UBB: La double-vie de Maynadier, talonneur et ingénieur en aéronautique
RUGBY Le joueur de l'UBB cumule son activité de rugbyman professionnel avec celle d'ingénieur en aéronautique, deux demi-journées par semaine...
Rugbyman professionnel et ingénieur en aéronautique. Ça vous surprend ? C’est le quotidien de Clément Maynadier, 27 ans, talonneur de Bordeaux-Bègles depuis trois ans. Formé à Albi, il mène une carrière originale, partagée entre des bureaux, un atelier de mécanique aéronautique, le centre d’entraînement de l’UBB et les terrains du Top 14.
Embauché par Snecma (Safran) il y a un an et demi, il dispose d’un contrat de travail lui faisant effectuer deux demi-journées par semaine, pendant lesquelles il est chargé de travailler sur des moteurs M88, servant dans l’aviation militaire pour les avions « Rafale ».
« Je ne suis pas là en représentation »
« Je travaille sur des projets à long terme car je ne peux pas m’investir sur des projets à court terme en raison de mon activité de sportif de haut niveau, explique l’intéressé. J’alterne entre le bureau à Bordeaux ou l’atelier à Floirac. Quand j’arrive au boulot, il y a toujours cinq ou dix minutes où on discute de rugby, du match du week-end, savoir combien de temps j’ai joué… Ensuite on bosse. Je ne suis pas là en représentation, j’ai un boulot qui me permet d’acquérir de l’expérience et de revenir à la réalité. »
Cette « double vie », le natif de Toulouse l’a souhaitée pour préparer l’après-rugby mais aussi pour ne pas rester cloisonné dans le sport de haut niveau. « Quand je suis blessé ou que je ne joue pas, c’est un grand bol d’air que de bosser à côté. Ça permet de rencontrer d’autres personnes car on ne va pas se le cacher, on vit en autarcie au rugby. »
Ibanez et Marti approuvent l’idée
A l’UBB, le manageur Raphaël Ibanez et le président, Laurent Marti, ont été séduits par le projet de leur joueur, qui est en concurrence avec Ole Avei et Beñat Auzqui au poste de talonneur.
« Ça me paraît sain, je pense que tout ce qui compte c’est l’équilibre de vie du joueur, observe Ibanez. Clément en a besoin, je l’ai approché pour avoir une certaine idée du temps qu’il allait consacrer à cette activité extra-sportive. Il l’adapte aussi en fonction de son énergie, de ses matchs, de son temps de jeu. Ça fonctionne en bonne intelligence mais je pense que c’est important aussi pour les gars qu’ils aient un regard extérieur et un pied dans la réalité. »
Les autres joueurs curieux de cette double casquette
Le planning du club laissant une journée « off » le mercredi lors des semaines classiques et des après-midi libres à partir de 15 h les autres jours, Maynadier en profite pour caler ses deux demi-journées de travail hebdomadaires pendant ces plages de récupération. Son manageur ne craint pas que son joueur se disperse, « dans la mesure où ça se fait en bonne réflexion et où je reste informé ».
Cette préparation à la reconversion attire en tout cas certains partenaires avec qui il échange pour le futur. « Certains commencent à chercher du boulot, à penser à leur reconversion. Mais cela concerne surtout une tranche d’âge 26-30 ans. Les plus jeunes n’y pensent pas encore. Quand ils étaient au centre de formation, on les a bourrés de rugby, ils sont conditionnés pour ça. » Lui a déjà son avenir tout tracé.