Des drones vont voler dans l’espace aérien de Bordeaux et Toulouse
AERONAUTIQUE L’objectif est de faire évoluer la réglementation sur la hauteur de vol des drones, actuellement limitée à 150 mètres…
Le ministre des Transports Alain Vidalies a annoncé mardi, lors du salon des drones (UAV Show) qui se tient jusqu’à jeudi sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac, des expérimentations pour faire évoluer la réglementation sur les vols de drones.
«Dans le cadre de projets européens la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) organisera courant octobre en région toulousaine une campagne de vol d’un aéronef dronisé (piloté à distance) avec pilote de sécurité à bord. L’objectif est la mise au point d’un système de détection et évitement.»
Un deuxième test sera mené en novembre. «Il s’agira d’une campagne de vol d’un avion léger dronisé, avec également un pilote de sécurité à bord, dans l’espace aérien de Bordeaux. L’accent sera mis sur l’intégration de cet appareil très lent dans le trafic au départ et à l’arrivée de Mérignac. Le projet visera également à définir des procédures d’urgence en cas de perte de liaison entre le sol et le drone» a précisé le ministre.
Opérateurs et clients réclament une évolution de la réglementation
La France est le premier pays au monde à s’être doté d’une réglementation concernant les vols de drones civils. Elle limite à ce jour à 150 mètres l’altitude maximum pour les drones. «Au-delà il y a toutes les circulations aériennes générales, explique Patrick Porcheron, chef de la subdivision Travail aérien à la DGAC du Sud-Ouest. Mais, même en dessous de 150 mètres, des collisions avec des appareils habités sont possibles, puisque vous pouvez y trouver des hélicoptères réalisant des prises de vue, ou des aéronefs tirant des banderoles. La réglementation concerne également la conception et l’exploitation des drones. Elle oblige ces appareils à embarquer des limitateurs d’altitude, et pour les drones volant au-dessus des agglomérations un système de sécurité, qui est le plus souvent un parachute, et qui permet en cas de panne de limiter la vitesse de la chute.»
La réglementation est un enjeu de premier ordre pour le développement du drone civil. «Les opérateurs demandent des changements, explique François Baffou, directeur général de Bordeaux Technowest, technopole qui accompagne l’un des pionniers dans le drone civil français, la société Fly’N’Sense, et organisateur de l’UAV Show. La hauteur de vol des drones s’adaptera en fonction de l’évolution des technologies.» En revanche, la question de masses et de temps de vol est plus urgente. «Ce que l’on souhaite c’est une autorisation d’avoir des drones plus lourds, c’est-à-dire qui emportent une charge plus importante, pour aller plus loin.»
«Les clients, comme la SNCF, ERDF, Veolia, et les opérateurs, demandent donc cette évolution de la réglementation pour tester de nouveaux types d’appareils, poursuit François Baffou. Mais cette évolution doit se faire dans un cadre réglementaire, avec toujours la sécurité en ligne de mire.» «Nous allons faire évoluer les règles pour accompagner les initiatives et les ambitions des usages des drones, a assuré le ministre des Transports. L’avenir se prépare déjà avec des réflexions sur l’intégration de drones dans la circulation aérienne générale sans limitation de masse ou de vitesse, et les exigences de sécurité pourraient être comparables à celles appliquées aux avions et hélicoptères.»
Un terrain d’essai à Montalivet pour faire voler les drones sur de longues distances
A l’occasion de l’inauguration du salon des drones, la région Aquitaine et Bordeaux Technowest ont officialisé la création du Cesa (centre indépendant d’essais en vol de drones civils), le premier centre d’essais de drones civils. «L’outil existe depuis deux ans au sein de Bordeaux Technowest, mais il va maintenant voler de ses propres ailes» précise François Baffou. Il sera composé de trois terrains d’essais, au camp de Souge à Martignas-sur-Jalle, à Dax, et un troisième à Montalivet. Ce dernier doit justement permettre des essais au-dessus de la mer sur de très longues distances, c’est-à-dire plus de 60 kilomètres. «C’est absolument nécessaire de pouvoir maîtriser les drones sur de telles distances, poursuit François Baffou, car l’enjeu de demain pour les drones, c’est le secteur industriel, c’est-à-dire la SNCF, ERDF… qui ont besoin d’appareils avec des capteurs intégrés pouvant voler plusieurs heures.»
Le secteur des drones civils, jusqu’ici cantonné essentiellement à la prise de vue aérienne, connaît une croissance considérable. «En mai 2012, une seule une société, Fly’N’Sense, avait un MAP (Manuel d’activités particulières), rappelle François Baffou. En juin 2014 il y en avait 700 pour un total de 1.500 drones! On ne continuera pas sur ce rythme, mais on dépassera les 2.000 opérateurs en 2016, soit 6.000 drones environ.»
«Le chiffre d’affaires de ce secteur est de 100 millions d’euros en 2013, a annoncé de son côté le ministre des Transports. Il devrait tripler en 2015 et 10.000 emplois pourraient être créés d’ici 2025.»