Gironde: Face au froid, le Château d’Arsac dégaine des hélicoptères pour sauver sa récolte du gel
METEO HIVERNALE•Une propriété viticole du Médoc, le Château d’Arsac, a eu recours ce dimanche matin à trois hélicoptères pour faire remonter un peu la température dans les rangs de vignes et limiter les pertes de récolteElsa Provenzano
L'essentiel
- Ce dimanche matin et lundi le château d’Arsac déploie trois hélicoptères au-dessus de son vignoble de 110 hectares pour sauver sa récolte du gel.
- Les appareils doivent ramener les masses d’air chaudes vers les ceps de vignes frappés par la vague de froid.
- L’efficacité de l’opération pourra être évaluée dans quelques jours.
Aux grands maux, les grands remèdes. Pour éviter de perdre sa récolte à cause du gel, le Château d’Arsac situé dans le Médoc en Gironde a eu recours ce dimanche matin très tôt à trois hélicoptères pour tenter de faire remonter un peu la température sur son vignoble. « Il fallait qu’on le fasse, soupire Philippe Raoux, propriétaire du Château d’Arsac. A 6h22 ce matin, il faisait -2°C et les trois hélicoptères ont bien fait leur boulot, même si l’on ne pourra mesurer l’efficacité de l'opération que dans trois à quatre jours ».
Les riverains ont été avertis samedi de l’intervention des trois appareils au-dessus du vignoble dès le lever du soleil et l’opération sera renouvelée ce lundi matin. « Pendant 1h15 à 1h30, les appareils ont survolé les vignes pour tenter d’assurer un réchauffement des masses d’air », explique le propriétaire des lieux. Tout se joue à quelques degrés et en ce début du mois de mai où les températures sont inhabituellement basses, il espère que ce sera un coup de pouce salutaire. A partir de 2 °C, ce vigneron commence à s’inquiéter pour ses ceps de vigne et scrute la météo avec angoisse.
aEn 2017, ce domaine avait perdu 90 % de sa récolte à cause de cinq jours de gel, raconte le gérant, et plusieurs milliers d'hectares avaient été ravagés par le gel cette année-là dans le Bordelais. A la tête du vignoble de 110 hectares depuis 1986, Philippe Raoux n’a jamais vu ça et c’est la première fois qu’il a recours aux survols d’hélicoptères. « On n’a pas hésité parce qu’on n’a pas fait de récoltes en 2017, on n’a pas voulu prendre de risque », raconte-t-il. Les brûlots ou chaufferettes (feu de paille ou de bois) dans les rangs de vigne font aussi partie des solutions pour éviter le gel mais sur un vignoble aussi étendu que celui d’Arsac, c'est un dispositif insuffisant.
« On n’a pas d’autres parades, regrette le propriétaire, observant que certains de ses prestigieux voisins du Médoc ont, eux aussi, eu recours aux survols d’hélicoptère. La végétation est très en avance cette année, on a beaucoup de bourgeons, et les températures très basses pour la saison fragilisent les plants ». A raison de 5.000 à 6000 euros par hélicoptère, la méthode est coûteuse et plutôt réservée aux grandes propriétés.
« C’est vraiment flippant, depuis 4 à 5 ans, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête à cause du dérèglement climatique et on n’y peut pas grand-chose », se désole Philippe Raoux. Il espère que d’autres méthodes vont émerger pour ne pas laisser les viticulteurs seuls face à ces aléas dévastateurs.