Dix épisodes de « Buffy contre les vampires » qui méritent d'entrer dans l'histoire du cinéma
RÉTROSPECTIVE Avant le marathon spécial organisé par la Cinémathèque française, on vous aide à réviser vos classiques
Le 14 décembre, la Cinémathèque française diffusera dix épisodes de Buffy contre les vampires lors d’un marathon spécial de douze heures. Les dix épisodes, choisis par un vote sur internet, seront bientôt révélés. En attendant, voici ceux qui méritent, à notre avis, tous les honneurs de la Cinémathèque. On vous prévient, cette liste contient des spoilers, sur une série vieille de 22 ans.
Innocence, partie 2 (S2E14)
Buffy a toujours utilisé ses monstres et démons comme autant de métaphores sur les horreurs de l’adolescence : le manque de confiance en soi, la perte de repères, ou encore les premières expériences sexuelles, pas toujours réussies. Lorsque Buffy et son petit ami Angel couchent ensemble pour la première fois, ce dernier perd littéralement son âme et devient le nouvel antagoniste de la série. Auparavant attentif et doux, il se transforme en prédateur froid, sadique et moqueur – le cauchemar de toute adolescente venant de perdre sa virginité avec un garçon qui lui plaisait. Buffy traversera beaucoup d’épreuves émotionnelles au cours de la série, mais celle-ci est une des plus cruelles, et l’épisode fait toujours l’effet d’un déchirement toutes ces années plus tard.
Acathla, partie 2 (S2E22)
Après une saison riche en émotions où l’on a vu Angel se transformer en monstre impitoyable et tuer sauvagement certains de nos personnages préférés (RIP Jenny), Acathla enfonce (assez littéralement) le couteau dans la plaie. Après l’avoir affronté durant de nombreux épisodes, Buffy n’a plus d’autre choix que de tuer Angel… quelques secondes après que ce dernier ait réussi à récupérer son âme et redevenir gentil. Déchirée, Buffy l’embrasse une dernière fois avant de lui planter une épée dans le ventre. Une décision qui traumatiserait n’importe qui, a fortiori une adolescente de 17 ans qui vient d’embrocher son premier amour pour tenter de sauver l’humanité.
Meilleurs vœux de Cordelia (S3E9)
La série de Joss Whedon a toujours été excellente pour mêler une structure procédurale (avec un monstre de la semaine dans chaque épisode) à des arcs narratifs plus complexes, où l’héroïne devait souvent affronter une grande menace sur toute une saison. Meilleurs vœux fait partie de ces épisodes « problème de la semaine », et c’en est une des déclinaisons les plus funs et divertissantes. Énervée contre Buffy, Cordelia dit à voix haute qu’elle aurait préféré que celle-ci ne vienne jamais à Sunnydale… Sauf que son souhait est exaucé par un démon. L’épisode nous montre alors cet univers parallèle, dans lequel Xander et Willow sont des vampires qui terrorisent la ville (ah, et cette Willow-là est un petit peu lesbienne, ce qui s’avère être un signe annonciateur de sa relation avec Tara). C’est aussi le premier épisode d’Anya, qui deviendra par la suite l'un des meilleurs personnages de la série.
La Cérémonie, partie 2 (S3E22)
Buffy a toujours particulièrement réussi ses fins de saison. Et celle de la saison 3 est peut-être la plus jouissive : le jour de la remise des diplômes du lycée de Sunnydale, tous les élèves se mobilisent pour vaincre le grand méchant de la saison – le Maire de la ville qui avait choisi cette occasion pour se transformer en serpent géant (chacun son truc hein). On assiste à un moment touchant entre Buffy et Faith, mais aussi à une course-poursuite d’anthologie dans les couloirs de Sunnydale High, et aux adieux doux-amers entre Angel et Buffy. Et dans un symbole particulièrement retentissant, notre héroïne, qui s’apprête à entrer dans la vie adulte, réduit littéralement le lycée en miettes.
Un Silence de mort (S4E10)
Ce n’est un secret pour (presque) personne : Buffy est une des séries les mieux écrites de tous les temps. À tel point que Joss Whedon a fini par mal prendre le fait qu’on parlait toujours de ses dialogues, au détriment du reste. Résultat : le créateur a écrit et réalisé un épisode presque intégralement muet. Dans ce volet aussi drôle que terrifiant, un groupe de monstres nommés les Gentlemen envahissent la ville et la plongent dans le silence. Cela donne à la série un parfait prétexte pour faire interagir les personnages sans aucun dialogue, illustrant encore mieux les problèmes de communication auxquels ces derniers font de plus en plus souvent face. Un tour de force absolu qui prouve que Buffy a bien plus à offrir que ses bons mots.
