Confinement à Bordeaux : Privés de publics, les acteurs culturels multiplient les propositions pour garder le contact
CULTURE Retransmission de spectacles et concerts en ligne, vidéos d’œuvres exposées au musée, conférences en direct etc. sont proposés par les institutions culturelles bordelaises pour ce deuxième confinement
- Le monde de la culture, confiné avec moins de restrictions que lors du premier confinement, prend des initiatives pour rester présent aux yeux du public.
- L’opéra de Bordeaux, le Rocher de Palmer et le musée d’Aquitaine proposent des rendez-vous en ligne, en attendant une réouverture au public.
- Les théâtres misent sur les ateliers qu’ils proposent aux établissements scolaires, en parallèle de leurs répétitions qui continuent.
Pour ce deuxième confinement, les artistes ont le droit de répéter et ça change tout. Outre les bienfaits sur le moral des troupes, cela permet aux acteurs de la culture à Bordeaux de travailler sereinement au déconfinement mais aussi de soumettre des propositions en ligne.
« Quitte à ne pas avoir de public en salles, autant aller chercher un autre public, commente avec philosophie Olivier Lombardie, administrateur général de l’opéra national de Bordeaux. Avec les Facebook live, on touche plutôt notre public habituel mais avec l’enregistrement de l’album (l’opéra Pelléas et Mélisande) et la diffusion du ballet (Célestial) par France 3, on s’ouvre à des gens qui nous connaissent moins ».
Spectacles et concerts diffusés en ligne
L’opéra a été enregistré en qualité studio par le label Alpha Classics et sera disponible à la vente à l’automne 2021. C’est un événement puisque ce type d’enregistrement, assez coûteux, n’avait pas eu lieu à l’opéra de Bordeaux depuis 1997. Le ballet Célestial a été capté la semaine dernière par les équipes de France 3 Nouvelle-Aquitaine dans les conditions du direct, et il sera diffusé à une date encore inconnue sur la chaîne et NoA. Dès ce jeudi, une retransmission en live d'un concert symphonique est organisé sur la page Facebook de l’Opéra de Bordeaux et un concert du choeur y sera diffusé le 25 novembre. Alors que lors du premier confinement l’opéra avait proposé beaucoup de streamings, il a fait le choix, cette fois-ci, de propositions plus construites.
Les danseurs et musiciens de l’opéra continuent de répéter inlassablement pour maintenir leur niveau tels des sportifs de haut niveau qui ne peuvent se permettre de louper un entraînement. « On est optimistes et on se tient prêts à retrouver notre public à tout moment », assure Olivier Lombardie.
Sans artistes à demeure, le Rocher de Palmer de Cenon est dans une situation plus délicate. Il propose néanmoins lui aussi prochainement la diffusion de deux concerts de sa programmation initiale à la fois sur son site, sa page Facebook et sur la chaîne Noa. Le groupe de soul J-Silk est programmé le 27 novembre à 19 h sur le site du Rocher et à 21 h 10 sur Noa. Et aux mêmes horaires le 28 novembre sera diffusé le concert de musique du monde du Mara Szachniuk trio. « On l’a vu lors du déconfinement, dès qu’on pourra accueillir du public il reviendra pour écouter de la musique en live », assure Anne Chaput, en charge de la communication au Rocher.
Du coté du musée d’Aquitaine, les équipes s’activent à installer l’exposition Hugo Pratt déjà reportée et qui devait être relancée ce 21 novembre. Pour faire patienter son public, l'établissement lui propose de découvrir en photos les coulisses de l’expo. Les plus curieux trouveront des vidéos d’œuvre, des jeux et des conférences en direct à se mettre sous la dent en attendant que le musée puisse rouvrir ses portes.
Les théâtres misent sur leur travail avec les scolaires
« Le spectacle vivant doit se vivre en salle, estime Florence Tournier-Lavaux, secrétaire générale du théâtre national de Bordeaux Aquitaine (TnBA). Il y a une rencontre qui doit se faire entre un plateau d’acteurs et une salle ». Partant aussi du constat que la rencontre avec le théâtre a souvent lieu à l’école, le TnBA a renforcé ses initiatives en direction des scolaires, en lien avec le Glob Théâtre. « On sent une envie des établissements d’être en contact avec les arts vivants », souligne Monique Garcia, codirectrice du Glob, dont les locaux font aussi l’objet de travaux importants de réhabilitation.
Les artistes se déplacent dans les établissements de Gironde, en lien avec des enseignants relais pour proposer des lectures, des mises en voix ou des ateliers d’écriture. « On doit s’adapter au port du masque pour ces ateliers, pointe Monique Garcia. On s’y tourne par exemple plutôt vers les marionnettes ». Les étudiants qui avaient réservé des spectacles auront droit à des analyses critiques d’œuvres, de Shakespeare par exemple, en visioconférences. Autant d’interventions qui ne peuvent remplacer, in fine, la rencontre avec l’œuvre, attendue dès que le contexte sanitaire le permettra.