Haute-Vienne: Des chiens s'entraînent à dépister le cancer du sein

SANTE Le projet est piloté par l’Institut Curie à Paris, spécialisé dans l’étude de la maladie…

Laetitia Dive
Jacky Experton, expert cynophile, dresse Thor et Nykios.
Jacky Experton, expert cynophile, dresse Thor et Nykios. — Pascal Lachenaud

Depuis septembre, Thor et Nykios, deux bergers malinois, sont en phase de dressage pour une mission bien particulière : détecter le cancer du sein. Intitulé , le projet est piloté par l’Institut Curie. « Contrairement à ce que beaucoup pensent, les chiens ne se promènent pas dans les couloirs de l’hôpital pour renifler les seins des patientes », précise Aurélie Thuleau, responsable de ce projet.

Les tumeurs ont des odeurs

Tout est parti d’un constat, établi par Isabelle Fromentin, infirmière de formation et à l’origine de KDOG. Lors de sa thèse en sciences sur les odeurs, elle s’est aperçue que les tumeurs dégageaient des odeurs marquées. C’est ainsi que le projet est né.

« On a lancé KDOG grâce au financement participatif. On a obtenu 80.000 euros pour l’achat des chiens, le dressage et la logistique », explique Aurélie Thuleau. Aussi, depuis septembre, Thor et Nykios, deux bergers malinois, travaillent quotidiennement avec , professionnel cynophile qui leur apprend à reconnaître les odeurs des tumeurs. Un vrai « travail de mémorisation ».

Franchir la barrière cutanée

Les prélèvements auxquels sont confrontés les animaux proviennent de l’, à Paris. « La patiente a juste une lingette à mettre le soir sur son sein malade. Elle doit la garder toute la nuit puis la placer le lendemain dans un flacon stérile ».

Cette lingette est ensuite placée à proximité d’une « lingette sueur ». Le but ? Voir si les composés volatiles passent d’une lingette à l’autre, comme ils pourraient passer la barrière cutanée. « On veut faire du dépistage précoce », explique la chargée de projet. Il faut donc que l’odeur soit perceptible dès le début.

« Le chien s’arrête de façon très nette »

Ces lingettes sont ensuite envoyées à  en Haute-Vienne, là où se trouve le maître cynophile et ses deux chiens. Chaque jour, Thor et Nykios apprennent à identifier de façon plus nette les odeurs qui s’en dégagent. « Pour l’instant les résultats sont positifs. On voit que le chien s’arrête de façon très nette s’il respire l’odeur. Il n’y a pas de doute possible sur le marquage du cancer ou pas », estime Aurélie Thuleau.

L’équipe de KDOG se donne six mois pour définir si cette méthode est vraiment efficace. Si elle est validée, elle pourrait permettre d’amener la détection du cancer du sein dans des pays émergents où les équipements manquent pour les mammographies et échographies.

La biologiste met néanmoins en garde : « C’est une alternative mais en aucun cas ça ne remplace l’imagerie. Les chiens vont faire leur travail de détection mais si le chien marque sur l’une des lingettes, on aura besoin de toute façon de faire une radio. »