Orphelines (S5E16)
En sept saisons, le Scooby Gang a dû faire face à une multitude de manifestations surnaturelles plus farfelues les uns que les autres (n’oublions pas l’épisode où une momie séduit Xander, ou celui où des membres de l’équipe de natation se transforment en hommes-poissons). Mais la série n’a jamais oublié d’ancrer ses moments émotionnels dans le réel. C’est ce que prouve Orphelines, l’épisode dans lequel la mère de Buffy meurt. Contrairement à tous les autres décès de la série, celui-ci est provoqué par des causes naturelles, et l’épisode ne contient aucune musique, afin d’amplifier la désorientation que ressentent les personnages. Le monologue d’Anya, ancien démon qui n’a jamais eu à se confronter à l’absurdité du deuil, reste un des moments les plus lancinants de la série.
L’Apocalypse (S5E22)
Cet épisode était censé être le dernier de la série, avant que deux saisons supplémentaires ne soient commandées à la dernière minute. C’est pour ça que sa conclusion paraît particulièrement définitive : dans un geste ultime, Buffy se sacrifie à la place de sa sœur pour stopper l’apocalypse, et meurt dans les bras de ses proches (même Spike apparaît bouleversé). Bien sûr, les scénaristes trouveront un stratagème pour ressusciter Buffy dans la saison d’après, mais si la série s’était achevée sur ce final poignant, elle aurait eu là une conclusion parfaite.
Que le spectacle commence ! (S6E7)
Beaucoup de séries se sont frottées au format de l’épisode musical, mais peu avec autant de succès. Comme le reste de la série, ce volet s’approprie les meilleurs éléments du genre (ici, ce n’est plus l’horreur mais la comédie musicale) tout en tournant en dérision les plus ridicules. Lorsque les personnages se mettent à chanter du jour au lendemain, c’est expliqué par la présence d’un démon du chant qui les a ensorcelés (évidemment !). Non seulement les chansons, écrites et composées par Joss Whedon, sont hilarantes, mais elles mettent en route certains des développements narratifs les plus cruciaux de la saison. La ballade romantique Under your spell est encore plus tragique quand on sait que Willow vient de mentir à Tara. Anya et Xander chantent sur un ton enjoué tous les doutes qu’ils ont sur leur relation, présageant le fait que leur mariage s’effondrera peu de temps après. Buffy révèle que lorsque ses amis l’ont ressuscitée, ils l’ont arrachée du paradis, et provoqué pour elle une expérience traumatique dont elle n’avait pas osé leur parler pendant toute la saison. Ah, et Buffy et Spike s’embrassent ENFIN.
Tabula Rasa (S6E8)
Cet épisode désopilant nous offre un répit bienvenu après les révélations bouleversantes de Que le spectacle commence. Dans ce volet, tous les personnages principaux oublient qui ils sont, ce qui permet aux scénaristes de jouer avec les possibilités et créer des combinaisons inédites. Spike pense qu’il est le fils de Giles et l’appelle « papa ». Willow, dans un rappel à l’épisode Meilleurs vœux, devine sa propre homosexualité. Buffy ressent immédiatement un instinct protecteur envers Dawn, sa sœur, mais oublie qu’elle a des pouvoirs et hurle de peur face aux monstres qui les attaquent. Mais cet épisode délicieusement fun se conclut douloureusement, lorsque les personnages reviennent enfin à la réalité.
La fin des temps, partie 2 (S7E22)
Pour tous les membres de la #TeamSpike, peu de scènes atteignent le même sommet émotionnel que celle où le vampire repenti se sacrifie pour l’humanité, en déclarant son amour pour Buffy. Mais tout le final de la série est parfait, avec des moments d’humour (lorsqu’Anya et Andrew blaguent sur lequel des deux survivra à la bataille finale), suivis de notes déchirantes (la mort brutale d’Anya). La série se conclut sur un message féministe précurseur (nous n’étions qu’en 2003) résumé par le discours inoubliable de Buffy, qui a décidé de ne plus être l’élue, et de transmettre son pouvoir à des milliers de jeunes filles. « À chaque génération naît une tueuse de vampires, juste parce qu’un tas de mecs qui sont morts il y a des milliers d’années en ont décidé ainsi. Hé bien je dis qu’on devrait changer la règle. Que mon pouvoir devrait être notre pouvoir. » Presque 17 ans plus tard, on en frissonne encore.