Ils lancent leur propre distillerie de whisky à Bordeaux, avec un chai installé dans un bunker
ECONOMIE Deux passionnés de whisky viennent d’ouvrir une distillerie accolée à un bunker construit pendant la seconde Guerre Mondiale et qui accueille leur chai…
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- La première distillerie de whisky Bordelais vient d’ouvrir ses portes.
- Les fûts sont affinés dans un bunker, qui devait servir de réservoir de carburant à la base sous-marine.
- En attendant le vieillissement du whisky 100 % bordelais, des blended vieillis dans des fûts de Sauternes et de Château Louvière sont à découvrir.
S’il existe plusieurs distilleries locales de whisky en France, elles sont principalement situées en Bretagne, en Alsace et dans le sud-est du pays. « Moon Harbour » (port de la lune), qui vient d’ouvrir près de la base sous-marine à Bordeaux est la première société à se lancer au pays du vin.
Yves Medina et Jean-Philippe Ballanger sont tous les deux passionnés de whisky et préparent ce projet depuis cinq ans, avec comme mentor l’écossais John Mc Dougall, présenté comme le « pape du whisky », par Yves Medina. Du broyage de l’orge jusqu’à la production du distillat final qui sera mis en affinage, toutes les étapes sont décortiquées aux visiteurs intéressés par la découverte du processus de fabrication.
Si le projet s’en remet aux lumières de l’écossais John Mc Dougall, il a aussi un fort ancrage local. L’orge utilisé pour la production provient de l’exploitation d’un agriculteur de Saint-Jean d’Illac et les deux alambics en cuivre ont été construits sur mesure à Bordeaux par la famille Stupfler, installée depuis 1925. En l’attente du vieillissement (3 ans) du whisky pur malt 100 % Bordelais, des blended affinés dans des fûts de Sauternes ou de Château Louvière sont proposés à la vente.
Un chai de vieillissement dans un bunker
Le terrain sur lequel est installé le bunker appartient au grand port maritime de Bordeaux et la société « Moon Harbour » s’y est installée au titre d’une autorisation temporaire d’occupation, renouvelable au bout de 24 ans. « C’est le premier projet de l’arrière base », souligne fièrement Yves Medina. Le bâtiment accueillant la distillerie et la boutique est accolé au bunker, construit entre 1941 et 1943 pour stocker le carburant des sous-marins de la base, toute proche. La cuve dans laquelle sont installés les fûts a été construite pour contenir jusqu’à 4 millions de litres de carburant.
Le whisky est moins fragile que le vin dans son affinage et supporte les variations de température. « Le plus important c’est qu’il y ait une certaine humidité pour que les fûts ne sèchent pas et à Bordeaux, ce n’est pas un problème », précise Aude Medina, responsable du marketing et de la communication chez Moon Harbour.
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A Bordeaux, il sera affiné « exclusivement dans des barriques de grands crus Bordelais », précise Aude Medina. Les drèches, résidus du brassage des céréales obtenus avant la fermentation, ont un fort pouvoir nutritif et serviront à nourrir le bétail d’un éleveur de Parempuyre. La Région, la Société Générale et la banque publique d’investissement (BPI) ont subventionné en partie ce projet local.
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D’ici un mois, quand la production sera vraiment lancée à plein régime, 500 litres d’alcool seront produits par jour, et environ dix personnes travailleront sur le site. Les dégustations promettent d’y être moins pompeuses que dans les grands vignobles. « Le whisky, il faut le boire comme on l’aime, avec de l’eau ou des glaçons ou même du coca », lance Yves Medina.