Coronavirus en Nouvelle-Aquitaine : Des parrains à la rescousse des petits patrons « au bord du gouffre »
SOS PATRONS EN DETRESSE Les 70 bénévoles de l’association bordelaise Entraide & entrepreneurs ont activé la cellule « d’urgence » pour écouter et coacher les petits patrons qui sombrent depuis le confinement
- En Nouvelle-aquitaine, des patrons de TPE (restaurateurs, propriétaires de chambres d’hôte, esthéticiennes, concessionnaires) reçoivent un coup de main de la part d’entrepreneurs aguerris.
- Ces parrains bénévoles d’Entraide & entrepreneurs ont écouté les entrepreneurs en « détresse » et les « coachent » aujourd’hui dans la reprise de leur activité.
- Afin de répondre à la forte demande, l’association bordelaise qui existe depuis 2016 anime une cellule d’écoute d’urgence et traite aujourd’hui plus de 100 dossiers urgents.
Des avocats, des huissiers, des experts-comptables, des psychologues, etc. La brigade des 70 bénévoles de l’association bordelaise Entraide & entrepreneurs ne chôme pas depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Créée en 2016 par l’ex-cheffe d’entreprise Claudine Péry, elle épaule sur le long cours les entrepreneurs et a déclenché « son écoute d’urgence » depuis le confinement.
Sollicitée par la région Nouvelle-Aquitaine, sans ressources face aux petits patrons « en détresse », l’association anime depuis huit semaines une cellule spéciale Covid-19. Au bout du fil, des commerçants, des indépendants (esthéticiennes, garagistes, etc.), des artisans, « des restaurateurs » surtout qui peinent à sortir la tête de l’eau. « La région nous transfère directement les appels des patrons très angoissés qui ont eu, dès le début, besoin de vider leur sac, explique Claudine Péry. Depuis le déconfinement, ils sont plutôt en demande de soutien technique, afin de savoir comment bien redémarrer. »
« Ce ne sont pas les patrons du CAC40 qui nous appellent »
Les bénévoles, repartis en trois collèges (professionnels de l’entreprise, juristes, soutiens moraux) traitent encore une centaine de dossiers « urgents » et qui « passent entre les mailles des mesures d’aides des collectivités ». Parmi eux, celui de cette architecte d’intérieur dont la fille handicapée a été refusée par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). L’indépendante s’est rabattue sur des ménages pour « survivre » durant la crise. Ou celui de ce jeune restaurateur posté en pleine campagne et croulant sous la paperasse. « Ce ne sont pas les patrons du CAC40 qui nous appellent mais ceux qui ont perdu espoir, les petits qui ne savent plus comment s’en sortir. On a senti une véritable angoisse », détaille Claudine Péry, qui cherche à grossir les rangs de son groupe d’intervention rapide. Son « Raid », comme elle le surnomme.
A ces petits patrons dans l’impasse, les bénévoles, entrepreneurs toujours actifs, ont ouvert leur carnet d’adresses et proposé une autre voie pour rebondir ou limiter la casse. « On a guidé les restaurateurs vers la vente à emporter ou expliqué aux entrepreneurs du bâtiment qu’il y a d’autres fournisseurs que Leroy-Merlin, souligne Claudine Péry. Surtout, nous avons coaché nos "filleuls" dans leurs négociations avec leurs banquiers qui n’ont pas toujours fait preuve d’empathie. » Et les bénévoles sont allés à la recherche de la moindre aide financière, ont toqué à la porte de l’Etat, des collectivités ou des fondations.
« Mon Raid a été d’un véritable secours pour certains restaurateurs au bord du gouffre et ils leur ont fait comprendre qu’ils allaient devoir travailler autrement, conclut Claudine Péry. Il va leur falloir exercer avec le souci supplémentaire des mesures sanitaires et pour une petite entreprise, c’est toujours plus compliqué. » En ce début de déconfinement, le président de la CCI de Bordeaux-Gironde Patrick Seguin a précisé à l’AFP que 40 % des entreprises du département, surtout des TPE aux difficultés structurelles de trésorerie, « ne rouvriront pas forcément ».