Bettencourt: « J'ai le sentiment d'avoir fait mon travail », estime le journaliste Hervé Gattegno

JUSTICE Lorsqu'il était au Point, il a écrit des articles parmi les premiers à sortir dans l'affaire Bettencourt...

Elsa Provenzano
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Hervé Gattegno, ancien journaliste du Point.
Hervé Gattegno, ancien journaliste du Point. — E.Provenzano / 20 Minutes

Ancien journaliste au Nouvel Observateur et au Monde puis au Point et maintenant à Vanity Fair, Hervé Gattegno comparait devant le tribunal correctionnel de Bordeaux à partir de ce mardi et jusqu’à jeudi avec quatre autres journalistes, de Médiapart et du Point. Il est poursuivi pour atteinte à l'intimité de la vie privée, après avoir écrit cinq à six articles sur l’affaire Bettencourt à partir des enregistrements clandestins.

L’ancien majordome de Liliane Bettencourt, lui aussi poursuivi pour violation de la vie privée de sa patronne, est à l’origine des enregistrements qu’il a réalisé entre mai 2009 et mai 2010, à l’aide de deux dictaphones installés dans le bureau dans lequel l’héritière de l’Oréal recevait ses visiteurs.

« Est-ce qu’il fallait se taire ? »

« J’ai le sentiment d’avoir fait mon travail, c’était dans la droite ligne de ce que j’avais fait jusque-là (il travaillait sur l’affaire Bettencourt avant la diffusion des enregistrements) et je n’ai pas le sentiment d’avoir été manipulé en quoi que ce soit par ma source », explique le journaliste, qui a été informé de l’existence des enregistrements par cette source, qu’il tient bien sûr à garder secrète.

« Est-ce qu’il fallait taire ce qui se passait ? Est-ce qu’il fallait laisser dire que Liliane Bettencourt se portait comme un charme ? » lance-t-il, répétant que le but était de démontrer que la milliardaire était victime. Il a publié certains extraits des enregistrements notamment celui dans lequel Liliane Bettencourt ne se souvient pas avoir fait de François Marie Banier son légataire universel, ne sachant même plus ce qu’est un légataire universel.

Un tri dans les extraits

« Quelle est la ligne blanche dans ce qu’on peut dire, tout en étant respectueux de la vie privée de Liliane Bettencourt ? » interroge le président Denis Roucou. « Quand j’ai considéré avoir une assez bonne connaissance des enregistrements, on s’est dit qu’on n’allait retenir seulement les passages où elle était diminuée et que des personnes de son entourage profitaient de son état, et pas ceux où on comprenait qu’elle perdait la tête », explique le journaliste.

Il a parlé au téléphone au majordome avant la publication des extraits pour connaître ses motivations. « C'était impératif pour nous, afin d'éviter le reproche précisément de nous être faits manipuler par notre source », précise Hervé Gattegno. Il lui a demandé s'il comptait en tirer quelque avantage et l'ancien maître d'hôtel lui a répondu qu'il se sentait un devoir envers sa famille et qu'il ne voulait pas demander d'argent. « Pascal Bonnefoy est un homme désintéressé, j'en ai rencontré peu comme lui dans ma carrière de journaliste », pointe le journaliste.