Sanctions américaines sur le vin : « On est des otages d’un conflit commercial », estime un vigneron bordelais

EXPORTATIONS Dans le Bordelais, on espère qu’un accord va être trouvé pour que les Etats-Unis reviennent sur leur annonce concernant la taxation douanière de 25 % sur la valeur du vin exporté…

Elsa Provenzano
Vignes dans le Médoc (Gironde).
Vignes dans le Médoc (Gironde). — M.Bosredon/20Minutes
  • Les Etats-Unis ont annoncé une taxation douanière supplémentaire qui va concerner les exportations de vin français.
  • La filière espère que l’Europe va réussir à négocier pour éviter que cette taxe de 25 % sur la valeur du produit ne pénalise les vignerons français.
  • Dans le Bordelais, un vigneron raconte que certains clients américains commencent déjà à lui faire comprendre qu’il va devoir baisser ses marges.

Dès la mi-octobre, les importations de vins français aux États-Unis devraient être frappées de 25 % de droits de douane supplémentaires. Une sanction dont l’origine est un différend dans le domaine aéronautique qui vise les pays associés à la construction de l’Airbus, concurrent de Boeing. La fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France a demandé officiellement ce jeudi qu’une « solution négociée » soit trouvée dans les meilleurs délais.



« On est des otages d’un conflit commercial, déplore Damien Chombart, vigneron dans les Côtes de Bordeaux. J’espère qu’une négociation va être possible ». Il cultive depuis vingt-trois ans 60 hectares dans l’appellation Côtes de Bordeaux et il exporte 85 % de sa production dont 40 % vers les Etats-Unis. « Il y a environ un an et demi j’ai fait un recentrage sur les Etats-Unis, explique-t-il. C’est un des plus grands marchés aujourd’hui et je pense qu’il offre de belles perspectives ».

« Il ne faut pas lâcher le morceau »

Pour le moment, il n’y a pas de « panique » du côté de ses clients et les commandes continuent à être expédiées. « Mais un de mes potentiels clients américains, un gros client, a commencé à me dire que si la taxation est appliquée il faudrait reparler des prix, s’inquiète Damien Chombart. Il y aura une pression forte sur nos marges ».

Les Etats-Unis font partie des quatre destinations vers lesquelles les exportations de Bordeaux sont les plus importantes avec Hong Kong, la Chine et l’Angleterre. « Il ne faut pas lâcher le morceau, il faut que l’Europe renégocie », martèle le vigneron.

Selon  l’interprofession, les exportations vers les Etats-Unis représentent 14 % en valeur (2e destination après Hong Kong) et 11 % en volume (2e marché après la Chine) sur le total des exportations des vins de Bordeaux. Ces dernières s’établissent à 2,1 milliards d’euros pour 1,8 million d’hectolitres.

Toute la filière va suivre avec beaucoup d’attention la suite des négociations.