Neurocampus inauguré à Bordeaux: «On rivalise avec les plus grands centres de recherches du monde»
SCIENCES Le neurocampus, officiellement inauguré ce jeudi à Bordeaux près du CHU Pellegrin et de l'université, rassemble 650 chercheurs en neurosciences du monde entier...
Avec le Neurocampus, la région Aquitaine, principal financeur de ce projet de 67 millions d’euros, souhaite que Bordeaux devienne une référence internationale dans le domaine des neurosciences.
Ce nouvel ensemble qui associe sur le campus Carreire de l’université de Bordeaux plusieurs structures existantes dont le neurocentre Magendie, l’institut des maladies neurodégénératives et l’institut interdisciplinaire de neurosciences, a été officiellement inaugurée ce jeudi.
Parmi les domaines de recherche sur lesquels Bordeaux est à la pointe : la maladie de Parkinson, les addictions, les maladies liées au stress, le stress post-traumatique et les déficits cognitifs liés à l’âge. « On rivalise avec les plus grands centres du monde et ça, c’est vraiment nouveau, se réjouit Daniel Choquet, directeur de l’institut interdisciplinaire de neurosciences. On est en compétition avec Harvard, Berlin et Londres alors des fois on perd des fois on gagne, mais parfois on gagne. »
Recruter les meilleurs chercheurs à l’international
« La grande originalité du projet est de proposer des packages attractifs pour recruter les meilleurs chercheurs du monde, estime ce directeur. Et pour faire venir un chercheur il faut lui proposer un salaire, des équipements et des moyens pour recruter ses équipes. En France, on ne sait pas très bien faire mais on a réussi à convaincre les élus locaux qu’il fallait travailler sur ce mode-là pour être compétitifs. »
« Nous sommes en discussion actuellement avec trois équipes et nous avons un appel d’offres en janvier/février, explique Erwan Bézard, directeur de l’institut des maladies neurodégénératives. A chaque appel d’offres, en 2016 et 2017, nous avons eu 150 à 200 dossiers de candidatures dont 100 dossiers d’excellence internationale ».
Un équipement de pointe
L’un des facteurs d’attractivité de ces têtes pensantes c’est un matériel de haute technologie. « On dispose de plusieurs plateaux expérimentaux qui sont absolument uniques au monde, que ce soit dans le domaine de l’instrumentation ou dans celui des études comportementales des animaux ou de la production d’outils moléculaires. On a regroupé des ensembles de compétences, d’équipements et de connaissances », estime Daniel Choquet.
« Ce n’est pas très impressionnant en termes d’infrastructures mais un plateau d’expérimentation animale tel qu’il existe à Bordeaux, c’est unique au monde. On a besoin de tester nos hypothèses physiopathologiques et ensuite nos hypothèses thérapeutiques sur ces modèles animaux qu’on espère être prédictifs de ce qui va se passer ensuite chez l’homme », détaille Erwan Bézard. Un dispositif qui permet aux chercheurs de garder la main de bout en bout : de la découverte jusqu’aux expérimentations appliquées.
« Une thérapie très connue de la maladie de Parkinson, la stimulation intracérébrale, l’innovation principale des 20 dernières années a été développée par le centre de recherche de Grenoble au niveau clinique alors que cette découverte a été faite en 1993 en Bordeaux. Mais à l’époque, Bordeaux n’avait pas la capacité d’aller de l’animal à l’homme », met ainsi en avant, à titre d’exemple, Pier Vincenzo Piazza, directeur du Neurocentre Magendie, centre Inserm.
650 chercheurs rassemblés sur un site
« Sur quelques milliers de m2 on a des spécialistes du comportement, de la création de molécules, de l’instrumentation, de l’imagerie et ces gens se croisent tous les jours donc cela crée les conditions de synergies et de créativité », pointe Daniel Choquet. Mais le neurocampus ne compte pas seulement sur la curiosité et la sociabilité des chercheurs pour qu’ils s’associent, elle a mis au point un système incitatif qui octroie un bonus financier à ceux issus de disciplines différentes qui travaillent ensemble. « Le vivant est tellement complexe et le cerveau encore plus, que si on veut le comprendre, s’attacher à répondre à une question, ce n’est pas une seule équipe qui peut y arriver, il faut associer les compétences », souligne Daniel Choquet.
La concentration sur un même site de ces scientifiques aux compétences complémentaires peut aussi accélérer l’aboutissement des projets de recherche médicale, avec un gain espéré d’environ 10 ans.