Municipales 2020 à Bordeaux : Les écolos veulent « la fin » de la cogestion de la métropole
ELECTION Pierre Hurmic, entouré des têtes de liste vertes de la métropole, a présenté le programme des écolos pour Bordeaux et sa périphérie
- Les têtes de liste, candidats et candidates verts aux municipales ont présenté, leur programme pour la métropole.
- Treize engagements détaillés en 24 propositions logiquement écolos et qui concernent aussi bien le logement, que le travail, la santé ou les transports.
- Et pour donner plus de poids et de sens à la métropole, les écologistes souhaitent que les conseillers métropolitains soient élus au suffrage universel direct.
« Tourner la page de la cogestion de la métropole. » Jeudi après-midi, au QG de campagne de la liste Bordeaux Respire, Clément Rossignol a été plutôt direct : « Si la métropole doit s’engager pour le climat, prendre sérieusement le virage de l’écologie, il faut en finir avec la cogestion et le petit club des 28 maires ». Entouré des têtes de liste, candidats et candidates verts aux municipales, le maire de Bègles a déroulé le quatrième pilier des engagements des écologistes pour la métropole : « démocratiser et gouverner ». Si la proposition arrive en conclusion d’un programme fourni de quatre pages, elle est assez notable pour provoquer quelques remous dans la petite assemblée de journalistes venus couvrir l’événement.
Auparavant, pendant plus d’une heure, Pierre Hurmic (Bordeaux), Sylvie Cassou-Schotte (Mérignac), Laure Curvale (Pessac), Isabelle Rami (Talence), Agnès Destriau (Gradignan), Alain Garnier (Artigues), Sylvie Juquin (candidate à Lormont) et Anne Lépine (candidate à Cenon) ont parlé création d’une vice-présidence à l’urgence climatique dotée d’un fonds vert de 200 millions par an, d’une troisième voie de rocade dédiée au covoiturage, de transition énergétique, de moratoire sur la 5G ou de réduction du trafic aérien, etc. Autant de propositions (24 au total) qui nourrissent 13 engagements répartis dans quatre piliers devant soutenir une métropole « qui s’engage pour le climat », qui « protège ses citoyens », « qui préserve le cadre de vie et la santé » et qui représente « mieux la démocratique et ses citoyens ».
La fin des « 28 » qui pensent « mairie avant de penser métropole »
Au passage, Pierre Hurmic aura égratigné ses concurrents « Cetelem, qui s’habillent de vert et tentent de faire de l’écologie ». Les candidats d’une « communauté de la nostalgie », selon la tête de liste de Bordeaux Respire qui espère pouvoir rapidement « changer le modèle de gouvernance de la métropole ». Car pour construire ces quatre piliers il faudra une unité, la fin des « 28 » qui pensent « mairie avant de penser métropole », reprend Clément rossignol. « Le tram de Saint-Médard en est la parfaite illustration, argumente Pierre Hurmic. On est dans le "tram des maires", le tram du "moi aussi je veux", très loin de nos véritables besoins. »
Et de marteler que la fin de la cogestion permettra de tirer un trait sur ce « slogan stupide de "métropole magnétique" qui vante l’idée d’une métropole égoïste lâchant les territoires périphériques ». Pour en finir, par exemple, avec la « politique du petit pas » (coucou Nicolas Hulot) en matière d’écologie, la seule solution serait donc l’élection des conseillers métropolitains au suffrage universel direct. Exit les maires « tout-puissants », les écolos misent sur la « complémentarité et la coopération des territoires » pour être au rendez-vous des grands objectifs climatiques des années à venir (COP 25).
« On ne peut plus gouverner la métropole comme on a dirigé la CUB en 1968 », lâche Pierre Hurmic. « Le schéma directeur de la métropole en matière d’équipements publics ou d’écologie, c’est l’équivalent de 28 campagnes municipales. Chacun prêche pour sa paroisse, renchérit Clément Rossignol. Or, on assiste à une montée en puissance de la métropole. Donnons-lui les moyens d’aller encore plus loin et de ne pas laisser les projets dans les cartons. »
Un droit d’interpellation du citoyen
Ces conseillers élus au suffrage universel direct (au moins 55) feraient, selon Isabelle Rami, « décoller les projets métropolitains », « porteraient une vision globale et plus forte », voire reprendraient la main sur le sportif, le culturel et surtout l’urbanisme et la mobilité. L’exécutif, « plus resserré donc plus efficace », estime Clément Rossignol, penserait « au fait métropolitain comme l’a défendu Vincent Feltesse, bien plus qu’Alain Juppé ». Avec à la clé « un vrai débat démocratique et une seule feuille de route et non plus 28 », insiste le maire de Bègles. Pour alimenter ce débat, les écolos imaginent la libération de l’accès aux informations publiques (open data), la transparence dans les critères d’attribution des subventions aux associations ou encore le lancement d’un droit d’interpellation du citoyen. Un RIC à la métropolitaine qui permettrait à 5 % des électeurs d’inscrire un sujet à l’ordre du jour du conseil.
Reste une question : que faire des soutiens socialistes qui se sont clairement exprimés contre l’abandon de la cogestion ? « Nous verrons bien le rapport de force au soir des élections, répond Pierre Hurmic. Mais nous avons pris cet engagement et nous le remplirons. »