Gironde: Le port d'Arcachon en guerre contre la location de bateaux entre particuliers

ECONOMIE L'entreprise Samboat, une plateforme de location de bateaux entre particuliers, a lancé une pétition pour que le port ne sanctionne pas son activité...

Elsa Provenzano
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Le port de plaisance d'Arcachon. - Photo : Sebastien Ortola
Le port de plaisance d'Arcachon. - Photo : Sebastien Ortola — S. ORTOLA / 20 MINUTES

Le torchon brûle entre le port d'Arcachon et les entreprises qui proposent des locations de bateaux entre particuliers. L'entreprise Samboat, lancée il y a environ un an à l'occasion du premier salon nautique d'Arcachon, est plus spécifiquement visée.

Le port a adressé un courrier aux plaisanciers inscrits sur ces plateformes collaboratives, en leur rappelant le règlement : «la location, la gestion ou la sous-location à titre onéreux de navires amarrés dans le Port sont strictement interdites aux particuliers, groupements de particuliers, clubs ou associations dans les limites administratives du Port. Ces activités sont exclusivement réservées aux sociétés professionnelles dont c’est l’objet social.» Samboat a répliqué en lançant une pétition «pour la liberté des plaisanciers d'Arcachon», qui avait recueilli 349 signatures, mardi en début d'après-midi. L'entreprise ne rencontre pas de difficultés avec les autres ports dans lesquels elle travaille, en France.

Défendre «le lobby» des professionnels

Jusqu'à cet automne, la location de bateaux entre particuliers était tolérée par le port mais, selon Nicolas Cargou, un des deux créateurs de Samboat, ce sont les professionnels de la location «qui en ont eu marre qu'on leur prenne le pain de la bouche» qui seraient montés au créneau auprès du port, prêt à défendre ce «lobby». 

A Bordeaux, le 7 juillet 2014, les deux créateurs du site de location de bateaux entre particuliers appelée Samboat. - Samboat

 

L'été dernier, la météo a été très défavorable au nautisme «et c'est facile de prendre les jeunes structures comme nous comme boucs émissaires» ajoute-t-il. «On n'a pas besoin des professionnels pour faire respecter le règlement», rétorque vivement Alain Gautier, directeur du port d'Arcachon.

«Ce n'est pas du vol!»

«En novembre, on avait une trentaine de plaisanciers inscrits sur notre plateforme mais on a dépublié leurs annonces, on ne veut pas leur faire prendre de risque», indique Nicolas Cargou. Les plaisanciers craignent en effet de perdre leur anneau au port, alors même que la liste d'attente pour y prétendre est très longue... «Je suis propriétaire d'un bateau que je souhaitais louer à des particuliers mais le port a décidé que ça ne se passerait pas comme ça. Je vais me battre pour changer le règlement !», explique un des plaisanciers signataires de la pétition, qui souhaite garder l'anonymat.

Pour lui, il s'agit d'un revenu pour assurer les frais d'entretien, de gardiennage de son bateau tout en permettant à d'autres d'en bénéficier, alors que lui-même ne sort pas beaucoup en mer. «A vrai dire, je ne savais pas que c'était interdit dans le règlement mais je ne comprends pas pourquoi, puisque cela est permis dans tous les autres ports de France. Ce n'est pas du vol! Les loueurs n'ont qu'à trouver une parade commerciale», commente-t-il.

«Une méconnaissance du droit»

«On a senti un petit peu l'arrivée de Samboat mais c'est un truc nouveau, que les gens essayent. C'est un peu moins cher mais il ne faut pas s'attendre à avoir les mêmes services», réagit Didier Saint Ramon, gérant de Catabas, une entreprise de location de bateaux, implantée à Arcachon. Pour lui, le port a un règlement et ceux qui prennent une place sont censés le respecter.

Alain Gautier, directeur du port d'Arcachon, n'y va pas par quatre chemins : «le port n'autorise pas la location de particuliers à particuliers. C'est une nouvelle économie mais qui arrive sur le marché en toute méconnaissance du droit.On ne sait pas si c'est pour sortir en mer ou pour dormir et cela peut s'apparenter à du détournement de places. Ces entreprises n'apportent pas de garanties et les assureurs sont de notre côté».

Reste que la location de bateaux au départ de pontons, de plages situés en dehors du périmètre du port, ou à partir de la mise à l'eau si le bateau est remorqué, est envisageable.

A l'heure actuelle, le dialogue entre le port et Samboat semble en tout cas rompu.