«Motus», «C'est au programme»... A quoi joue France Télévisions avec toutes ces suppressions d'émissions?

MERCATO Entre les cas particuliers, la réorganisation des programmes et les demandes d’économies, France Télévisions est en pleine (r)évolution

V. J.
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«C'est au programme», «Motus», les émissions de Patrick Sébastien... Elles quittent toutes l'antenne de France 2
«C'est au programme», «Motus», les émissions de Patrick Sébastien... Elles quittent toutes l'antenne de France 2 — BALTEL/SIPA - Jacques BENAROCH/SIPA - PJB/SIPA
  • « Thé ou café », « Motus », « C’est au programme »… Plusieurs émissions historiques du service public s’arrêtent
  • Delphine Ernotte tient sa promesse de changer cette « télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans »
  • France Télévisions doit jongler en volonté de changement, réorganisation de ses programmes et demandes d’économies de la part du gouvernement

Après « Thé ou café » et « Motus », France 2 a annoncé lundi l'arrêt d'une autre de ses émissions historiques, « C’est au programme », présenté depuis vingt et un ans par Sophie Davant. Avec les adieux de Patrick Sébastien ce week-end, il souffle comme un air de révolution sur  le service public. A l’écran et en coulisses. Il s’agit même d’un acte 2 si l’on tient compte des départs de Julien Lepers, William Leymergie, George Pernoud, Tex, David Pujadas ou encore Frédéric Taddeï. La liste commence à être longue, mais Delphine Ernotte avait prévenu au lendemain de sa nomination à la présidence de France Télévisions en 2015 : « On a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans et ça, il va falloir que ça change ». Promesse tenue.

Des animateurs plus jeunes ?

Sur «l'affaire» Patrick Sébastien, France 2, contactée par 20 Minutes, n’a rien à ajouter : « Tout a été dit. » L’animateur n’a pas été reconduit après vingt-trois ans d’antenne, et il n’était pas content. En revanche, Thierry Beccaro est parti de lui-même, et « il y a eu un arbitrage suite à sa décision : “Motus” s’en va naturellement avec son animateur. » Pas de généralités donc, mais des cas particuliers avec aussi William Leymergie, parti pour C8, ou Tex, viré suite à sa blague de trop, et tout de même une volonté de changement. De rajeunissement de sa grille ? Fanny Agostini a pris les rênes de « Thalassa », Bruno Guillon des « Z’amours », Anne-Sophie Lapix du JT de 20 heures, et puremédias révèle que Hugo Clément, ex- « Le Petit Journal » et « Quotidien » et actuellement journaliste à Konbini, pourrait animer une soirée spéciale environnement, ainsi que d’autres prime time. France 2 ne confirme pour l’instant pas l’information. Pour l’instant.

Une réorganisation des magazines ?

La suppression de « C’est au programme » soulève d’autres questions, puisque son animatrice Sophie Davant reste bien sûr sur la chaîne, à la présentation du carton Affaire conclue. « La décision d’arrêter “C’est au programme” intervient dans le cadre d’une réorganisation des magazines et des matinées, explique-t-on du côté de la communication de France 2. L’actualité culturelle, la vie quotidienne et la consommation sont des thématiques pour lesquelles le public a un vrai appétit, et elles seront intégrées à un “Télé Matin” renforcé à la rentrée. »

Mais le chantier des matinées n’est pas le même que celui des après-midi, dont les audiences ont longtemps handicapé France 2 et qui se sont stabilisées avec « Ça commence aujourd’hui » de Faustine Bollaert, « Je t’aime, etc. » de Daphné Bürki et « Affaire conclue » de Sophie Davant. Pas vraiment des « hommes blancs de plus de 50 ans », d’ailleurs. L’audience n’a jamais été un souci le matin, réagit France 2, rappelant que « Motus » a toujours été leader sur l’ensemble du public.

Une question d’économies ?

S’il ne s’agit pas de faire monter les audiences, peut-être est-il question de faire baisser les coûts ? On supprime « C’est au programme », mais on intègre certaines thématiques et chroniques à « Télé Matin ». La chaîne ne commente pas, renvoyant la balle aux journalistes et leurs « analyses ». Le gouvernement a en effet demandé à France Télévisions d’économiser 400 millions d’euros d’ici à 2022, un effort qui s’est déjà traduit par la suppression annoncée de France Ô et France, et par un plan d'économies et la suppression de près de 1.000 postes.