Les véhicules au gaz prennent une longueur d'avance sur l'hybride

TRANSPORTS Alors que les bus hybrides semblaient l'alternative idéale au Diesel il y a quelques années, le gaz revient en force au salon des transports publics, qui s'est ouvert ce mercredi à Bordeaux...

Mickaël Bosredon
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Le bus au Gaz naturel pour véhicules de chez MAN, présenté au salon du transport à Bordeaux, le 27 novembre 2013
Le bus au Gaz naturel pour véhicules de chez MAN, présenté au salon du transport à Bordeaux, le 27 novembre 2013 — S.ORTOLA/20MINUTES

Aux vingt-quatrièmes rencontres nationales du transport public, qui s’ouvrent ce mercredi à Bordeaux, les bus au Gaz naturel pour véhicules (GNV) font un retour en force. Alors que les modèles hybrides étaient les stars du salon il y a trois ou quatre ans, il semble que les constructeurs optent pour une nouvelle stratégie. «Il y a deux-trois ans, l’hybride semblait l’alternative idéale, mais on sent bien que les villes commencent à le remettre en question» confirme Olivier Toublanc, chef des ventes autobus chez Scania. «Le véhicule hybride est plus cher que le gaz, analyse de son côté Alain Court, directeur de la division Bus et Cars chez le constructeur MAN. Et face au Diesel, le gaz a un bel avenir, car on estime qu’il y a environ 200 ans de ressource devant nous, contre une cinquantaine d’années pour le pétrole. A courte échéance, nous faisons le pari du gaz.»

En France, le marché du gaz dans le transport urbain représente environ 25.000 véhicules, soit environ 10% du parc. Il est particulièrement important sur la communauté urbaine de Bordeaux, où trois quarts des bus roulent au gaz. Paris, Strasbourg ou Nantes, disposent également d’une flotte conséquente. «Je pense que la part de véhicules au gaz peut monter à 20% dans les prochaines années» poursuit Alain Court.

Et pourquoi pas des moteurs au marc de raisin?

Pour les constructeurs, hors de question cependant de tout miser sur le gaz. «Nous proposons aussi des véhicules hybrides, qui représentent une autre solution, mais sans doute à plus long terme, explique Alain Court. L’avenir des transports passera par ces deux technologies. Ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons plus consommer du gas-oil comme avant.»

Chez Scania, on pense que «les solutions alternatives au Diesel seront différentes selon les régions. Dans les pays producteurs de gaz, les Etats-Unis, la Scandinavie, le gaz se présentera comme une évidence. En France, on va peut-être explorer davantage les carburants issus de déchets. Nous avons-nous-même expérimenté un carburant issu de la transformation de marc de raisin. Un bus a ainsi tourné sur les villes de Saint-Quentin, Reims et Angers. Huit cent de nos bus sont déjà équipés de cette technologie en Europe, dont 400 à Stockholm, mais aucun en France, où se pose le problème de la législation liée à l’éthanol» explique Olivier Toublanc.

Un prototype 100% électrique avec la RATP

Quant au « tout électrique», «son problème, c’est l’autonomie, pense le chef des ventes chez Scania. «Du coup, soit il faut installer des infrastructures qui permettront d’alimenter les véhicules, soit il faut des batteries embarquées qui recouvrent entièrement le bus, au détriment de l’espace à l’intérieur.» Le «full électrique» coûte «pour l’instant trop cher, confirme Alain Court, et il se pose de plus le problème du recyclage des batteries.»

Quelques véhicules 100% électriques sont cependant présentés au salon. Comme l’Ellisup, un prototype fabriqué par Iveco et EDF, en partenariat avec le CEA de Grenoble et la RATP. «Il a été conçu en fonction de la longueur moyenne d’une ligne de bus à la RATP, explique Pascal Henry, responsable de l’innovation chez Iveco. Ellisup a ainsi une autonomie pour rouler huit kilomètres. Il est équipé d’un pantographe permettant une recharge rapide, en quatre minutes, en bout de ligne. Ses batteries lithium-ion prennent relativement peu de place, et nous avons besoin d’en embarquer seulement 800 kilos, contre 3 ou 4 Tonnes pour un bus classique s’il voulait rouler entièrement à l’électrique» explique Jean-Louis Berthou, responsable du secteur Transport collectif urbain chez EDF.

«Nous avons par ailleurs doté ce prototype de moteurs-roues permettant aussi d’optimiser l’espace à l’intérieur» poursuit Pascal Henry. Ellisup pourrait ainsi embarquer 10 à 20% de passagers en plus qu’un bus classique. Une homologation est envisagée pour fin 2014.