« Top Chef » : « Je pense que la plus belle victoire, c’est d’avoir le public avec soi », estime Adrien
INTERVIEW Le candidat le plus audacieux de la saison 11 du concours culinaire s’est incliné face à David Gallienne à l'issue de la finale, diffusée ce mercredi sur M6
- Avec son menu déroutant et engagé, Adrien n’a pas remporté la finale de « Top Chef ».
- Le candidat s’est incliné face à David, qui a livré des propositions un poil plus classiques.
- Malgré cette défaite, Adrien reste le grand vainqueur (de cœur) de cette édition sous le signe de l’audace.
« C’est quand même une belle défaite ! » Même face à l’échec, Adrien Cachot ne perd rien de sa placidité. Mercredi soir sur M6, le candidat s’est incliné face à David Gallienne, lors de la finale de la saison 11 de « Top Chef », en proposant un menu osé, déconcertant d’originalité. A la carte ? Un cocktail de crevettes caché dans une fausse tomate, des abats de veau en plat principal et un gobelet en plastique (comestible) en dessert. Une prise de risque à l’image de ce savant fou de la cuisine.
Au fil des épisodes, Adrien Cachot est devenu très vite l’un des cuisiniers préférés des fans de Top Chef, les régalant chaque semaine de sa créativité, de son grain de folie et de son caractère imperturbable. S’il n’a pas remporté la compétition, il n’en est pas moins un excellent représentant de cette saison spéciale, placée sous le signe de l’audace.
Vous sembliez déçu de votre prestation dès la fin de cette épreuve. Vous vous attendiez à cette défaite ?
Je suis déçu de ma prestation en finale, mais je suis très très fier de mon équipe, je n’ai rien à reprocher à personne. Je suis déçu parce que je pense que le menu était un peu trop compliqué.
Vous regrettez ce menu ?
Je ne regrette rien mais je pense que j’aurais pu faire mieux. Après, je voulais aller à cette finale et la gagner d’une belle manière… J’ai préféré prendre des risques, comme depuis le début, et comme depuis toujours. J’ai passé une super compétition, j’étais avec mes copains, c’était génial.
Quelle était la difficulté principale pour vous dans cette épreuve : Gérer une brigade ou vous adresser à un public plus « consensuel », comme le dit Paul Pairet ?
Pour moi le plus dur, c’est le public. Je me suis creusé la tête parce que j’ai l’habitude de travailler des produits un peu spéciaux et de m’amuser, donc ça, ça a été un gros casse-tête. Mais c’est le jeu. Et du côté de la brigade, je ne suis pas un chef gueulard et j’avais extrêmement bien préparé tous les plats avec les fiches techniques, tout était prêt. Pour moi, le plus compliqué était de plaire à 100 personnes.
Votre spécialité est de préparer des aliments peu ragoûtants, comme les abats. Qu’appréciez-vous dans cela ?
Je pense qu’on a besoin de se démarquer en étant un jeune cuisinier et le fait de travailler ces produits-là, de les rendre un peu sexy, c’est une façon de le faire.
Paul Pairet vous présente comme un « ovni » de la cuisine. Vous vous reconnaissez dans ce terme ?
C’est compliqué parce que je suis au début de ma carrière, donc un ovni, on verra ça dans les années à venir. Je ne pense pas en être un pour le moment au niveau de la cuisine, peut-être plus au niveau du caractère. Je préfère prendre ça avec humilité, c’est un terme qui me plaît et qui me valorise, mais je mise plus sur l’avenir. C’est sympa, mais il faut confirmer.
Selon vous, la cuisine doit-elle être libre ou suivre des règles ?
Si on se fie à la finale, vous avez la réponse ! Je pense que faire fi des règles en France c’est compliqué, mais je vais aller dans cette direction.
Le chef Paul Pairet était-il le coach idéal pour vous dans cette aventure ?
Je crois que c’est le plus fou des chefs du jury ! Forcément je pense que je suis plus adapté au Chef Pairet, dans la liberté d’expression, dans le caractère… Il a quand même réussi à me comprendre. Et c’est quelqu’un de très bienveillant, une très belle personne, ça fait partie des très belles rencontres dans « Top Chef ».
Hormis votre cuisine, vous avez marqué les esprits très tôt avec l’histoire de la pause toilettes en pleine épreuve…
J’étais tellement content qu’on m’offre du café que j’en ai bu beaucoup ! Et quand j’ai envie de faire quelque chose, je le fais, je ne me retiens pas trop. Là, j’avais envie d’aller aux toilettes et j’y suis allé. C’est vrai que ça ne se fait pas pendant un concours, mais j’avais attendu qu’ils passent sur mon plan de travail pour y aller tranquillement, ils sont revenus malheureusement… Mais ça reste drôle donc c’est cool.
