Bordeaux: L'étonnant bâtiment de la Méca va devenir un «totem culturel» de la ville

ARCHITECTURE La Méca (Maison de l'Economie Créative et culturelle en Nouvelle-Aquitaine) rassemblera à partir du mois de juin prochain les différentes agences culturelles de la région, dans un superbe bâtiment atypique, implanté quai de Paludate à Bordeaux...

Mickaël Bosredon
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La Méca, Maison de l'Economie créative et culturelle de Nouvelle-Aquitaine, à Bordeaux, doit être livrée fin juin 2019.
La Méca, Maison de l'Economie créative et culturelle de Nouvelle-Aquitaine, à Bordeaux, doit être livrée fin juin 2019. — M.Bosredon/20Minutes
  • Ce bâtiment accueillera les trois agences culturelles de la région Nouvelle-Aquitaine, et sera également ouvert au public pour des expositions ou des représentations.
  • Son architecture étonnante se distingue sur le quai de Paludate, un quartier en pleine mutation.
  • Il s’agit de la première réalisation en France de l’architecte danois Bjarke Ingels.

L’inauguration de la Méca (Maison de l'économie créative et culturelle de Nouvelle-Aquitaine), programmée pour la fin du mois de juin, sera l’un des grands événements de l’année 2019 à Bordeaux. L’imposant bâtiment qui accueillera les trois agences culturelles de la région Nouvelle-Aquitaine, est une prouesse technique et architecturale, qui fera de lui un « totem » du quartier Euratlantique, sur le quai de Paludate. En réponse à un autre totem, situé à l’autre bout de la ville : la Cité du Vin aux Bassins à Flot.

Initié en 2007, ce projet aurait dû sortir de terre en 2016. Mais de nombreux aléas ont perturbé ce calendrier, comme la modification du plan de prévention du risque inondation. « Nous sommes très fiers à la région d'avoir initié ce projet qui est, je crois, l’un des plus beaux monuments de Bordeaux, assure à 20 Minutes Alain Rousset, président PS de la région, qui finance quasiment à 100 % ce projet de 60 millions d’euros. C’est un bâtiment qui a une grande noblesse, une grande fonctionnalité, qui ménage à la fois un geste au bord de la Garonne et une sobriété. C’est un bâtiment accessible, qui va devenir un totem culturel à côté de la gare. »

Une œuvre « assez exceptionnelle »

Parfaitement visible lorsqu’on arrive à Bordeaux en train depuis Paris, ou depuis le pont de Pierre, ce bâtiment de 120 m de long et 37 m de haut n’est pas une arche, mais une boucle. Il est signé de l'architecte danois Bjarke Ingels, de l’agence BIG, dont la cote ne cesse de grimper, et qui livrera là son premier bâtiment en France. Pour la Méca, il a travaillé avec l'agence parisienne Freaks. Mais l’architecte de 42 ans est à l’œuvre ailleurs en France, puisqu’il supervise aussi le projet immobilier d'EuropaCity à Gonesse (Val d'Oise). Au niveau international, il a été retenu notamment pour dessiner le futur siège de Google en Californie.

« En choisissant ce projet de Bjarke Ingels, on savait qu’on allait vers une volumétrie relativement atypique, puisque le bâtiment est complètement désaxé avec un système de looping, des piles qui se font à peine face, et des points de hauteur différents » analyse Frédéric Vilcocq, conseiller culture et économie créative auprès du président de la région, et chef du projet Méca.


Cette boucle « emmènera le public à travers le bâtiment de la Méca, et se prolongera sur la promenade le long de la Garonne » explique un des architectes de l’agence BIG. Ivan Mata, de l’agence Freaks estime que c’est une œuvre « assez exceptionnelle » car elle « développe un nouveau langage, qui va de la forme de la volumétrie à la composition des façades, et qui nous fait perdre le rapport d’échelle du bâtiment, que l’on ne comprend que quand on est à l’intérieur. »

« Un hub de l’action culturelle régionale »

Paule Rouquette, architecte bordelaise associée au projet, souligne pour sa part que la « complexité » et les contraintes géométriques de cette réalisation, donnent finalement lieu à « une grande simplicité du bâtiment. » Celui-ci « s’inscrit dans le paysage urbain » du quartier, et « se donne à voir avec toutes ses fenêtres, c’est une façon de dire que l’on peut rentrer, que c’est une maison culturelle, mais pour tout le monde. »

La Méca sera en effet à la fois ouverte au public et à usage professionnel, à destination des trois agences culturelles de la région qui sont le Frac (Fonds régional d’art contemporain), l’Oara (Office artistique de la région Nouvelle-Aquitaine) et Ecla (Ecrit, Cinéma, Livre, Audiovisuel).

« L’idée initiale est de regrouper ces agences culturelles, pour en faire une coopérative de la création culturelle, explique Alain Rousset, puisqu’on aura à la fois la danse, l’art contemporain, la musique, le livre, le cinéma, le théâtre, le cirque. Ce sera un outil de travail extraordinaire pour les futures troupes, puisque nous aurons des résidences d’artistes dans cette maison, même si l’idée n’est pas qu’elles restent ici. Ce lieu sera ouvert, et à la disposition des villes, des lycées… C’est un hub de l’action culturelle régionale, que nous voulons ouvrir sur la ville, la Garonne et la gare. »

La terrasse sera « l’un des plus beaux points hauts de Bordeaux »

Dans l’une des piles du bâtiment, on trouvera la salle de résidence de l’Oara où les artistes pourront passer du temps « pour répéter, performer, préparer, avant de diffuser sur tout le territoire régional. » Cette salle proposera 275 places assises, et jusqu’à 500 places debout. « Une sorte de théâtre professionnel. »

Le Frac, qui pourra stocker ses œuvres dans des conditions optimales dans ce nouvel espace, profitera aussi de plusieurs salles d’exposition pour le grand public. Notamment sur la terrasse de la Méca, qui sera « l’un des plus beaux points hauts de Bordeaux, entièrement libre d’accès et gratuit » insiste Alain Rousset.


Restaurant de 56 couverts

Un espace restauration de 56 couverts sera ouvert de 8h30 à 23h, cinq jours sur sept. Il sera exploité par la société Envol, « qui travaille en circuit court et en bio, et qui fait de l’insertion également. »

L’une des étapes les plus délicates de la réalisation de ce bâtiment, l’accrochage des plaques sur la façade, qui s’effectue avec une technique jamais utilisée en France auparavant, devrait se terminer fin février.