« Affaire conclue » : « Les gens viennent pour me voir comme on visite un monument historique ! », plaisante Sophie Davant

PORTRAIT Sophie Davant présente « Affaire conclue » depuis 2017 sur France 2

Mathilde Loire
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Sophie Davant anime « Affaire conclue » tous les jours sur France 2.
Sophie Davant anime « Affaire conclue » tous les jours sur France 2. — GILLES SCARELLA FTV
  • Affaire conclue bat régulièrement des records d’audience sur France 2.
  • 20 Minutes s’est rendu dans les coulisses de l’émission phare de l’après-midi.
  • Le succès de l’émission doit beaucoup à Sophie Davant, une présentatrice connue des spectateurs.

Son nom est, tous les mois, associé aux nouveaux records d’audience d’Affaire conclue, l'émission de vente aux enchères qu’elle présente l'après-midi sur France 2. Depuis deux ans et demi, Sophie Davant accueille chaque jour des particuliers venus avec des objets de famille, chinés dans une brocante ou trouvés dans un grenier au plus offrant, qu’ils font expertiser avant de les mettre aux enchères.

Ce mercredi de février, toute l’équipe a rendez-vous en plateau, à Saint-Denis, pour une nouvelle journée de tournage. Chacun a sa place dans un fonctionnement bien rodé. Il est 10 heures environ, l’équipe tourne les arrivées des vendeurs et vendeuses de la matinée. Dans les loges, Sophie Davant termine de se préparer. Elle est habillée d’un costume noir très chic : on tourne un numéro spécial James Bond, qui sera diffusé juste avant la sortie du prochain film de la franchise, au mois de mars.

Une affiche vintage de « James Bond »

Sur le plateau principal, celui de la salle d’expertise, les commissaires-priseurs comparent leurs smokings. Il y a là Jérôme Duvillard, Harold Hessel et Patricia Casini-Vitalis : tous trois sont des habitués de l’émission. Sophie Davant les rejoint, avant de se lancer dans une séance photo improvisée avec eux devant une affiche vintage de L'Homme au pistolet d'or, le premier objet de la journée.

Sophie Davant et les commissaires-priseurs se préparent pour une émission spéciale James Bond.
Sophie Davant et les commissaires-priseurs se préparent pour une émission spéciale James Bond. - Affaire conclue

Chacun prend sa place, le silence se fait. La présentatrice et l’équipe d’Affaire conclue sont parties pour près de trois heures de tournage – ils expertiseront dix objets d’ici la pause déjeuner. En régie, les producteurs, le réalisateur et les scripts suivent le déroulé, notent les passages à couper, lancent des consignes. Vincent Clément, le producteur artistique, glisse une blague dans l’oreillette de l’animatrice. Celle-ci reste quasi imperturbable et se contente de cligner des yeux, le regard fixe, avant de reprendre le fil de la discussion.

« Si on n’avait plus Sophie dans l’émission, Affaire conclue perdrait beaucoup »

Les expertises terminées, Sophie Davant rejoint l’équipe en régie, pour observer l’avancée des ventes aux enchères, sur un autre plateau. Une vente plus importante que prévu est en train de se conclure et Thomas Burnichon, le producteur délégué, demande à l’animatrice de se rendre sur le plateau pour l’occasion. La vendeuse est déjà prête à sortir de la salle, Sophie Davant doit courir pour la rattraper.

« On fait intervenir Sophie en salle des ventes selon notre ressenti, explique Thomas Burnichon. C’est souvent lorsqu’une vente est exceptionnelle, ou que l’histoire est belle. » Pour Vincent Clément, « si par malheur on n’avait plus Sophie dans l’émission, Affaire conclue perdrait beaucoup. Le contentement de certains participants face à elle, c’est quelque chose à voir. Ils sont parfois d’une franchise désarmante, on a l’impression qu’ils s’adressent à elle comme si elle était leur copine du salon de coiffure ».

