Présidentielle américaine : Comprendre (ou du moins essayer) l’Amérique de Trump avec dix séries
SELECTION Alors que les Américains sont en train d’élire leur 46e président, voici dix séries qui racontent l’Amérique de Trump
Traditionnellement, Hollywood vote démocrate et les républicains sont sous-représentés sur les écrans. Mais, depuis son élection en 2016, Donald Trump a inspiré les scénaristes américains. Le 45e président des Etats-Unis et ses supporters se sont infiltrés dans leurs intrigues. Alors que les Américains sont en train d’élire leur 46e président, voici dix séries qui racontent l’Amérique de Trump
« The Comey Rule »
Dans les coulisses de la prise de fonction de Donald Trump. Adaptation des mémoires de l’ancien chef du FBI publiées en 2018 (Mensonges et vérités, Flammarion), les quatre épisodes de The Comey Rule, disponibles sur MyCanal, analysent le rôle de James Comey (Jeff Daniels, impeccable) dans l’élection de Donald Trump. Nommé en 2013 par Barack Obama, le chef du FBI a ouvert l’enquête sur les mails de Hillary Clinton en pleine campagne présidentielle. James Comey sera finalement licencié par Donald Trump (Brendan Gleeson) en 2017 alors qu’il s’intéressait de près à l’ingérence russe dans son élection et ne cédait pas aux intimidations du président des Etats-Unis, qu’il décrira un an plus tard dans ses mémoires comme un « menteur invétéré » au comportement « mafieux ».
« Succession »
Le « feuilleton idéal à regarder sous l’ère Trump », selon la presse américaine. Succession, disponible sur OCS, suit une famille new-yorkaise assise sur un empire de médias et de divertissement de plusieurs milliards de dollars. Richissimes, odieux, névrotiques, les membres de cette dynastie de milliardaires complètement dysfonctionnelle sont prêts à tout pour assouvir leur moindre caprice, qui rappelle celle de Rupert Murdoch (Fox), Sumner Redstone (Viacom et CBS) ou encore celle de Donald Trump. Succession dépeint l’Amérique des milliardaires au-dessus des lois.
« Roseanne »
Lorsque la sitcom culte des années 1990 Roseanne fait son retour sur ABC en 2018, l’idée est de mieux représenter à la télévision les dizaines de millions d’Américains de la classe ouvrière, conservateurs et sensibles au discours de Donald Trump, quasiment absents du petit écran. Le personnage de Roseanne est ouvertement pro-Trump alors que Jackie, sa sœur cadette, est pro-Clinton. Ce retour a fini en polémique, la faute à son actrice principale, Roseanne Barr, autrice d'un tweet raciste quelques jours après le retour de la série à l’antenne. Le personnage de Roseanne décède d’une overdose d’opiacés et la série est rebaptisée The Conners. Si cette nouvelle mouture, qui n’est disponible à ce jour sur aucune plateforme en France, est moins ouvertement pro-Trump, elle dépeint cependant le quotidien d’une famille ordinaire issue de l’Amérique ouvrière.
« The Ranch »
Travail, famille, barbecue ! Après le choc de l’élection de Donald Trump en 2016, l’analyse. Le profil type de l’électeur du milliardaire américain se dessine : c’est un homme blanc, assez âgé, peu diplômé qui vit dans un Etat rural. « Ces connards ont gagné ; ils sont aux infos tous les jours. Alors pourquoi devrions-nous regarder une sitcom à leur sujet aussi ? », s’était interrogé le critique en chef du Vanity Fair américain, Richard Lawson au lancement de la saison 2 de The Ranch. Mais si vous avez envie d’en savoir plus sur la vie des rednecks de la Bible Belt, la sitcom multicaméras The Ranch, disponible sur Netflix, commence lorsque Colt Bennett (Ashton Kutcher), après une carrière sabordée dans le football semi-pro, retourne vivre dans le ranch familial au fin fond du Colorado. Il va renouer avec son frère Rooster (Danny Masterson), et son père, Beau (Sam Eliott) et sa mère, Maggie (Debra Winger) qui tient le bar local. Le credo de son père, républicain jusqu’au bout des boots : « No change, and shut the fuck up » (« Pas de changement, et fermez-la ! »). Au milieu de blagues graveleuses et entre deux gorgées de bourbon, il lance : « Le réchauffement climatique est un machin inventé par Al Gore pour vendre des livres aux imbéciles de Californie ».
« The Righteous Gemstones »
The Righteous Gemstones, disponible sur OCS, épingle l’hypocrisie d’une famille de télévangélistes pro-Trump du Texas, dirigée par le plouc millionnaire Eli Gemstone (John Goodman). Aux côtés du patriarche, le fils Jesse Gemstone (Danny McBride, créateur de la série), son frère Kelvin Gemstone (Adam DeVine), sa sœur Judy (Edi Patterson), reléguée au rang de potiche et son beau-frère, et la mère disparue et vénérée, Aimee-Leigh. Dans le domaine de Gemstone, ces nouveaux riches véreux au mauvais goût clinquant vivent de façon opulente grâce à la machine à cash des quêtes au sein de leur megachurch. A leur disposition, un stand de tir et une milice privée. Obsédés par la richesse et le pouvoir, les Gemstones sont loin d’être des enfants de chœur.
