« The Voice Kids » : Recaler un enfant, un exercice délicat pour les coachs

L'ECOLE DU TACT Alors que le dernier épisode des auditions à l’aveugle de « The Voice Kids » sera diffusé samedi sur TF1, « 20 Minutes » s'est intéressé à ce qu’il se passe lorsque aucun coach ne retourne son fauteuil

Fabien Randanne
Soprano, Patrick Fiori, Jenifer et Kendji Girac sont les coachs de la saison 7 de The Voice Kids.
Soprano, Patrick Fiori, Jenifer et Kendji Girac sont les coachs de la saison 7 de The Voice Kids. — Thomas BRAULT/ ITV /TF1

Voir un enfant se prendre un vent aux auditions à l’aveugle de The Voice Kids, ce n’est pas le moment le plus plaisant d’un samedi soir passé devant TF1. Mais c’est la règle du télé-crochet : les coachs ne retournent leur fauteuil que lorsque la performance d’un candidat ou d’une candidate les intéresse. Cette émission, ce n’est pas L’école des fans où tout le monde repart avec un 10/10 et une vitrine de magasin de jouet même après avoir transformé une chanson d’Hervé Vilard en tambouille sonore péniblement audible. A la fin, il n’y aura qu’un gagnant ou une gagnante.

Côté téléspectateurs, c’est parfois un crève-cœur de voir les pitchounes accuser le coup. Comme lorsque, cette saison, Kayla, américano-canadienne d’une mignonnerie absolue du haut de ses 8 ans, n’a pas convaincu avec sa reprise de Singin' in the Rain. Alors qu’elle faisait – excusez du peu – des claquettes. Jenifer, Soprano, Kendji Girac et Patrick Fiori sont allés la rejoindre pour la consoler. Ils lui ont parlé des lumières de Broadway et son visage s’est illuminé.

Kendji a « peur de les offenser »

Dans le prime de samedi dernier, Amélya, 9 ans, n’a pas eu plus de succès avec son interprétation de Ce n’était qu’un rêve. Jenifer lui a affirmé qu’elle avait une voix extra, mais a noté « un problème d’articulation ». Kendji en a diagnostiqué la cause : « Je pense que c’est parce que ses dents n’ont pas encore repoussé. » La gamine a alors souri, toutes gencives dehors, s’imaginant peut-être retenter sa chance l’an prochain avec quelques canines et incisives de plus. Et Soprano de conclure, en invitant le public à applaudir : « Regarde comme le public t’aime ! ». Un atterrissage en douceur pour un exercice délicat.

« C’est stressant de dire à un enfant ce qu’il n’a pas bien fait alors qu’il est devant un public et, peut être, devant ses coachs préférés. On a peur de les offenser », confiait Kendji en juillet, lors de la présentation de l’émission à la presse. Son credo : « Dire la vérité avec tendresse. Ça fait un petit pincement au cœur mais ça les rend plus fort. Ça peut les aider pour plus tard. » Patrick Fiori à la relance : « On ne dit pas à un enfant : "Salut, ciao !". C’est rare, mais les mots peuvent nous manquer pour les accompagner. En règle générale, quand l’un ou l’une ne trouve pas les mots, il est possible de se reposer sur les autres. Si on a une petite indélicatesse, quelque chose s’enclenche chez les autres coachs pour que la bienveillance reste le mot d’ordre. »

Valérie Roumanoff, hypnothérapeute et autrice des Histoires magiques du soir (éditions First), trouve que les coachs « sont plutôt sympas ». « Il ne faut pas considérer leur jugement comme définitif et absolu », explique-t-elle à 20 Minutes en soulignant qu’aucun d’eux n’a cette prétention.

« Dédramatiser »

Pour elle, la question n’est pas tant la déception des enfants que celle de leurs parents : « S’ils considèrent que le jeu est important pour la réussite du petit, ce dernier peut avoir l’impression de trahir les espoirs qui ont été placés en lui. Même si les choses ne sont pas verbalisées, cela peut être inconscient et l’enfant va le sentir. » A contrario, s’ils présentent à leur progéniture le télé-crochet comme « une expérience ludique pouvant lui apprendre des trucs, ça va lui permettre de prendre les choses à la légère. Il faut dédramatiser : c’est une aventure à aborder comme un plaisir, que ce soit celui de passer à la télévision ou d’avoir l’occasion de montrer ce que l’on sait faire », avance Valérie Roumanoff. Soprano, en conférence de presse, ne disait pas autre chose : « Il faut remettre les choses à leur place. Ce sont des enfants, ils viennent, ils s’amusent, ils sont contents. »

Alors, si vous envisagez de déposer la candidature de votre graine de chanteur ou de chanteuse, ne leur mettez pas de pression inutile et préparez-la à une éventuelle déconvenue. « Quand on a 8 ans, ou même 16 ans, on a énormément de temps devant soi pour savoir ce qu’on veut faire dans la vie. Ils auront d’autres opportunités, reprend l’hypnothérapeute. S’ils croient que c’est la seule chance de leur vie, ça va forcément influer sur leurs émotions. » Et pas en bien.

Cependant, la plupart se montrent très philosophes même s’ils sont encore en CM1. « De voir que les enfants étaient beaucoup plus préparés que moi à toutes les issues possibles m’a apaisée. En entendant les petits dire, lorsque personne ne s’est retourné : "Je suis content, merci de m’avoir écouté", j’ai pris conscience qu’il n’y avait pas de drame », glissait Amel Bent il y a deux ans à 20 Minutes, alors qu’elle était coach de la saison 5 de The Voice Kids. Etre sur le plateau de l’émission est déjà, pour eux, une victoire en soi et la promesse de pouvoir frimer à la récré.