Bordeaux : « Ce n’est pas le Far West », mais la mairie est « très préoccupée » par la série d’agressions à l’arme blanche
INSECURITE La nouvelle municipalité écologiste s’est exprimée pour la première fois sur la série d’agressions au couteau qui touche la ville depuis plusieurs semaines
- Les agressions à l’arme blanche se multiplient à Bordeaux ces derniers mois.
- Silencieux sur le sujet depuis son élection, le maire écologiste Pierre Hurmic annonce un redéploiement de la police municipale notamment sur le quartier Saint-Michel et demande de l’aide à l’Etat.
- En revanche, il ne compte pas armer ses agents, ni développer la vidéosurveillance dans la ville.
C’est une scène surréaliste et pourtant, elle est presque devenue quotidienne à Bordeaux. Ce mardi après-midi, passants et commerçants du cours de la Marne ont pu apercevoir en pleine rue un adolescent courir la main tranchée par un coup de machette ! Une énième agression à l’arme blanche dans la ville. Depuis plusieurs semaines, elles se multiplient avec notamment la problèmatique des mineurs isolés et de leur utilisation par certains réseaux. Rien que lors des trois derniers jours, il y a eu des victimes de coups de couteau au miroir d’eau, dans le quartier résidentiel de Caudéran et donc dans le quartier de la gare.
Le phénomène est tellement important depuis le déconfinement que certains médias se sont même mis à tenir les comptes. Si « c’est surtout la presse qui en parle, c’est vrai qu’on n’y est pas habitué », avoue un policier bordelais à 20 Minutes. Avant d’ajouter : « On espère que les autorités vont très vite prendre la mesure du phénomène ».
Face à cette situation inquiétante, le silence de la nouvelle équipe municipale emmenée par l’écologiste Pierre Hurmic commençait à devenir assourdissant et critiqué. La réponse du principal intéressé est enfin arrivée ce mercredi : « Nous, on ne communique pas pour communiquer. On a voulu rencontrer tout le monde avant (procureur, directeur départemental de la sécurité, préfet ou encore les acteurs de terrain) et je rappelle que le phénomène existait déjà avant notre arrivée, il date de plusieurs mois ! »
« C’est notre priorité de ce début de mandat »
Si le nouveau maire de Bordeaux tient tout d’abord à rappeler que « ce n’est pas le Far West et que d’autres villes sont aussi touchées par une recrudescence de la délinquance », il avoue être « très préoccupé » par ces événements. Amine Smihi, son adjoint en charge de la tranquillité publique, de la sécurité et de la médiation, va même plus loin :
« Ce sont des faits d’une gravité que l’on n’a jamais vus dans cette ville. Il y a une grande émotion. On reçoit de nombreux courriers et messages à ce sujet. Il faut agir vite. On ne veut pas de polémique politicienne, la seule question est : comment on enraye cela ? C’est notre priorité de ce début de mandat. »
Alors comment ? Pour la mairie, il faut avant tout se concentrer sur un quartier pour le moment, celui de Saint-Michel et ses alentours où se produisent la plupart des attaques. Sur place, les habitants et les commerçants à l’image de Medhi témoignent « d’une situation catastrophique, le trafic de drogues et la violence sont partout et la police nulle part. On veut voir des policiers dans les rues. »
La mairie en appelle à l’Etat
Pour répondre à ces demandes, Pierre Hurmic a décidé de mettre plus de policiers municipaux en mission d’îlotage. Son adjoint espère, lui, « augmenter de façon conséquente les effectifs dans les prochains mois » mais rappelle les difficultés à recruter. La mairie a enfin confirmé la mise en place d’un Groupement local de traitement de la délinquance (GLTD) début septembre afin notamment d’avoir « une vraie présence physique sédentaire. »
Mais Amine Smihi pointe également le rôle de l’Etat dans cette lutte contre la délinquance : « Il doit nous aider, il doit nous donner des moyens à la hauteur du développement de la ville avec un renforcement des effectifs de la police nationale. » La Préfecture a justement annoncé ce mercredi le lancement de la campagne de recrutement de la police du 1er au 28 août en Nouvelle-Aquitaine. Mais cela peut-il suffire ?
Pas question d’armer la police municipale ou d’installer de nouvelles caméras
En tout cas pour le moment, il faudra faire avec. Pierre Hurmic a rappelé qu’il n’était pas pour une extension des compétences de la police municipale. « Je suis hostile à l’armement de la police municipale, explique-t-il. Pour assurer la tranquillité publique, la police municipale n’a pas besoin d’être armée. Certains disent que c’est un obstacle au recrutement de policiers municipaux, je n’en suis pas persuadé. Ils ne sont pas démunis, ils sont équipés de Taser ».
L’élu écologiste ne sera pas non plus « le maire de la multiplication des caméras de vidéosurveillance ». S’il ne compte pas enlever les équipements déjà existants, il va demander à ses équipes « un état précis des résultats obtenus grâce à la vidéosurveillance ».