Confinement à Bordeaux : La fréquentation dans les transports dégringole, TBM abaisse son offre
Covid-19 L’offre de transport sera abaissée de 30 % le week-end et de de 5 à 10 % les soirs de semaine
- La fréquentation dans les bus et trams de l’agglomération bordelaise a diminué en moyenne de 55 % par rapport à la même période en 2019, notamment le week-end où elle a baissé de 80 à 90 %.
- La ligne A du tramway reste très fréquentée, ce qui n’est pas le cas de la ligne B, celle qui dessert les campus.
- L’ensemble du réseau de bus et tramways sera maintenu jusqu’à minuit, mais l’offre sera réduite à partir de 19 h 30 et le week-end.
Le réseau TBM va adapter son offre de transport à partir de ce jeudi. La fréquentation dans les bus et trams de l’agglomération bordelaise a en effet dégringolé lors de la première semaine du confinement, de l'ordre de 55 %, « avec une baisse très significative les samedi et dimanche, et en soirée », indique ce mardi Bordeaux Métropole.
La fréquentation sur le réseau de tramway est variable d’une ligne à l’autre : si la ligne A reste fortement fréquentée, la ligne B, qui dessert notamment plusieurs campus universitaires, « est celle dont on observe la baisse la plus importante. »
Un tram toutes les 15 minutes en moyenne en soirée
La nouvelle offre de TBM « tient compte du maintien de l’activité professionnelle, des déplacements des scolaires et des horaires nécessaires aux déplacements du personnel soignant » précise Bordeaux Métropole. Ainsi, l’ensemble du réseau bus et tramway sera maintenu jusqu’à minuit tous les jours (au lieu d’une heure du matin), et l’offre sera réduite en soirée à partir de 19 h 30, et le week-end.
Contacté par 20 Minutes, le nouveau directeur de Kéolis Bordeaux Métropole, Pierrick Poirier, précise que « le week-end nous serons à 70 % de l’offre normale, et en semaine nous proposerons 90 à 95 % de l’offre, donc on est plutôt dans le domaine de l’ajustement. » « Des ajustements qui portent surtout sur la soirée, poursuit le directeur, ce qui veut dire qu’à partir de 19 h 30, au lieu d’un tram toutes les dix minutes, on sera plutôt à 15 minutes. Nous avons constaté que la baisse de fréquentation, qui est de 50 à 55 % en semaine, se fait encore plus ressentir le week-end, puisqu’elle est de 80 % le samedi et de plus de 90 % le dimanche, ce qui est normal avec la fermeture des commerces, des bars et des restaurants et des musées. »
« Pas une bonne réponse », selon les syndicats
Jean-Christophe Colombo, secrétaire de section CFDT chez TBM, estime que ce plan de transport « n’est pas une bonne réponse. » « Il y a une baisse de fréquentation, mais l’Etat a demandé de maintenir au maximum les transports en commun dans toutes les villes. Je relève aussi qu’il y a des problèmes de distanciation dans les rames aux heures de pointe, on aurait donc pu abaisser l’offre en soirée, mais la renforcer aux heures de pointe, ce n’est pas le cas. »
Mathieu Obry, de la CGT Keolis, estime aussi qu’il aurait fallu « maintenir l’offre nominale pour permettre aux usagers d’étaler leurs déplacements sur la journée, là j’ai peur que les gens se rabattent sur les mêmes trajets. » « Ce n’était pas à l’entreprise de proposer une réduction de l’offre à Bordeaux Métropole, elle s’est un peu avancée sur le sujet », estime pour sa part Jean-Luc Doucereux, secrétaire de FO chez Keolis.
La crainte du retour du chômage partiel au sein de l'entreprise
Les syndicats se disent également très méfiants quant à la gestion du personnel, en lien avec cette réduction de l’offre. « La direction va demander aux conducteurs de solder des jours de repos, avant éventuellement d’avoir recours à nouveau au chômage partiel » s’inquiètent les organisations syndicales.
« Nous proposons de couvrir les journées d’absence concernées, avec en moyenne deux journées de repos par conducteur jusqu’à la fin de l’année, précise Pierrick Poirier. C’est justement une solution qui évitera de recourir au chômage partiel durant cette période. Le recours au chômage partiel dépendra, lui, de l’évolution de l’offre de transport : si elle est maintenue en l’état jusqu’à la fin de l’année, nous n’aurons pas besoin d’y recourir, si la réduction de l’offre devait s’accentuer, nous serions effectivement contraints de le mettre en œuvre. »
« Forte tension et clientèle est agacée »
Reste enfin la question de la sécurité, avec plusieurs retours faisant état d’une hausse des agressions sur le réseau. « Il n’y a pas de hausse des agressions, mais une hausse des incivilités depuis le déconfinement, estime Pierrick Poirier, cela concerne des voyageurs qui ne respectent pas les règles, et beaucoup d’états d’ébriété… Nous les avons fortement ressentis ces derniers mois. »
Jean-Luc Doucereux se montre pour sa part plus alarmiste. « Nous demandons à la direction que le personnel soit en sécurité, parce que les agressions ont fortement augmenté depuis le premier confinement. Il y a une forte tension et la clientèle est agacée, il y a des gens qui supportent mal ce deuxième confinement, et nous constatons une situation inquiétante dans certains secteurs, comme Les Aubiers, la Châtaigneraie ou sur la rive droite. Le personnel se sent en difficulté. »