Mort de Pierre Cardin : Retour sur les pièces iconiques du couturier visionnaire

HOMMAGE Du New Look aux costumes de scène des Beatles en passant par ceux de « Chapeau melon et bottes de cuir », le couturier Pierre Cardin n’a cessé d’inventer la mode du « monde de demain »

Anne Demoulin
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Pierre Cardin à l'inauguration du musée Cardin en 2014.
Pierre Cardin à l'inauguration du musée Cardin en 2014. — Jacques Brinon/AP/SIPA
  • Pierre Cardin est décédé ce mardi.
  • Avant d’être un homme d’affaires visionnaire, Pierre Cardin est surtout un couturier virtuose.
  • Retour sur les pièces iconiques de ce stakhanoviste de la création.

Parfums, cigarettes, vaisselle, et mobilier… Pierre Cardin a tellement multiplié les licences qu’on oublie parfois qu’il était, avant d’être un homme d’affaires visionnaire, un couturier virtuose. Avec Saint Laurent, Courrèges et Paco Rabanne, Pierre Cardin a imaginé dans les années 1960, la mode futuriste. L’industrie de la mode lui doit la réinvention de la mode masculine, l’avènement du prêt-à-porter, l’ouverture du marché en Chine… Le dernier grand couturier indépendant, propriétaire de sa marque à 100 %, était surtout un stakhanoviste de la création. Retour sur les pièces iconiques du créateur décédé ce mardi.

La veste Bar

Le 12 février 1947, Christian Dior présente au 30, avenue Montaigne la première collection de sa maison de Couture, avec deux lignes distinctes, la Corolle et la silhouette en 8. Une silhouette capte particulièrement l’attention des rédactrices de mode : une jupe corolle composée de quatorze mètres de tissu surmontée d’une veste ajustée à la taille, qui nécessite plus de 500 heures de travail., qui épouse le corps dans une modernité nouvelle : la veste Bar. Un nouveau style vient de naître, le New Look. Derrière les proportions majestueuses de la veste Bar, le travail du premier d’atelier de Christian Dior, Pierre Cardin. « Je l’ai coupée, cousue et presque portée, j’étais très mince à l’époque », racontera-t-il au micro d’Europe 1 en 2018. Lors des premiers essayages, les basques tombent à plat. Le jeune modéliste a l’idée d’acheter des plaques de coton à la pharmacie et de les plier en accordéon afin de donner le volume escompté. Un classique de la maison Dior qui a traversé les époques, revisité par Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons, ou encore Maria Grazia Chiuri.

Les costumes de « Chapeau melon et bottes de cuir »

Quand Pierre Cardin fonde sa maison en 1950 au 10 rue Richepanse, il ne se lance pas immédiatement dans la haute couture, mais dans les costumes et masques de théâtre, cinéma et télévision. Le couturier revient à ses premières amours. Il avait créé les costumes en 1946 du chef-d’œuvre de Jean Cocteau, La Belle et la Bête. On lui doit notamment les impeccables costumes de John Steed et les splendides combinaisons d’Emma Peel dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

La robe bulle

En 1954, Pierre Cardin, « obsédé par le rond, qui représente la lune, la poitrine, la vie » fait sensation avec une robe au design inhabituel : la robe bulle. Le précurseur Pierre Cardin crée la controverse et se fait un nom : « Le vêtement que je préfère est celui que j’invente pour une vie qui n’existe pas encore, le monde de demain ». Pierre Cardin prête une attention particulière aux coupes et aux formes. « Ma façon de travailler, c’est de faire une sculpture et de mettre le corps dedans », disait-il. Ce qui vaut aux mannequins défilant pour Cardin le surnom de « sculptures vivantes ».

Les vestes Cylindres des Beatles

Pierre Cardin lance sa première collection masculine, intitulée « Cylindre ». La pièce phare de cette collection, ce sont les vestes sans col « avec lesquelles on peut dévisser un boulon de voiture, mais aussi aller au Windsor », expliquait-il, qu’il fait défiler par des étudiants plutôt que des mannequins. Nouvelle polémique et nouveau succès : le styliste des Beatles copie le couturier pour créer les fameuses veste col Mao portées en concert par le groupe.

Les chasubles à hublot

Pierre Cardin est fasciné par la science-fiction. Dans les années 1960, il ébranle une nouvelle fois le monde de la mode avec ses silhouettes futuristes aux couleurs et motifs empruntés au pop art et à l’op art, et à l’incorporation de matériaux jusqu’ici inédits : vinyle, plastique ou encore caoutchouc. Ses célèbres chasubles à découpe hublot le propulsent définitivement le créateur dans le Space Age.

La combinaison cosmocorps

En 1968, Pierre Cardin innove encore avec le Cosmocorps, une combinaison intégrale unisexe. « Le premier à l’avoir porté dans Paris, c’est le photographe François-Marie Banier. Je le vois encore avec Edmonde Charles-Roux, alors rédactrice en chef de Vogue, à l’arrière de sa moto ! On était encensés par la presse mais on n’en vendait pas une », riait-il en 2010 dans les colonnes de L'Express.