« Skam France » : Le casting raconte la « claque » de la découverte du monde des sourds
AVENTURE « Une aventure hors normes », « une claque », « des rencontres incroyables »… Les acteurs et actrices de « Skam France » racontent leur expérience sur la saison 5
- Le troisième épisode de la 5e saison de Skam France sera disponible ce vendredi à 18 heures sur France.tv Slash.
- Cette saison suit le destin d’Arthur, un adolescent confronté à l’apparition d’une « surdité brusque ».
- Pour cette cinquième saison, la « Skamfamily » a travaillé avec deux comédiens sourds, Winona Guyon et Lucas Wild. Ils ont confié à 20 Minutes ce qu’ils avaient retenu de cette expérience.
« Ça a été un choc ! », selon Robin Migné, l’interprète d’Arthur. Le tournage de la cinquième saison de Skam France, diffusée sur France TV Slash, qui suit le destin d’Arthur, un adolescent confronté à l’apparition d’une « surdité brusque », n’a pas été un tournage comme les autres. Tout d’abord, parce que cette saison est une création 100 % originale, puisque le format d’origine norvégien s’est arrêté au bout de sa 4e saison. Mais aussi parce qu’elle intègre deux personnages sourds, Noée et Camille, joués par Winona Guyon et Lucas Wild, incarnés par deux comédiens sourds.
« Au départ, le thème de la surdité m’a effrayé »
« Au départ, le thème de la surdité m’a effrayé, très honnêtement, parce que je ne connaissais pas du tout ce monde », confie Robin Migné, qui campe Arthur. Pour appréhender ce monde et la culture sourde, l’acteur a suivi une formation de 35 heures en langues des signes à l’International Visual Theatre (IVT), association et laboratoire de recherches artistiques, linguistiques et pédagogiques sur la langue des signes, qui a accompagné les équipes de Skam France sur cette saison.
« J’avais beaucoup de pression parce qu’il s’agit de la première saison 5 de Skam au monde et qu’elle se concentre sur mon personnage. Finalement, je me suis fait happer et la peur est devenue un moteur », poursuit le comédien. Le jeune homme demeure très humble par rapport au succès de Skam France et à l’emballement autour de son personnage : « Je ne sais absolument pas pourquoi mais il y a eu une ampleur autour du personnage d’Arthur à la sortie de la saison 3, même s’il était un rôle secondaire. Ça me dépasse encore, j’ai l’impression d’avoir gagné au Loto », plaisante-t-il.
« J’ai appris à me connecter aux autres »
« Quand je suis allé pour la première fois à l’IVT avec le réalisateur, David Hourrègue, et l’auteur, Niels Rahou, on se retrouve dans un autre pays. On se sent un peu perdu parce qu’on découvre un monde auquel on n’accède pas habituellement, raconte-t-il. Cela a été une aventure hors normes à laquelle je n’étais pas préparé. J’ai pris une grosse claque ». Et de saluer son professeur de langue des signes et ses partenaires sourds : « Mon prof de langue des signes est un vrai comédien. Parce qu’avec la langue des signes, on joue avec tout son corps. Les acteurs sourds m’ont beaucoup aidé et appris. J’ai dû apprendre à la fois à me déconnecter du son pour jouer quelqu’un de sourd, mais aussi à me connecter aux autres. »
Qu’a-t-il retenu de cette expérience ? « Les personnes sourdes et malentendantes n’aiment pas le terme "handicap" et ils ont raison. Et ils nous ont expliqué qu’ils avaient juste une façon de vivre différente, résume-t-il. Ils vivent différemment, de façon plus intense que nous, lorsqu’ils communiquent, ils sont obligés de se regarder dans les yeux ». « Ce sont des guerriers, tous », ajoute-t-il. Et de déplorer : « Ils sont sous nos yeux et on les voit si peu. »
Maxence Danet-Fauvel, l’interprète d’Eliott, a aussi un peu perdu ses repères sur ce tournage : « Quand j’ai rejoint l’aventure l’an dernier, le tournage de Skam était un énorme bordel sans nom, où tout le monde se criait dessus très gentiment. Et sur cette saison, j’ai découvert une pièce où se trouvent 100 personnes et personne ne parle, c’était extraordinaire. »
« J’ai pris une claque en danse avec eux »
La « Skamily » s’est agrandie : « On est devenus tous potes », se réjouit Robin Migné. Comme dans la série, le ciment entre comédiens sourds et malentendants sur le tournage s’est fait notamment grâce à la fête. « J’ai fait une fête chez Winona. Ses parents (également sourds) sont allés se coucher et on a pu laisser le son au maximum », relate-t-il encore.
Même son de cloche chez Philippine Stindel, qui joue Emma : « Je n’ai pas appris la langue des signes donc c’était difficile de communiquer avec les acteurs sourds et malentendants. Par contre, j’ai pris une claque en danse avec eux. On fait des soirées à la fin de la semaine pendant le tournage et il faut les voir sur une piste de danse, c’est un truc de malade. »
« L’ambiance sur le tournage de Skam France est assez familiale, on forme un vrai groupe, et la fin du tournage de cette saison était assez déchirante. Avec Skam France, on s’ouvre à chaque fois à des sujets auxquels on n’avait pas forcément réfléchi avant », félicite quant à lui Paul Scarfoglio, qui incarne Basile.
« La langue des signes, c’est du théâtre »
Les acteurs se sont trouvé un autre point commun essentiel : l’amour du jeu. « J’ai aussi découvert un monde que je ne connaissais pas et je suis tombée amoureuse de ce monde-là. La langue des signes, c’est du théâtre, signer, c’est le visage et tout le corps. Je trouve cela magnifique », salue Coline Preher, l’interprète d’Alexia, la petite amie d’Arthur dans la série. Et d’ajouter : « Ils ne peuvent pas s’exprimer auprès des entendants, mais ils ont pourtant tellement de choses à dire. On a tous beaucoup appris d’eux. »
« C’est un monde que je ne connaissais pas. Ce sont des rencontres incroyables », confirme Lula Cotton-Frapier, qui campe Daphné. « C’est une grande chance, d’être témoin de ce que traverse Arthur, Skam France nous permet chaque année soit de découvrir quelque chose, soit de nous mettre à la page en changeant notre vision des choses, ça nous rend meilleurs d’une saison à l’autre », renchérit Moussa Sylla, alias Idriss dans la série.
« Skam France est une aventure de dingue. Je suis honorée et hyperfière de faire partie de la série depuis le début. C’est fou d’avoir pu faire ces saisons 5 et 6 et de traiter de sujets dont on ne parle pas. Tourner Skam France, c’est hyperenrichissant, parce qu’on apprend chaque jour. Enfin, c’est bien en 2020 de montrer la société actuelle à la télévision », conclut Assa Sylla, qui campe à l’écran Imane, la petite sœur d’Idriss.