Bordeaux: La pratique du skate en passe de se faire une place au centre-ville?

VIE URBAINE La mairie de Bordeaux a mis en place des horaires dédiés sur les places du centre, auparavant interdites aux skateurs, afin de mieux encadrer la pratique…

Elsa Provenzano
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L'expérimentation d'horaires pour la pratique du surf sur les places bordelaises est prolongée jusqu'en octobre.
L'expérimentation d'horaires pour la pratique du surf sur les places bordelaises est prolongée jusqu'en octobre. — REX/Steve Meddle/REX/SIPA
  • Depuis mi-mars, les règles pour la pratique du skate en ville ont été assouplies
  • Le premier bilan est assez positif, même si deux secteurs sont retirés de l’expérimentation
  • Si le prochain bilan, en octobre, est convaincant pour la mairie les horaires seront pérennisés

« C’est un bilan plutôt positif », estime Laurence Dessertine, maire adjoint du quartier Bordeaux-Centre. Depuis la mi-mars, la mairie a pris le parti d’autoriser, le temps d’un test, la pratique du skate sur des secteurs jusqu’alors interdits, pour mieux l’encadrer et répondre aux nombreuses plaintes des riverains, que les bruits des roulettes dévalant les trottoirs exaspèrent.

Les skateurs avaient tout le loisir de s’adonner à leur passion sur les places des Commandos de France, de Pey-Berland, de Jean-Moulin, de la Comédie, de la rue Saint-Sernin, du cours du Chapeau-Rouge et du parvis des Droits de l’homme, de 11 h à 20 h, les mercredis et samedis.

A l’heure du bilan, la municipalité et la communauté des skateurs, associée à l’initiative, sont plutôt satisfaits. C’est sur la place Pey-Berland que les riverains seraient les plus positifs, selon la mairie, reconnaissant que les horaires sont assez bien respectés et se félicitant d’une diminution de la pratique dans les créneaux non autorisés. « Il y a une prise de conscience du fait que la pratique ne peut pas avoir lieu à n’importe quelle heure, de jour comme de nuit », se félicite Laurence Dessertine.

Situation invivable pour certains riverains

Mais tous les riverains ne partagent pas ce constat. « Je suis au deuxième étage dans un immeuble de la place Pey-Berland, au-dessus d’un vrai skate park, déplore Michel Crochet, 71 ans, très mécontent. Les gens qui circulent en skate et ne font que passer ce n’est pas un problème, mais ceux qui sautent des heures sur un banc, c’est insupportable ! » Pour lui, cette expérimentation n’a pas amélioré sa qualité de vie, bien au contraire : « C’est mieux aux horaires auxquels la pratique est interdite mais pire à ceux où elle est autorisée, lance-t-il, dépité. Moi, je dois quitter mon appartement les mercredis et samedis et je vais même quitter Bordeaux… » Ce retraité, qui précise n’avoir rien contre les skateurs en général, estime ne pas avoir été écouté et part à la recherche d’une ville plus calme. La mairie regrette de son côté que certains riverains appliquent une « tolérance zéro » vis-à-vis des skateurs.

L’expérimentation est prolongée jusqu’au 15 octobre, mais la place de la Comédie et le cours du Chapeau-Rouge sont retirés du dispositif, pour des raisons de sécurité. « Les influenceurs de la communauté skate vont continuer leur travail et nous allons engager du personnel en service civique », explique Laurence Dessertine. « On continue à travailler avec la mairie, commente Grégoire Grange, président de l’association Boardo, il faut arriver à trouver des compromis avec les riverains et les passants. » Si le dispositif permet d’apaiser la situation alors dans quatre mois, les horaires seront pérennisés.

Un « skate plazza » qui serait installé place de la République est à l’étude dans les services de la métropole et pourrait participer à canaliser un peu la pratique. « Il faut aussi prévoir des aménagements efficaces qui freinent ou ralentissent un peu les skateurs, pointe l’élue. Je serai vigilante sur la place Gambetta, par exemple, pour qu’il n’y ait pas de sols trop glissants. »