Fin d'«Une famille formidable»: Pourquoi l'a-t-on tant aimé pendant 25 ans?

Une page de l’histoire du petit écran se tourne. Après 26 ans d’existence, Une famille formidable se terminera à l’issue de sa 15e saison, qui démarre ce lundi à 21 heures sur TF1. La raison ? Bernard Le Coq, l’interprète du patriarche de la famille Beaumont, bouleversé par la mort du réalisateur de la série, Joël Santoni, en avril dernier, n’imagine pas poursuivre sans lui. « Je ne peux pas me remettre de cela en me disant que l’on va faire une espèce de suite ou d’ersatz de quelque chose qui était à lui », a-t-il confié le 28 octobre au Parisien.

Il reste aux fans de la plus ancienne fiction de TF1 six nouveaux épisodes à découvrir. A quoi doit-elle donc son exceptionnelle longévité ?

Une famille que l’on suit depuis trois décennies

Les hauts et les bas du couple formé par Catherine (Anny Duperey) et Jacques (Bernard Le Coq) et les tribulations de leurs enfants Audrey, Nicolas, Manon, Jérémie et Frédérique ont été suivis fidèlement par les téléspectateurs pendant près de trois décennies. Certes, les audiences n’ont pas cessé de baisser ces dernières années, avec quelque 3,8 millions de téléspectateurs en moyenne devant la saison 14… Mais cela reste un score très honorable à l’ère du peak TV.

« J’ai commencé à regarder la série à l’âge de 9 ans. Jennifer Lauret avait le même âge quand elle a commencé à jouer Frédérique. Je l’ai vue grandir, alors fatalement, il y a identification. C’est comme si elle faisait partie de ma famille, c’est une des grosses forces de la série pour de nombreux téléspectateurs », confie Julie de Bruyn, auteure de l’album Une famille formidable 25 ans ! (Michel Lafon) et community manager pour la série. 

Une famille avec l’âme de Joël Santoni

Si un lien spécial unit les téléspectateurs à cette tribu attachante, c’est parce que la complicité entre les membres de la famille Beaumont est authentique. « Le public ne s’y est pas trompé. Une famille formidable n’est pas un produit marketé, Joël Santoni y a mis son âme. Et cela se voit à l’écran. Les téléspectateurs sentent cette sincérité, que la complicité qu’ils voient à l’écran n’est pas fake », estime Julie de Bruyn.

Et de poursuivre : « Avec cette série, depuis vingt-six ans, il s’était créé sa famille de télévision. Les équipes techniques et artistiques se retrouvaient comme des amis chaque année sur le plateau. Cela s’est fait naturellement. » La distribution principale de la famille Beaumont est la même que celle de 1992, un exploit rare pour un programme avec une telle longévité. Au décès du réalisateur, Roméo Sarfati, qui incarne Nicolas Beaumont dans la série, trouve les mots juste en écrivant sur les réseaux sociaux : « Notre formidable chef de famille nous a quittés. Merci pour tout et bon voyage mon Jojo ! ».

Une famille presque idéale

La famille Beaumont est en quelque sorte la « famille idéale des Français ». « De nombreux internautes expliquent qu’ils suivent la série parce qu’elle montre la famille que je n’ai pas », constate Julie de Bruyn. Phénomène étonnant, les séquences que les téléspectateurs apprécient le plus sont les « scènes qui montrent de simples repas de famille, où tout le monde est réuni et où il ne se passe finalement pas grand-chose », s’étonne-t-elle.

La bonne humeur et la complicité entre Catherine (Anny Duperey) et Jacques (Bernard Le Coq) est très appréciée. « Joël Santoni a mis dans ces personnages quelques traits des vraies personnalités des acteurs, ils jouent une partition qu’ils connaissent par cœur », explique Julie de Bruyn.

Une famille avec des problèmes comme tout le monde

« Depuis le début il y a ces histoires de famille marrantes et mignonnes mais le plus important, ce sont les thèmes que l’on aborde. Il y a 25 ans déjà on parlait de l’homosexualité, de la drogue, mon personnage a eu un cancer, il y a eu des deuils (…). C’est peut-être grâce à ces sujets que cette série à une telle longévité », confiait Anny Duperey au moment des 25 ans de la série.

L’actrice espère qu’Une Famille Formidable restera dans les mémoires comme « une série avec une bonne vision de la société française (et) avant-gardiste sur son traitement de certains sujets universels qui débordent du cadre de la famille. »

La série doit son succès à un habile équilibre entre bons sentiments et réalisme. « Ces personnages vivent des choses que beaucoup de gens vivent, cela donne un côté réel. Dans le même temps, ils vivent dans une belle maison et n’ont pas de vrais problèmes de boulot ou d’argent », remarque quant à elle l’auteure.

« Les moments burlesques ne doivent pas être trop irréels et les moments sérieux, pas trop graves », note encore l’experte. Le départ de Reine, jouée par Béatrice Agenin, qui décède d’une longue maladie, a été mal vécu par les fans de la série. « Cette mort a été une vraie coupure pour certains fans qui ont arrêté de suivre la série. Les gens n’ont pas compris », détaille-t-elle. La fin de la série et les choix de Catherine, notamment, risquent de surprendre les téléspectateurs, promet Julie de Bruyn, qui a eu accès aux scénarios. Pas mal pour une série qui a vingt-six ans, non ?