Paris : Comment un manifestant anti-Macron s’est retrouvé au milieu de fans sud-africains ?

REGARD DE PHOTOGRAPHE La Coupe du monde de rugby et des fans de l’équipe de l’Afrique du Sud ont croisé un rassemblement contre les violences policières, samedi 23 septembre. « 20 Minutes » attire l’œil sur une photo capturée par Bertrand Guay, à Paris

Olivier Juszczak
Des supporteurs de l'équipe d'Afrique du Sud applaudissent tandis qu'un manifestant tient un oreiller en forme de cœur avec un slogan « Macron, je te déteste de tout mon cœur » lors d'une manifestation contre les violences policières, à Paris, le 23 septembre 2023.
Des supporteurs de l'équipe d'Afrique du Sud applaudissent tandis qu'un manifestant tient un oreiller en forme de cœur avec un slogan « Macron, je te déteste de tout mon cœur » lors d'une manifestation contre les violences policières, à Paris, le 23 septembre 2023. — BERTRAND GUAY/AFP
  • Chaque semaine, 20 Minutes met en avant une image marquante de l’actualité en allant chercher le regard du photographe.
  • Plus de 9.000 personnes ont défilé samedi contre les violences policières à Paris. Sur le boulevard de Clichy, une voiture de police a été la cible de divers jets d’objets lancés par des manifestants radicaux.
  • Le photographe de l’AFP, Bertrand Guay, explique à 20 Minutes le making of d’une photo réalisée à 200 mètres de l’incident, lors du passage du cortège près d’un groupe de supporteurs de l’équipe d’Afrique du Sud de rugby.

Un match entre l’Afrique du Sud et l’Irlande dans la poule B de la Coupe du monde de rugby au Stade de France le soir, un rassemblement contre les violences policières dans Paris, l’après-midi. Quand deux sujets d’actualités s’entrechoquent devant les objectifs des photographes de presse.

Samedi après-midi, plus de 9.000 personnes ont défilé dans Paris à l’appel de plusieurs organisations de gauche. Le photographe de l’Agence France-Presse, Bertrand Guay, couvrait la manifestation lorsqu’il a aperçu un groupe de supporteurs sud-africains en train faire la fête avant le match du soir au Stade de France. Il raconte à 20 Minutes le making of de cette image réalisée au moment où une voiture de police se faisait attaquer, à seulement 200 mètres du lieu de prise de vue.

Que voit-on sur l’image ?

Bertrand Guay explique à 20 Minutes que c’est une photo « à côté » lors de la manifestation contre les violences policières. Il détaille : « J’ai vu des supporteurs et je me suis dit qu’ils avaient l’air de vouloir poser, donc je me suis dirigé vers eux pour faire une photo. » A une relance sur le contraste entre le rose du coussin en forme de cœur et le reste de l’image, il répond que « c’est beaucoup plus intéressant car cela fait une vraie tâche » et il y a « deux sujets » : « les supporteurs qui font la fête » à l’occasion de la Coupe du monde de rugby et « un manifestant qui essaye de faire passer son message ». En l’occurrence, un slogan hostile au président de la République : « Macron, je te déteste de tout mon cœur. »

Quel est le contexte de prise de vue ?

Durant la couverture d’une manifestation, le photographe de l’AFP raconte qu’il cherche toujours des images un petit peu décalées par rapport à l’événement. Il explique qu’il suivait le cortège lorsqu’il a aperçu ce groupe de supporteurs proche du Moulin Rouge, boulevard de Clichy. A la vue du photographe, ces fans de l’équipe d’Afrique du Sud « se sont mis un peu en scène ». Il pensait faire une photo de supporteurs de rugby quand « un manifestant qui a vu la scène est venu s’incruster dans le champ ». Par conséquent, il a resserré le cadrage pour « qu’il soit au premier plan », en précisant : « Si j’avais fait un plan plus large avec tout le bar il aurait été fondu dans l’image. » Et ajoute : « J’ai fait des photos de supporteurs sans le cœur mais je n’ai finalement envoyé que celle-ci à l’agence » parce qu’elle est « contextualisée avec la manifestation » et qu’elle a « une plus value ».

Coincée dans la circulation, une voiture de police a été prise pour cible par un groupe d'individus en marge de la manifestation contre les violences policières, le 23 septembre 2023, à Paris.
Coincée dans la circulation, une voiture de police a été prise pour cible par un groupe d'individus en marge de la manifestation contre les violences policières, le 23 septembre 2023, à Paris. - GABRIELLE CEZARD/SIPA

L’anecdote en plus

Le photojournaliste raconte à 20 Minutes que cela faisait deux heures qu’il se trouvait dans la manifestation et depuis une vingtaine de minutes avec un petit groupe de « black blocs » d’une quarantaine d’individus. Il ne se passait pas grand-chose mis à part de petits feux de poubelles. « C’est pour cette raison que j’ai décidé de décrocher pour faire autre chose et essayer de varier un peu. C’était ma récréation… et en même temps c’est peut-être à cause de ça que je n’ai pas la voiture de police en train de se faire molester. (sourire) » L’incident s’est déroulé à 200 mètres de lui au moment de la prise de vue. Il ajoute : « J’ai trouvé que c’était assez calme même s’il y a cette image de voiture de policier que j’ai ratée. » En concluant toujours avec le sourire : « Et on a parlé que de ça. »