Vous paraissez zen, décontracté. Etes-vous vraiment comme ça tout le temps ?
Je subis tellement de stress dans mon restaurant, je suis tout seul et c’est compliqué, que derrière il n’y a pas trop de stress, pour tout… Généralement en week-end, avec moi c’est cool. Si tu me dis d’arriver à 13 h j’arriverai à 14 h. Je suis le genre de personne un peu décontract, un peu trop.
Quelle est l’épreuve qui vous a le plus mis en difficulté durant cette aventure ?
L’épreuve du « trompe-l’œil dans la nature », parce que j’étais persuadé que j’allais faire moins bien que les autres, du coup je n’ai pas voulu trop travailler. Mais en fait j’aurais peut-être dû avoir un peu plus envie.
Ce n’est pas cette épreuve qui vous a inspiré le dessert du menu final ?
Celui du menu final, c’est un peu le résumé de ce que la saison annonçait, donc l’écologie, l’audace, et j’ai essayé de tout résumer en dessert. Mais le « premier pas dans la nature » c’était vraiment free style, je n’avais pas trop envie…
Quel plat avez-vous préféré réaliser pendant « Top Chef » ?
Il y en a plusieurs… Mais je ne peux pas dire que ce sont mes plats préférés parce que ce ne sont que des plats que j’ai faits en improvisant, du coup pour moi rien n’est vraiment abouti. Mais il y a plein de petits plats qui me plaisent et prennent un bon départ, et que je vais devoir corriger. J’aime bien la salade, le gobelet du dessert final, le hot dog, l’épreuve spectaculaire…
D’où vous est venue cette idée du flambadou, un ustensile médiéval ?
J’ai un copain qui l’utilise en cuisine à Bordeaux, au Prince Noir. Les gens mangent le résultat, mais ne le voient jamais. Donc quand on m’a demandé de faire quelque chose de spectaculaire, pour moi c’est un geste spectaculaire qu’on ne voit plus et qu’on n’a pas l’habitude de voir en tant que clients. Je n’ai rien inventé, mais de le mettre devant les yeux je trouve ça magnifique. C’était vraiment une belle épreuve parce que c’était juste mon interprétation du spectaculaire, sur le coup j’ai trouvé que j’avais eu la bonne idée.
Que retenez-vous de cette aventure ?
Une crédibilité qu’on a du mal à acquérir en tant que jeunes cuisiniers dans la vie de tous les jours, surtout dans ma situation qui est assez pénible financièrement. Passer à « Top Chef », c’est aussi se donner la chance d’être vu et de pouvoir progresser plus rapidement. C’est un tremplin énorme. Après il faut avoir envie et ne pas avoir peur, mais c’est un tremplin magique.
Un peu comme Claude dans « Koh-Lanta », vous ne remportez pas le jeu mais vous n’en êtes pas moins le gagnant de cœur de cette aventure…
Claude est très très performant, moi je suis performant quand j’ai envie ! Après, le sujet c’était l’audace, donc oui j’ai peut-être été performant sur ce terrain-là. Mais c’est un concours, il y a un gagnant et un perdant. Moi je pense que la plus belle victoire, c’est quand même d’avoir le public avec soi. Je reçois tellement de bienveillance que pour moi l’expérience est totalement validée, et positive, j’ai donc aussi gagné quelque chose.
Et ça fait quoi d’être l’un des chouchous du public ?
Je trouve que, dans cette saison, il y a eu beaucoup de personnalités attachantes. C’est cool parce que personne ne pensait que je pouvais être un potentiel chouchou, pour moi c’est une victoire inestimable. Tout le monde pensait que ça n’allait pas marcher avec le public parce que je suis un peu spécial, peut-être un peu trop nature. Je dis ce que je pense et je ne fais pas semblant quand je n’ai pas envie… Beaucoup doutaient mais j’espère qu’ils ont bien regardé.
Quels sont vos projets à venir ?
Je veux m’amuser ! J’ai envie de profiter, d’avoir un restaurant où je vais pouvoir m’exprimer totalement, un vrai lieu d’expression où je peux continuer à avoir la tête dans les nuages. En ce qui concerne Détour [son restaurant parisien], je pense qu’on va le transformer en restaurant du midi, j’ai un copain très bon chef qui serait peut-être prêt à prendre le relais.
Pour vous, c’est donc terminé, Détour ?
Ce n’est plus possible au niveau qualité de vie et niveau vie tout court. On travaillait beaucoup, c’est un tout petit lieu, c’est très compliqué. Il y a d’autres projets mais pour l’instant je ne peux pas trop en parler. Mais j’aimerais que ça arrive avant 2021.