VIDEO. Ramin Djawadi en concert à l'AccorHotels Arena: «La musique de "Game of Thrones" se doit d'être épique comme la série»
CONCERT Ramin Djawadi signe la musique de tous les épisodes de «Game of Thrones», et jouera les chefs d'orchestre samedi à Paris pour un show unique...
Tain taintaintain Taintaintaintain Taintaintain… taiiiiin ! Reconnaissable au premier fredonnement, parodiée par tous et même par des chats, la musique de Game of Thrones a participé autant que son générique au culte de la série. Son compositeur Ramin Djawadi ne s’est pas contenté de cette minute trente, il signe la bande originale de tous les épisodes depuis maintenant 7 saisons et sera de retour pour la dernière en 2019.
Un incontournable du petit écran
A la sortie de l’école de musique à Boston, Ramin Djawadi est repéré par nul autre que Hans Zimmer, qui l’embauche dans son studio Remote Control, où il assistera le compositeur Klaus Badelt et participera à plusieurs bandes originales : Pirates des Caraïbes, Batman Begins, Blade Trinity… Son premier succès solo est le film Iron Man, et s’il n’a jamais quitté le grand écran (Pacific Rim, Warcraft), c’est sûr le petit que Ramin devient incontournable avec Prison Break, Person of Interest, The Strain ou Westworld.
En 2017, il crée également le Game of Thrones - Live Concert Experience, qui après une tournée en Amérique du Nord, traverse le mur de l’Atlantique et s’arrête samedi à l’AccorHôtels Arena de Paris. Oh tiens un corbeau ! Sûrement les réponses aux questions que 20 Minutes lui a envoyées il y a plusieurs lunes déjà.
Comment l’aventure Game of Thrones a commencé pour vous ?
Les showrunners David Benioff et D.B. Weiss sont venus me chercher, ils aimaient ma musique et voulaient travailler avec moi. Ils m’ont montré les deux premiers épisodes, et j’ai été soufflé. J’ai immédiatement vu le potentiel de la série, à quel point elle pouvait être exceptionnelle. Nous nous sommes ensuite enfermés dans une pièce pendant des heures pour parler de la série, de l’univers, de leur vision, de la musique.
Et quel a été le premier son que vous avez trouvé ?
La première scène que j’ai écrite concernait les Stark, avec surtout du violon. Mais la vraie découverte pour moi sur la série a été l’utilisation du violoncelle. Ce son bas, sombre. Il s’est révélé le ton idéal pour la série, sa signature musicale.
Mais la marque de fabrique de la série reste son générique
Les auteurs m’ont suggéré de rendre visite à la société d’effets spéciaux qui s’occupait du générique. Il n’était pas fini, mais avec ces villes qui surgissent de terre, j’avais l’idée. J’ai conçu le morceau qui l’accompagne comme un voyage, une aventure faite de différentes émotions, identités et instruments. Je voulais montrer comment chaque personnage est unique mais aussi comment il interagit avec les autres, comment ce monde s’étend à perte de vue. Je commence donc avec un instrument, puis deux, avant de sortir la grosse artillerie, l’orchestre complet.
Vous avez composé pour la télévision, le cinéma, le jeu vidéo, la scène… y a-t-il de grosses différences ?
Mon approche est à peu près toujours la même, je me demande ce dont j’ai besoin pour tel ou tel projet, quelle sonorité, quels instruments. Pour Game of Thrones, je voulais de l’émotionnel, du cinématographique, que j’ai trouvé avec le violoncelle donc, mais aussi des instruments ethniques comme le Duduk ou le Hammered dulcimer.
La différence tient souvent plus au temps de travail, à la deadline qui m’est donnée. Une bande originale de film ou de jeu demande plusieurs mois, alors qu’une série peut avoir un rythme hebdomadaire, comme sur Prison Break par exemple. Mais Game of Thrones, c’est différent, je ne travaille pas à la semaine, j’ai la totalité de la saison d’un coup. C’est comme s’occuper d’un film de dix heures.
Vous voyez donc tous les épisodes en avance ?
Ah ah… oui, je préfère avoir les images pour composer, même si ce n’est pas le final cut. Mais il m’arrive de commencer juste avec le scénario sur certains projets. Sur Westworld par ailleurs, j’ai une relation privilégiée avec Jonathan Nolan, nous avons travaillé ensemble sur Person of Interest, et je lui envoyais des sons pendant qu’il tournait.
Après 7 saisons et 67 épisodes de GoT, est-ce devenu difficile de trouver l’inspiration ?
C’est toujours difficile, car chaque année, j’essaye de pousser la série et la musique plus loin, de trouver de nouvelles sonorités, de nouveaux thèmes, sans oublier de revisiter, de renouveler les thèmes existants et incontournables. Mais l’histoire reste mon guide suprême, je me laisse porter, et comme on a pu le voir, la série est devenue de plus en plus épique, les scènes d’action plus nombreuses et spectaculaires. La musique doit l’être aussi.
Vous avez été découvert par Hans Zimmer, avec qui vous avez travaillé au sein de son studio Remote Control sur Pirates des Caraïbes ou Batman Begins.
Hans est un visionnaire, il est pour moi un mentor et une idole. J’adore sa manière de toujours repousser les limites, réinventer comment les scores sont écrits. Il se demande toujours « qu’est-ce que je n’ai jamais fait, qu’est-ce que je peux changer ». C’est important en musique de se remettre en question, d’explorer de nouveaux territoires. Hans a une voix, une influence, devenue incontournable dans la musique. Maintes fois imitée, jamais égalée.
Vous avez composé la musique d’Iron Man, le premier film Marvel Studios, et puis plus rien. Pourquoi ?
Bonne question. (rires) J’ai adoré travailler sur ce film, collaboré avec le réalisateur Jon Favreau, une super expérience. Mais vous savez, les projets s’enchaînent, les emplois du temps ne concordent pas, et certaines opportunités ne se représentent pas. Mais si un ponte de Marvel ou DC me lit, je suis prêt à refaire un film de super-héros, je suis même un grand fan de comics.
Le Game of Thrones - Live Concert Experience est plus qu’un simple concert, non ?
Tout à fait. Il s’agit bien sûr de se replonger dans la musique de la série et de l’adapter pour une performance live, avec un orchestre complet et une chorale. C’était passionnant, j’ai changé beaucoup de choses, retravaillé certains morceaux, et j’en ai même écrit de nouveaux, des inédits, pour le show. Mais c’est donc aussi un vrai show, avec une technologie pour récréer les décors de Westeros, des effets visuels, des extraits d’épisodes