« Mrs America »
Un portrait de la Première Dame de l’antiféminisme. Mrs. America, disponible sur MyCanal, est une mini-série mettant en vedette et produite par Cate Blanchett dans le rôle de Phyllis Schlafly, une idéologue conservatrice, antiféministe et anti-avortement, qui a réussi à faire échouer la ratification de l’Equal Rights Amendment (ERA), un amendement sur l’égalité des droits de la constitution américaine visant à garantir l’égalité des droits hommes-femmes dans l’Amérique des années 1970. La série retrace le conflit direct avec les icônes féministes que sont Gloria Steinem (Rose Byrne), Shirley Chisholm (Uzo Aduba) et Betty Friedan (Tracey Ullman). Le dernier épisode de la série la montre avec un badge à l’effigie de Ronald Reagan avec le slogan repris par l’actuel président américain : « Make America Great Again ». Lors de la campagne présidentielle de 2016, Phyllis Schlafly, partisane de la droite religieuse, a encouragé les chrétiens à se rallier à Donald Trump dans son dernier livre, The Conservative Case for Trump. Après son décès le 5 septembre 2016, Donald Trump lui rendit hommage en la qualifiant d’« icône conservatrice ».
« Last Man Standing »
Last Man Standing ou C’est moi le chef ! est une sitcom annulée par ABC en 2016 après six saisons, mais relancée par la Fox en 2018. Cette comédie familiale, disponible sur MyCanal, suit la famille Baxter. Tim Allen joue un père de famille politiquement conservateur qui travaille comme directeur d’un magasin à Denver au Colorado, avec sa femme Vanessa et ses trois filles. Mike est dépeint comme un père à l’ancienne qui aime ses armes, les valeurs traditionnelles et l’Amérique. Certains autres membres de sa famille, dont sa femme, sont plus libéraux, ce qui occasionne des débats politiques au sein de la maisonnée. Des coups subtils à l’adresse de Barack Obama, des Clinton et de la gauche en général. La sitcom parfaite pour faire rire les conservateurs.
« The Good Fight »
Le 19 février 2017, sur la chaîne américaine CBS, le premier épisode de The Good Fight, le spin-off de The Good Wife, s’ouvrait sur la mine sidérée de la fabuleuse Christine Baranski dans le rôle de l’avocate Diane Lockhart, devant la retransmission télévisée de l’investiture de Donald Trump. Au fil des saisons, The Good Fight, dont deux saisons sont disponibles sur MyCanal et trois sur Amazon Prime Video, a pris l’ère Trump à bras-le-corps, évoquant en saison 2, la destitution du président, fomantant en saison 3 un plan pour le renverser. Dans Variety, Robert King, co-créateur de la série, expliquait que la saison 4 parle du fait que Donald Trump a changé les règles du jeu, et que mêmes celles du droit ne tenaient plus. « Il n’y a plus de règles. Trump les a prises, les a brûlées et il a ch… sur les cendres », dit l’un des personnages de la série. The Good Fight raconte finalement comment les démocrates ont vécu l’ère Trump.
« Space Force »
Donald Trump a lancé l’idée en 2018 de créer une sixième branche des forces armées américaines, destinée à effectuer des opérations militaires dans l’espace. Un an plus tard naissait « Space Force », mise en place par le Pentagone. Le hic ? Space Force est le nom d’une comédie de Netflix, et la plateforme de Los Gatos a sécurisé le titre de sa production, à la différence de l’administration Trump, si bien que « Space Force » n’a toujours pas été validé par la United States Patent and Trademark Office (USPTO). Imaginée par les créateurs de The Office US, Space Force parodie le grand projet militaire de l’administration Trump au travers l’histoire les aventures hilarantes d’un général chargé de diriger cette nouvelle branche (Steve Carell) aux prises avec un président relégué hors champ (et une pluie de tweets).
« The Plot Against America »
L’écrivain américain Philip Roth n’avait pas Donald Trump en tête lorsqu’il a écrit son uchronie glaçante Le complot contre l’Amérique. Mais en l’adaptant pour la télévision, le scénariste David Simon dresse un parallèle audacieux entre ce dérapage imaginaire des Etats-Unis vers le fascisme et la victoire électorale surprise du promoteur immobilier new-yorkais. Dans The Plot Against America, disponible sur OCS, l’ex-aviateur populiste et xénophobe Charles Lindbergh remporte l’élection présidentielle en lieu et place de Franklin D. Roosevelt. Dans une Amérique en proie à la montée de l’antisémitisme, l’histoire est vue au travers le regard d’une famille juive de la classe ouvrière du New Jersey.