Usine de Ford en Gironde : «Le travail avec un repreneur éventuel me paraît sérieux», estime le délégué interministériel
SOCIAL Un comité de suivi s’est réuni ce mercredi à la préfecture de la Gironde après l’annonce par Ford d’un plan de sauvegarde et de l’emploi sur le site de Blanquefort. L’entreprise Punch serait intéressée par une reprise du site mais Ford ne confirme pas invoquant un accord de confidentialité…

- Un comité de suivi s’est tenu ce mercredi, associant collectivités, Etat, représentants de Ford Europe et représentants syndicaux après l’annonce d’un plan de sauvegarde et de l’emploi par le groupe automobile.
- Le délégué interministériel aux restructurations d’entreprises Jean-Pierre Floris estime que le travail entrepris avec un repreneur potentiel du site est sérieux.
- Philippe Poutou, représentant CGT de l’usine, demande que l’Etat mette une vraie pression sur Ford qui a touché des dizaines de millions d’euros d'aides publiques ces dernières années.
Quelques jours après l’annonce du groupe Ford de son intention d'aller vers une fermeture de l'usine de Blanquefort en Gironde avec un plan de sauvegarde et de l’emploi (PSE), un comité de suivi s’est tenu ce mercredi à la préfecture de la Gironde.
À #bordeaux les salariés de #ford manifestent devant la préfecture alors qu’un comité de suivi se tient ce matin en préfecture avec les dirigeants du groupe américain. #plansocial pic.twitter.com/Cgk8ynBSI6
— 20minutesbordeaux (@20minutesbord) June 13, 2018
Jean Pierre Floris, délégué interministériel aux restructurations d’entreprises, a discuté de l’avenir du site au nom de Bruno Le maire, ministre de l’économie, avec les dirigeants de Ford Europe, les représentants des collectivités et des syndicats. A l’extérieur les salariés de Ford et leurs soutiens (cheminots, postiers, salariés de Sanofi, de Bordeaux nord etc.) ont manifesté pendant plusieurs heures.
Les postiers viennent soutenir les salariés #ford en lutte contre la fermeture de leur #usine près de #bordeaux. #convergencedesluttes pic.twitter.com/gLM1gnTdbA
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« On a unanimement regretté le dépôt d’un PSE alors que nous étions en discussion pour un nouveau projet industriel sur ce site. Ford nous contraint à accélérer le calendrier », a déploré le député LREM Benoît Simian à la sortie de la réunion. « Ford est sur des positions complètement bloquées, on a exprimé l’incohérence de sa manière de faire : on ne peut pas vouloir à la fois discuter avec des repreneurs et trois semaines après déposer un PSE cela n’a strictement aucun sens » s’est énervée Véronique Fereira, maire (PS) de Blanquefort, commune sur laquelle l’usine qui emploie 830 salariés aujourd’hui est implantée.
« Il ne peut pas y avoir une bonne reprise concurremment avec un PSE », a aussi reconnu Didier Lallement, préfet de la Gironde, précisant qu’on ne pouvait reprocher à l’Etat cette décision puisqu’il n’a pas le pouvoir d’empêcher le dépôt d’un PSE. « L’argent alloué au PSE, qui est prématuré, pourrait être orienté vers le repreneur pour une transition solide », commente Gilles Lambersend, élu au CE de Ford à Blanquefort, qui pointe un choix industriel et non économique du groupe américain. « Les salariés ont amélioré la compétitivité de l’usine de 8 % ces dernières années, ils ont honoré leur parole », renchérit aussi Benoît Simian.
Un repreneur sérieux ou pas ?
Les discussions ont beaucoup tourné autour du repreneur Punch, dont le président est interviewé dans Sud-Ouest ce mercredi. Jean-Pierre Floris, sans confirmer le nom du repreneur au nom d’un principe de confidentialité demandé par Ford, estime que « le travail engagé avec un repreneur éventuel paraît sérieux. Il y a urgence à rentrer dans des négociations exclusives avec un ou deux repreneurs ». De son côté le député Benoît Simian est beaucoup plus prudent : « je tiens à dire la nécessité de trouver un repreneur fiable et solide. Je serai très vigilant sur les pistes retenues pour les repreneurs, on a vécu un échec à l’époque avec First HZ et Ford était revenu quelques années plus tard ». Il ajoute que d’autres pistes sont explorées : « des recherches avec Business france sont en cours auprès d’équipementiers asiatiques (chinois, japonais) les démarches sont en cours et nous avons besoin de temps ».
« Il faut au minimum imposer le report du PSE à Ford. Discuter sérieusement d’un repreneur oui mais s’il y a un PSE c’est la fin de tout, il ne faut pas faire semblant », a lancé Philippe Poutou, qualifiant de lamentable le comportement de l’Etat qui a adopté un ton « hyper conciliant » avec Ford lors de ces discussions. « Il y a la question des 900 emplois et des 3.000 autres induits, on ne joue pas là et le gouvernement a tendance à ne pas prendre la chose assez au sérieux ! » a-t-il lâché.
Faire pression sur Ford ?
« C’est facile de donner des dizaines de millions d’euros à Ford pendant des années et ensuite on constate les dégâts et on dit qu’on n’y peut rien, s’agace Philippe Poutou. L’Etat a des moyens de pression et même de menaces. On sait que Ford vend des véhicules à L’Etat, à la police, des dizaines de milliers de véhicules sont vendues. Alors, pourquoi il n’y a jamais ça qui sort dans la discussion ? ». Jean-Pierre Floris estime de son côté que ce ne serait pas « significatif ».
« J’ai perdu la bataille sur le PSE » a déclaré le délégué interministériel, estimant avoir néanmoins réalisé des avancées avec le groupe de travail qu’il anime avec Ford : « nous avons eu un engagement sur les salaires jusqu’à fin 2019 et sur le fait qu’il n’y ait pas de licenciements forcés avant septembre 2019 ». Des avancées bien insuffisantes pour les représentants des salariés qui demandent une réunion urgente avec les pouvoirs publics pour élaborer une stratégie. Les dirigeants de Ford se sont éclipsés après la réunion, évitant soigneusement la presse.