Lien entre cancers d'enfants et pesticides: Des médecins demandent une étude approfondie
SANTE L'association « Alerte des médecins sur les pesticides » interpelle l'ARS pour qu'une enquête d'ampleur soit menée sur les zones viticoles...
C’est au tour des membres d’« Alerte des médecins sur les pesticides » de faire entendre leur voix après l’étude, rendue publique cet été, sur la suspicion d’un excès de cancers chez les enfants scolarisés à Preignac, commune viticole du Sauternais, en lien avec les pesticides utilisés pour traiter les vignes.
L’association a adressé fin septembre un courrier à l’agence régionale de santé (ARS) pour demander que des études soient menées dans d’autres communes viticoles, rappelant que « la viticulture utilise pratiquement 20 % des quantités de pesticides commercialisés sur 4 % de la surface agricole utile ».
Obtenir des résultats plus solides
L’ARS a été sollicitée en février 2013 par le maire de Preignac, qui soupçonnait une hausse du nombre de cancers chez les élèves scolarisés sur sa commune. L’institut national de veille sanitaire (Invs), qui a été chargé par l’ARS de mener les investigations, explique dans ses conclusions ne pas pouvoir établir de liens de causalité entre cancers et pesticides, précisant que les effectifs étudiés sur cette commune de 2.000 habitants sont trop peu importants.
L’association de médecins ne remet pas du tout en cause le sérieux de l’enquête menée par l’Invs mais demande que des études soient menées dans d’autres zones viticoles du Bordelais et d’ailleurs, justement pour disposer de résultats plus solides sur le plan scientifique. « Il faut élargir la zone et relever les cas de cancers attendus et ceux retrouvés et ce sur une dizaine d’années, comme cela a été fait sur Preignac. Là on pourra faire marcher les statistiques », estime le docteur Pierre-Michel Perinaud, président de l’association.
L’Invs précise dans son rapport que l’exposition aux pesticides est un facteur de risque et elle préconise des mesures de protection pour limiter l’exposition des enfants (mise en place de distance de sécurité, de brise-vent etc.). « Ces mesures relèvent du bon sens, même s’il n’y a pas eu de preuve du lien de causalité. Mais pour autant, on ne peut pas mettre sous le tapis les études statistiques, car il faudra prochainement interroger ces méthodes de protection », commente Pierre-Michel Perinaud.
Une pétition lancée pour traiter les vignes en bio, en dehors du temps scolaire
Marie-Lys Bibeyran, militante anti-pesticides, a lancé une pétition pour que les viticulteurs qui possèdent des vignes près des lieux sensibles, comme les écoles, ne traitent qu’en bio et en dehors des horaires scolaires. Elle rassemble ce jeudi presque 12.500 signatures. Cette militante pointe aussi la nécessité d’une enquête d’envergure pour répertorier les cas de cancers pédiatriques dans les communes viticoles de France afin de les comparer avec ceux de communes non viticoles.