« Les rencontres du Papotin » : L’émission de France 2 où les intervieweurs ont un trouble du spectre de l’autisme
NOUVEAUTE Chaque semaine, à partir de ce samedi, à 20h35, sur France 2, la rédaction du journal « Le Papotin » se fait une place à la télé pour interviewer une personnalité
- Samedi, à 20h35, France 2 lance Les rencontres du Papotin. Chaque semaine, la rédaction du Papotin, composée de journalistes ayant un trouble du spectre de l’autisme, interviewera une personnalité.
- L’acteur et réalisateur Gilles Lellouche est l’invité du premier numéro.
- « C’est l’occasion de montrer ces jeunes gens dans une posture inhabituelle, où on ne les attend pas. Ils sont pris au sérieux. Ils comprennent que leurs préoccupations peuvent résonner avec n’importe qui et intéresser des lecteurs et des téléspectateurs », explique à 20 Minutes, Julien Bancilhon, le rédacteur en chef du Papotin.
« Pourquoi t’es vieux ? », « Est-ce que vous pensez beaucoup à votre père ? », « Est-ce que vous aimez le cassoulet ? », « Quel est votre rapport au dessin animé ? » C’est le genre de questions, parfois surprenantes, auxquelles Gilles Lellouche répondra samedi dans Les rencontres du Papotin. L’acteur et réalisateur inaugure cette émission de France 2 qui verra, chaque semaine, à 20h35, une personnalité être interviewée pendant une demi-heure par une cinquantaine de journalistes ayant un trouble du spectre de l'autisme.
Au départ, il y a le journal Le Papotin, lancé en 1989 à l’hôpital de jour d’Antony (Hauts-de-Seine) par un éducateur, Driss El Kesri. Le média a institué un rendez-vous incontournable pour toute l’équipe : la conférence de rédaction du mercredi matin. Des jeunes d’une dizaine d’institutions franciliennes se réunissent hebdomadairement dans le 14e arrondissement de Paris.
« Toutes les questions sont bonnes à poser »
« La parole est libre. On débat, on partage autour des textes qu’ils écrivent, certains chantent ou imitent des chroniqueurs de télévision, explique Julien Bancilhon, qui ôte sa casquette de psychologue pour revêtir celle de rédacteur en chef lorsqu’il est au Papotin. Parfois, nous recevons un invité et la conférence devient une séance d’interview. »
C’est dans ce contexte-là que les réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano ont fait le connaissance de ce média, alors qu'ils venaient d’achever la promo d’Intouchables il y a dix ans. « L’originalité de leurs questions et la fraîcheur de leurs regards nous ont bouleversés », explique le duo dans le dossier de presse. Ce sont eux qui ont apporté le concept de l’émission sur France 2. « Il y avait déjà eu des tentatives similaires dans le passé, mais elles ne s’étaient jamais concrétisées car ces journalistes sont difficiles à formater aux exigences télévisuelles », glisse Julien Bancilhon.
« Toutes les questions sont bonnes à poser, ajoute-t-il. Ce qui nous importe, surtout, c’est que ce ne soit pas mécanique, mais plutôt que les journalistes saisissent les affinités entre leurs préoccupations et la biographie de l’invité ou son univers. Cela crée des questions beaucoup plus spontanées, qui ont une force et une fraîcheur plus intéressantes. »
Loin des caricatures
Le résultat est en effet loin de l’interview promo balisée, jalonnée de questions prévisibles. L’invité est parfois désarçonné, amusé, attendri et ses réponses impossibles à truffer d’éléments de langage. Il se confie différemment. « Je me souviens d’une interview, il y a quelques années, de Vincent Cassel qui est assez froid, généralement, en entretien. Avec l’équipe du Papotin, il a été d’une légèreté et d’une spontanéité complètement inhabituelles pour lui, se remémore le rédacteur en chef. Face à ces journalistes atypiques, on sent qu’il n’y a pas de recherche de scoop. La sincérité de la question appelle une réponse en miroir au niveau de l’authenticité. »
Si la personnalité conviée peut ainsi y gagner à se révéler sous un nouveau jour, cela vaut aussi pour leurs interlocuteurs. « C’est l’occasion de montrer ces jeunes gens dans une posture inhabituelle, où on ne les attend pas. Très souvent, ils sont caricaturés, notamment dans les séries ou les films, déplore Julien Bancilhon. Là, on les voit tels qu’ils sont, dans leur diversité et dans leur exercice du journalisme qu’ils accomplissent de façon originale. Et puis ils sont pris au sérieux. Ils comprennent que leurs préoccupations peuvent résonner avec n’importe qui et intéresser des lecteurs et des téléspectateurs. »