant le confinement, alors que nous constations que les grosses plateformes de vente en ligne chinoise et américaine tiraient leur épingle du jeu, explique Xavier Mahieu, l’entrepreneur qui a lancé l’idée. On s’est dit que c’était quand même dingue que l’on ne soit pas capable de proposer une plateforme française… »

« On n’est pas des dingues »

Mais pas pour faire la même chose que ces mastodontes de la vente en ligne. « Comme sur Amazon, vous trouverez tout type de produits sur Europazon, mais uniquement du fabriqué en France ou en Europe, et nous vendrons aussi du reconditionné pour tout ce qui n’est pas fabriqué en Europe, comme les télés. » Le principal objectif étant de ne pas faire venir de produits fabriqués à l’autre bout du monde, et de privilégier au maximum les circuits courts. « L’idée est de proposer une manière de vendre plus écoresponsable et solidaire, qui défend aussi une autre vision sociétale. »

Xavier Mahieu reconnaît que le projet « peut paraître un peu fou », mais se défend d’être un hurluberlu. « Ce n’est pas parce que l’on propose un autre schéma commercial que celui développé depuis vingt ou trente ans, que l’on est des utopistes. Tout d’abord, notre business model porte dans un premier temps sur 1 % du volume d’Amazon, on n’est pas des dingues, et on n’est pas en train de dire qu’on va leur faire mettre un genou à terre. »

« De plus en plus de monde qui cherche à consommer mieux »

L’entreprise vise dans un premier temps le marché français, avant de s’étendre à l’Europe d’ici à 2023. « Nous espérons ainsi rapidement accroître notre chiffre, pour aller vers 6-7 % du volume d’Amazon, et pourquoi pas plus ? On se rend compte qu’il y a un vrai engouement autour de notre projet, qu’il s’agisse des professionnels ou des clients, parce qu’il y a tout simplement de plus en plus de monde qui cherche à consommer mieux, reste à leur proposer un site qui le permette. »

PDG de Brazéco, une entreprise girondine qui transforme la sciure de bois en bois de chauffage, Xavier Mahieu n’est pas un novice, et connaît bien l’univers de la vente en ligne. Il a réuni une dizaine d’associés pour constituer un capital de 100.000 euros, et surtout noué des partenariats stratégiques. « Très clairement, nous n’aurions jamais pu nous lancer dans le développement d’un outil de marketplace, qui est très complexe, c’est pourquoi nous avons passé un partenariat avec Octopia, filiale de C-Discount. Pour la logistique, nous nous appuyons sur six à sept dépôts pour commencer. » Cela doit permettre à Europazon de disposer de « toute la force commerciale d’une marketplace comme Amazon. » Ou presque. « On ne livrera pas le dimanche, certes, mais on assure la livraison en 48 h, et des prix compétitifs… »

« Nous recevons tous les jours des offres de nouveaux producteurs »

Pour son lancement, Europazon assure qu’elle disposera d’une offre d’un million de produits. « Et nous recevons tous les jours des offres de nouveaux producteurs. » L’entreprise lance parallèlement un appel « à tous les fabricants, les artisans, les agriculteurs ou les porteurs de projet français ou européens qui veulent s’adresser directement aux consommateurs via cette plateforme commune. »

Enfin, le capital va s’ouvrir « jusqu’à 90 % » à des sociétaires, assure Xavier Mahieu, « pour que tous ceux qui souhaitent investir au capital d’Europazon puissent le faire ». « On veut que ce soit un outil solidaire qui n’appartienne ni à une seule personne, ni à un fonds d’investissement. »

Tout en restant basé à Soulac-sur-Mer, tout au bout de la pointe médocaine. « Cela nous tient à cœur, car on veut montrer que l’on peut faire des choses et créer des entreprises dans le Médoc. »