« J’ai plus de trente ans de présence quotidienne sur France 2 »

Certains participent à Affaire conclue surtout pour rencontrer Sophie Davant. L’animatrice est une tête connue des téléspectateurs. « J’ai plus de trente ans de présence quotidienne sur France 2, rappelle l’intéressée, ce n’est pas tout le monde qui peut s’en prévaloir. On a grandi ensemble, je leur appartiens un peu. » Sophie Davant a commencé à présenter la météo à l’âge de 23 ans, en avril 1987, dans Télématin sur Antenne 2. Depuis, elle n’a plus quitté le service public. « Je n’avais pas imaginé qu’un jour des gens viendraient pour me voir comme on visite un monument historique ! »

La présentatrice de C’est au programme et Toute une histoire a pourtant failli ne pas présenter l’émission de vente aux enchères. « Ce n’est pas à moi qu’ils avaient pensé pour Affaire conclue, au départ, mais Stéphane Bern a refusé. Quand j’ai vu le format allemand [Bares für Rares, dont l’émission de France 2 s’inspire, N.D.L.R.], je l’ai trouvé très lisse, très sérieux, je ne comprenais pas ce que je pouvais lui apporter. Mais le producteur m’a dit : « Je veux que vous en fassiez ce que vous êtes, que ce soit votre univers ». »

Faire le lien entre les « différentes personnalités »

Sa mission : mener les conversations, faire le lien entre les « différentes personnalités » – les acheteurs, les commissaires-priseurs –, les « mettre en valeur » et mettre à l’aise les vendeurs peu habitués à la télé. « Je les accompagne. Certains arrivent très stressés, mais ça disparaît vite. Ils finissent par oublier les caméras. Sinon, j’en fais un numéro, je blague dessus. »

Lancée en août 2017, Affaire conclue trouve rapidement son public. En trois ans, les audiences sont passées de 5 % à plus de 20 % de part d’audience en moyenne. L’émission a plusieurs fois réuni plus de 2 millions de téléspectateurs. Affaire conclue est bien installée dans le paysage télévisuel, ses records d’audiences ou de vente sont repris dans les médias – 20 Minutes compris. L’émission et Sophie Davant sont d’ailleurs régulièrement citées dans Quotidien, le programme de TMC présenté par Yann Barthès. Dans sa rubrique «Mercredi canap'», Etienne Carbonnier revient sur les épisodes à coups de montages moqueurs sur les répliques des vendeurs… Ou sur l’attitude de Sophie Davant, qu’il qualifie de « pas si sympa ».

« Avec des montages, on peut tout faire dire »

Alors, pas sympa, Sophie Davant ? « Avec des montages, on peut tout faire dire », estime l’intéressée. « Mais en général ça me fait beaucoup rire, quand ils enlèvent le « n » au mot « chiner », par exemple, c’est irrésistible », dit-elle en souriant, avant de reprendre son sérieux : « Je me moque de moi tout le temps, je suis la première à rire de tout ça. Après, il faut juste ne pas falsifier la réalité. Dire que je parle mal aux gens, ce n’est pas vrai. J’en vois 23 par jour et je suis plus que sympathique avec eux. Quand par malheur il y a une petite mimique pas sympa, et que Quotidien ne monte que les mimiques pas sympas les unes derrière les autres, c’est de la désinformation », estime la présentatrice.

Elle se tient d’ailleurs à l’écart des réseaux sociaux, qui ne sont pas toujours tendres avec elle. « Je m’y suis mise, mais je n’en suis pas dingue. Je me contente d'Instagram, parce que c’est le moins pire. Je ne veux pas être esclave de tout ça. » Elle avoue trouver son métier « parfois violent ». « Quand on fait La Lettre et qu’on voit les audiences le lendemain face à The Voice ou un téléfilm, c’était dur. On ne s’y habitue pas : dès qu’une audience est mauvaise, j’ai l’impression de prendre un uppercut. Mais ce qu’on voit avec Affaire conclue, je n’ai jamais vécu ça. »

Le succès ne dément pas, et son équipe la soutient. « Sophie est bienveillante, elle est à l’écoute et elle aime que les gens se confient à elle. C’est un atout essentiel de l’émission », insiste Thomas Burnichon. L’animatrice se voit comme « le relais » entre les téléspectateurs et les experts. « Je pense que les gens aiment que je sois néophyte. Ça leur plaît d’apprendre en même temps que moi, ils peuvent s’identifier. Je découvre plein de choses sur les objets et le monde des commissaires-priseurs. Si je m’amuse, les gens aussi ; et inversement si je m’ennuie. »